Bodyguard : Le Soldat et la Promise

14- Des idées derrière la tête

Je découvre une motivation insoupçonnée pour cette résolution soudaine qui donne un nouvel élan à ma vie. Je fais officiellement la grève du sexe avec Han, ce qui revient à déclarer le néant dans ma vie intime, mais ma fierté m'empêche de partager mes motivations avec le principal concerné. Les quatorze jours qui défilent deviennent un véritable calvaire pour celui qui avait l'habitude de passer ses nuits dans mon lit. Je ne dirais pas que je le fuis mais trouve toujours une bonne excuse pour déclarer un empêchement le soir. Les dîners et la campagne électorale ne m'ont jamais autant paru intéressants. Malheureusement pour mon alibi en béton, le déplacement dans le sud de mon père, si médiatisé, ne peut pas me couvrir ce soir tandis que mon meilleur ami poursuit son harcèlement acharné en plein cours de droit de la famille.

— Jiu, j'ai besoin que tu me dises si j'ai fait quelque chose de mal, murmure-t-il, plein de souffrance. 
— Ce n'est pas vraiment le moment, Han, mais non, tout va bien entre nous. 
— J'ai zappé quelque chose? T'as coupé tes pointes et je ne l'ai pas remarqué? 

Je m'étonne de son inquiétude et constate que mes mèches mériteraient bien un petit rafraichissement. Ces secondes d'inattention me font manquer la diapositive sur les conditions de fond et de forme de l'union maritale, ce qui n'inquiète pas mon voisin de chaise.

— C'est parce que je ne t'ai pas empêché de te déshabiller à la fête de Lisa? Ton père m'en tient rigueur? Tu peux lui dire que je m'engage à vérifier le bon ajustement de ton col roulé si ce n'est que ça. 

Aussitôt dit, le col de mon chemisier est relevé pour cacher la partie de mon corps que j'aime aérer. Au-delà de son insistance, je suis surtout agacée de me rendre compte que cette partie charnelle de notre amitié prend tant de place pour lui. Si mon changement d'attitude est un choc pour Han, je peux en dire autant de ceux qui me protègent et s'inquiètent de la modification de mes habitudes. Les premiers jours, Changbin a reproché à Jin de ne pas avoir noté les passages de Han sur le carnet, puis mes gardes ont soupçonné la présence d'un champignon sur mes parties intimes pour expliquer cette inactivité. Je crois que des paris ont été lancés mais il m'est difficile d'assister à leurs débats, tant nos relations ont retrouvé un aspect très professionnel. 

— Est ce que tu peux arrêter de mentionner mon corps et le sexe à chaque fois que l'on passe plus de cinq minutes ensemble, s'il te plaît? 

Ma soudaine intervention refroidit l'assemblée qui se tourne vers nous et me fait réaliser que nous étions dans un temps de réflexion sur la possession de la bague de fiançailles en cas de rupture. Honteuse d'attirer les regards et de dévoiler un pan de ma vie que je souhaite garder secret, je me plonge à mon tour sur cette question épineuse. La conclusion de la restitution au donateur si le montant de l'achat est disproportionné par rapport à ses ressources coïncide avec ma réflexion et me permet de penser qu'il me serait naturel de la rendre à Han si cela nous devait nous arriver. 

— Tu es jalouse, c'est ça? Souffle-t-il. Je te promets que je n'ai pas donné suite aux numéros des filles de la fête. 
— Tu te trompes, je ne t'ai jamais empêché d'aller voir ailleurs. Cela a toujours marché comme ça entre nous. 
— Je m'en fiche des autres meufs. La seule qui m'importe, c'est toi. Tu me manques, Jiu, ça ne se voit pas? 

Ma main qu'il récupère pour la poser sur son jean tendu se crispe et mon recul sur la chaise ne passe pas inaperçu, ceci en partie dû au gémissement qui m'échappe. Même si je me ratatine sur mon siège, la scène ne manque pas d'exaspérer le professeur qui se retient d'exploser. 

— J'ai l'impression que Mademoiselle Choi se sent très concernée par cette question de droit autour du mariage. Peut-être pourriez-vous vous rapprocher afin de profiter plus calmement de mes enseignements?