Bodyguard : Le Soldat et la Promise

70- Silence dans le lit

Main dans la main avec ma petite soeur, j'accepte d'affronter mon passé en retournant dans cette cuisine. Nous y trouvons les quatre adultes en grande discussion autour de mon père, avant que nos visages leur fassent changer de sujet. Je perçois le soulagement de ma mère qui savoure amoureusement les retrouvailles de ses filles. Je me suis toujours pensée seule au monde dans mon calvaire. Je pourrais lui en vouloir, à cette petite, d'avoir connu la douceur et l'innocence quand j'étais abandonnée dans l'arène d'un monstre, mais sa candeur me va droit au coeur et me donne envie de la protéger.
Malgré l'heure qui ne s'y prête pas, nous donnons un coup de main dans la confection de repas qui remplissent nos estomacs. L'apaisement des tensions permet l'évocation de sujets légers, comme l'avenir de chacun.

— Tout se passe bien au collège, Aecha ?
— Mouai. Ça va. Il y a un groupe de filles qui me critique à chaque fois qu'elles me voient car j'ai très souvent un de tes magazines dans la main. Elles disent que je suis une sasaeng.
— Je suis désolée que tu aies à vivre ça. Ceux qui cèdent au harcèlement sont des idiots. Ces filles ignorent la vérité mais nous ne pouvons malheureusement rien révéler tant que mon père n'aura pas gagné son élection. Il pulvériserait tout ce qui se trouverait en travers de son chemin.
— Mais tu as des gardes pour obéir à tes ordres ? demande-t-elle naïvement.
— Qui sont payés par lui...
— Au fait, je vous annonce que je suis viré depuis hier soir, nous apprend Chris. Ordre de Monsieur Choi pour ne pas avoir ramené sa descendance.
— Alors je te réengage au service de ma fiancée. Signe-la, réplique Jimin en montrant un mouchoir en papier.

La bonté de cet homme ne semble pas avoir de limites et réchauffe mon coeur comme un cocon douillet. Mais la réaction de mon père ne m'étonne pas puisque les heures passant, il a dû comprendre où je me rendais. Si nous avions été suivis par des paparazzi ou journalistes, cela viendrait entraver sa campagne. Je commence à croire que cette obsession maladive pour ce poste aura raison de lui ou de nous.

— As-tu besoin que je passe faire un peu de ménage dans ton collège, propose Lucas.
— Tu ferais ça ?
— J'ai interdiction de frapper les mineurs mais je peux très bien accompagner ma petite cousine éloignée, à qui je rends visite. Je me chargerai bien entendu de faire ressortir mes muscles dans ma tenue.
— Je croyais que tu voulais rentrer immédiatement ? l'interroge Jimin.
— C'était le cas mais parfois, il faut savoir sortir du cadre de la mission. Et Chris vous confinera dans la cabane.

Sa proposition me touche en plein coeur, ravie qu'il donne de son temps pour une personne qui a pris la place qui lui revenait dans ma vie, sans apporter de chaos. Même s'il ne montre aucun geste agréable avec moi, cette relation me convient tant qu'il traite ma petite sœur comme une reine.

— Mais tu sais, ça ne durera pas. Maman m'a dit que si je continue à avoir de bonnes notes, je pourrai aller en internat à la capitale.
— Pourquoi ne viendrais-tu pas avec elle ? Lui demandé-je étonnée qu'elle s'apprête à nouveau à abandonner un enfant.
— Ton père m'a bien fait comprendre que je devais rester loin de sa vie.
— Oui, et il n'est pas le dieu sur Terre. Tu t'es déjà assez sacrifiée pour ce monstre. Séoul n'appartient pas à JaeMyung. Tu as le droit de vivre et d'accompagner ta fille.
— Si vous avez besoin d'une protection, je peux vous en établir une, indique Jimin.
— Je pense même qu'il le faudra puisque tôt ou tard, la vérité sera révélée et qu'elles deviendront des cibles pour des rançons en cas d'enlèvement.

Lucas reçoit un regard empli de reproches de la part de son patron pour avoir évoqué une telle vérité angoissante. Aucun inconnu n'accepterait de se lier à quelqu'un qui mettrait sa vie en danger.

— Nous verrons cela plus tard, tranche ma mère. Parlons plutôt de quelque chose de gai. Votre mariage arrive à grands pas.
— Plus qu'une semaine avant que nous ne soyons unis, me déclare avec passion mon fiancé.