21- En terrain conquis

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Le Destin s'amuse toujours à nous tenter et à nous mettre face à nos craintes pour s'assurer de la solidité de nos convictions. Malheureusement pour mon avenir, je retiens difficilement les leçons et ai tendance à foncer droit dans les pièges que l'on me tend. 

Ce nouveau rôle que l'on m'impose complique considérablement la donne sur le plan amical. Hwasa ne supporte pas les moments imposés avec DoHyung où nous devons jouer la comédie. Peu sont au courant des accords mais je n'en veux pas à mon amie de ne pas accepter de souffrir à mes côtés. Et c'est dans ces moments-là que j'en viens à regretter la distance avec Han. Mes yeux le cherchent automatiquement avec le regret de le voir à nouveau en très bonne compagnie au premier rang. A chaque cours, je le découvre draguant une nouvelle proie volontaire, pour mon plus grand agacement, mais une vibration de mon téléphone me permet de m'extirper de ma solitude. 

Han:
[ Rendez-vous chez moi à 16h00. Si je compte encore un tant soit peu pour toi, fais-le. ]

Par réflexe, je le dévore des yeux pour déceler une réaction après cette invitation mais mon meilleur ami agit tout naturellement comme si je n'appartenais plus à son monde. Cette ignorance resserre un peu plus les frontières de mon cœur, me rappelant que ma force mentale ne tient qu'à un fil. 
J'ai le début d'après-midi pour réfléchir à la réponse à donner, sans parvenir à me décider. Et je ne peux pas compter sur Hyunjin, Felix ou Changbin pour m'aiguiller. Le garder à distance permet de le protéger de la noirceur de mon monde, n'en déplaise à mon père et DoHyung à qui ça plairait de l'humilier en continue. Mais mon égoïsme et mon besoin de trouver un soutien parmi les hypocrites me convainquent. Ainsi, à la fin de mes obligations scolaires, j'erre dans le campus pendant une heure puis indique la route du domicile de mon meilleur ami. Les ricanements font leur apparition lorsque mes gardes comprennent où je les ai menés, accentuant mon stress et mon agacement. 

— Ce n'est pas ce que vous pensez. Je dois juste lui parler rapidement. 
— Mais bien sûr, ricane Changbin. Au bout de combien d'heures on lance l'alerte ?

Je déverrouille la portière arrière mais constate que leur geste imite le mien, ce qui ne me convient pas. Han ne sera jamais assez à l'aise pour livrer ce qu'il a sur le cœur s'il y a autant de spectateurs. Je dois donc me débarrasser d'eux. 

— Non, j'y vais seule. 
— On va se faire démonter par Namjoon s'il l'apprend donc c'est hors de question. 
— J'ai mon bracelet, je ne risque rien. 
— Un agresseur aura largement le temps de te planter avant que tu ne parviennes à activer le bouton d'alerte. Cet objet ne t'assure pas une protection sans faille. 
— Il ne s'agit que de mon ami. Personne d'autre ne sera présent à son domicile. A cette heure-ci, ses parents travaillent donc ne commencez pas à chipoter, sinon tu peux être sûre que je vous pourris la vie une fois rentrés à la villa. 

Je n'échappe pas au marmonnement qui indique que c'est déjà le cas habituellement mais je pense obtenir un accord tacite. Hyunjin me fait promettre de l'appeler au moindre fait suspect, en accrochant un cordon à mon téléphone pour que je le porte autour du cou. La bonne fonctionnalité du bracelet doré est vérifiée une dizaine de fois avant que je ne sois libérée. Et les quelques mètres qui me séparent de cette porte familière suffisent à réveiller l'excitation des retrouvailles. J'en viens à imaginer les déclarations qu'il me déclamera dans quelques secondes et compose le code avec hâte. Je retire mes sandales compensées et constate que les chaussures de Han sont rangées aux côtés de talons aiguilles que je ne reconnais pas. Cette observation me pousse à ne pas annoncer ma présence, craignant de tomber sur une scène que je ne souhaite voir. J'ai certes quelques minutes de retard mais j'espère que cela n'aura pas suffi à ce que mon meilleur ami en appelle une autre. 

Je traverse le salon pour progresser jusqu'à la zone regroupant les chambres et reconnais des gémissements qui m'étaient autrefois familiers. Les mains tremblantes et le pouls en alerte, je pousse la porte entrouverte, au risque de me faire repérer par les occupants de l'autre côté. C'est ainsi que j'aperçois Han, à genoux sur le lit devant les cuisses offertes d'une fille aux yeux bandées. Si je doute respirer devant ce spectacle, mon meilleur ami se réjouit de ma venue. 

— Wendy, je crois que notre invitée est arrivée. 

