Bodyguard : Le Soldat et la Promise

32- Une corde bien serrée

Je ne suis pas dans la meilleure des formes en débarquant sur le campus. L'esprit troublé, je ne pense qu'aux révélations des garçons dans la voiture et émets des hypothèses sur l'attitude de Chris. A-t-il été jaloux du retour de Han ? Comment justifier de mettre en danger la vie d'un individu pour une émotion personnelle ? Changbin a ricané en me prévenant que leur nouveau collègue n'assumerait certainement pas cette bassesse et nierait en bloc, ce qui fait perdurer mon sentiment de déception et de trahison.

Sur l'esplanade qui mène aux diverses sections, j'aperçois mes amis d'un côté et mon opposant avec sa clique de l'autre. Un choix doit être fait car je meurs d'envie de me réfugier auprès de mes proches pour leur confier l'horrible soirée que j'ai vécue, mais il est attendu de moi que j'aborde le prétentieux pour répondre aux exigences de Doona. Suivre les consignes est exaspérant mais je ne sais pas si je suis assez en forme pour une confrontation sur le temps du dîner.

Imaginant un pansement rapidement retiré pour limiter la douleur, j'opte pour le moment désagréable en me dirigeant vers Jung, très occupé à mimer un acte sexuel avec Solar comme cobaye réquisitionné. Je regrette aussitôt ma décision, ne pouvant me défiler devant eux. 

— Je lui enfonçais ma queue et elle me griffait comme une tigresse. Je te jure, c'était le pied mais putain je ressemblais à la victime de Wolverine après.

Je ne peux m'empêcher de dévisager ce type en espérant qu'il parle d'une fille consentante quand tous se taisent suite à ma venue. Ma sortie d'hier n'a pas été des plus amicales avec Chris qui les a menacés de publier des passages qui ne les avantageraient pas et j'ai l'impression qu'aucun d'entre eux n'a oublié cela. DoHyung observe attentivement le visage de mes trois gardes avant de prendre la parole.

— Il n'est pas là, Superman ?
— Non, mais il te salue et te rappelle qu'il est un cinéphile averti et conserve toujours ses trésors précieusement. Sinon, comment vas-tu DoHyung chéri ?

Ma décontraction le met mal à l'aise, le temps qu'il accepte que l'épisode chez Jung soit inutilisable et qu'il se lance sur un nouveau plan dont j'ignore encore les tenants et aboutissants.

— On racontait nos fous rires lors de nos parties de baise. Tu veux te joindre à la discussion ?
— Plutôt mourir. Sors ton portable, l'assistante de mon père exige des selfies. Nous avons, selon elle, gâché une précieuse occasion et je suis sûre que ça doit aussi râler dans l'équipe du tien.

Je prends sur moi pour étouffer mon dégoût en m'approchant de lui dans l'idée de jouer le rôle de la parfaite petite amie le temps d'un flash, quand il repousse ma main sans ménagement.

— Le consentement, Mademoiselle Choi, tu connais ? Je n'accepte pas les photos aussi facilement. Mon image, il faut la mériter.
— Ne fais pas le con, DoHyung. Je n'ai pas que ça à faire.
— Tu es pressée de quoi ? De retrouver le baiseur sans avenir ?

Cette attaque blessante fait ressortir en moi une colère à l'idée que trop de méchancetés gratuites sont déversées sur mon ami. Cette suffisance de la classe aisée commence à me taper sur le système, alors je me place face à mon adversaire pour lui renvoyer le visage le plus menaçant que j'ai en réserve.

— Continue de déblatérer, on croirait que tu es jaloux.
— De lui ? Laisse-moi rire. Tu sais quoi, tu me mets de si mauvaise humeur que ça me donne un teint déplorable. Je ne ferai pas ta photo. Retourne pleurer dans les bras de ta mère et explique ça à ton assistante. Ah ! Oups, c'est vrai, tu n'en as pas.

Il se passe une milliseconde avant qu'un voile rouge n'assombrisse mon regard pour m'envoyer des envies extrêmes. Pour la première fois, je sens l'impact des mains des bodyguards autour de mes bras pour empêcher mon corps d'entrer en collision avec le sien. Ce point est si sensible que toutes les raisons du monde ne m'aideraient pas à prendre sur moi. Et cette agitation suffit à faire déplacer mes amis jusqu'à nous, pour ne rien arranger.