La participante à ce jeu tordu se met à glousser, dévoilant encore plus son intimité, comme si elle m'invitait à l'approcher. Mais le seul qui mérite mon attention ne se prive pas pour se pencher vers cette opportuniste et reprendre les caresses qu'il lui donnait avec sa langue. Aussitôt, l'usurpatrice se met à gémir avec une intensité qui me laisse deviner qu'elle a l'habitude de simuler pour plaire à son public. 
La main de Han se libère pour m'indiquer d'approcher mais je ne bouge pas de l'encadrement, agacée par la scène qu'il me propose. Pense-t-il sérieusement que je vais accepter de le partager avec une autre, après les tensions que nous avons vécues ?

Je ne manque pas sa main qui remonte finalement sur ce ventre parfait et défait les derniers boutons du chemisier accompagnant d'habitude l'uniforme de notre campus. La jupe git quant à elle au pied du lit avec ce qui me semble être trop fin pour être considéré comme une culotte ou un tanga. Lorsqu'il se met à palper ses seins par-dessus son soutien-gorge en dentelle, je sens la pression prendre le pas sur mon calme. J'imagine tant de façons de faire cesser les bruits pervers qu'elle nous oblige à supporter, ayant une préférence pour le coussin sur lequel sa tête repose. Ses poignets accrochés me faciliteraient largement la tâche dans ce crime. 

— Viens en moi, minaude-t-elle dans ce qui ressemble à un couinement sexy. 
— J'arrive, ma petite impatiente. 

Je commence à me sentir humiliée et rejetée lorsqu'il se penche pour récupérer un préservatif dans sa poche et défait l'attache de sa ceinture. Va-t-il réellement entrer en elle sous mes yeux ? Je me sens aussitôt tel le soldat de mon scénario, impuissante mais refusant de laisser l'histoire s'écrire sans moi. 
Je traverse la courte distance qui me sépare de lui et tire sur son bras pour le faire sortir de ce lit souillé. Amusé par la scène alors que le bouton de son jean est défait, mon meilleur ami affronte mon visage échauffé par la provocation. Je récupère sans attendre la protection en latex et me charge de descendre son pantalon et caleçon avant de saisir à pleine main son membre turgescent dont du liquide pré-séminal s'échappe du gland. Je n'effectue que quelques va-et-vient pour retrouver le visage apaisé de celui qui m'avait manqué. A son regard, je comprends qu'il aimerait que je le lèche et engouffre ses bourses dans ma bouche jusqu'à le couvrir de salive mais je ne lui en ferai pas ce plaisir. Avec agilité, j'enfile la protection sur son sexe et m'écarte contre le mur. Ma culotte fait un aller simple vers le sol tandis que je remonte ma jupe pour lui donner libre accès à mon corps. Puis d'un coup de tête, je le mets au défi de choisir entre cette garce et moi, car il ne sera pas question de partage. 

— Han ? Tu viens ? Nous interpelle l'intruse. 

Sans la moindre hésitation, mon ami glisse entièrement son membre en moi et laisse sa tête s'effondrer sur mon épaule, envahi par le plaisir. Je partage sa joie de nous sentir à nouveau uni, comme au bon vieux temps. Puis ses mains s'engouffrent dans mes vêtements pour me maintenir et commence un ébat passionné, avec ma jambe qui finit par s'enrouler autour de son bassin. 

— Han ? Han ? 

Celle qui est de trop dans cette pièce se met à tirer sur ses liens sans parvenir à les défaire. Je suis amusée du parallèle avec ma situation samedi soir, mais ne trouve pas l'envie de lui donner quelques indications. Je me laisse propulser dans un ébat aux pénétrations dynamiques mais submergée par l'exaltation. 

— Han ? Hurle-t-elle avec désespoir.
— Ferme-la, Wendy. Je baise. 

Je laisse échapper un ricanement de fierté à l'idée d'être celle qu'il a choisi et obtiendra toujours la première place dans sa vie, tandis que mon adversaire sanglote piteusement sur ce lit. Elle finit même par ne plus tenter de s'extraire des lieux, résignée, tandis que je me fais un malin plaisir de gémir bruyamment à chaque assaut. 

— Tu m'as tellement manqué, me susurre celui que je n'ai jamais écarté de mon cœur. 

Agrippant mes cheveux pour je me soumette devant l'aveu qu'il vient de faire, je le laisse se retirer de mon corps et m'obliger à m'incliner devant lui. Une fois à genoux, Han accélère sa masturbation, jetant le préservatif, jusqu'à soupirer avec plus d'ardeur, m'indiquant que sa fin est proche. Les hanches poussées vers moi, j'ouvre la bouche pour recevoir les jets de sperme qu'il m'offre avec plaisir. Son regard ne me quitte pas tant que je n'ai pas tout avalé puis je lui indique la fin que je prévois pour nous. 

— Vire-la de chez toi. Je t'attends dans la voiture. 

Avec une fierté assumée, j'enfile ma culotte et réajuste mon uniforme pour quitter les lieux en ayant l'assurance que je suis de nouveau en terrain conquis. 

Bodyguard : Le Soldat et la PromiseWhere stories live. Discover now