17- Stars around my scars

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Je n'ai jamais eu une raison aussi forte de ne pas me lever et de jouer la morte. Nous sommes samedi, soit officiellement le jour où je suis conviée à supporter l'attitude arrogante de DoHyung au cours d'un dîner faussement amical. Rien que de l'imaginer, je serais prête à avaler tout ce qui est périmé pour m'éviter cette corvée. Cependant, Doona ne m'en laisse pas la possibilité puisqu'elle décide de chapoter ma vie, du réveil jusqu'au moindre soupir de désespoir. Le passage en salle de musculation qui est d'habitude un moment de défoulement devient une besogne ridicule, à devoir travailler la tonicité de mes muscles pour plaire à un prétentieux nombriliste incapable de se rendre compte qu'un monde évolue au-delà de sa propre existence. Mais le moment de flottement survient au déjeuner tandis que nous sommes tranquillement installés en famille, à table, devant d'innombrables plats appétissants que je dévorerais si l'assistante apprenait à se taire. 

— La robe choisie est incroyablement classe et sexy. Elle va forcément émoustiller les hormones de Kim DoHyung, s'excite Doona. Tu penseras bien à mettre le soutien-gorge push up. Il faut qu'il n'arrive plus à réfléchir et se concentre uniquement sur ton corps. 

Je ne sais pas si je peux me permettre de vomir maintenant ou d'attendre d'être en face de l'ordure personnifiée. Le dilemme est difficile à trancher. Mais en face de moi, au garde-à-vous, Namjoon m'intime de ne pas répliquer et de continuer à me servir dans mon bol. Le chef de la sécurité doit redouter un autre affrontement alors que mon père a le nez plongé dans son journal, ne faisant pas attention à la transformation de sa fille en pute de luxe offerte sur un plateau. 

— Monsieur, nous interrompt Mingi, l'invité de Mademoiselle Jiu est arrivé. 

Tous me regardent comme si je pouvais savoir de quoi il en retournait mais je ne fais que cligner des yeux, espérant que la réponse me vienne plus facilement. 

— DoHyung est parmi nous? Panique Doona. Mais il est beaucoup trop tôt. Elle est encore en tenue de souillon, pas maquillée ni coiffée. Bloquez les couloirs. Il ne faut pas qu'il la voit dans cet état. 

Je suis outrée de constater que mon visage au naturel est considéré comme le symbole de la mocheté pour celle qui a visiblement oublié ses bonnes manières depuis une éternité. Mais je ressens aussi une pointe de stress à l'idée que j'affronte mon adversaire plus tôt que prévu.

— Non. En fait, il s'agit de Han Jisung. Il a déclaré être attendu alors que nous n'en avions pas été informés. Il patiente en ce moment devant l'entrée de derrière. 

J'accuse les regards critiques sur une nouvelle bêtise que j'aurais commise alors que je reconnais bien là l'excuse de mon meilleur ami pour expliquer son passage à l'improviste. Ne me donnant plus de nouvelles depuis notre dispute déguisée dans l'amphithéâtre, j'ignorais totalement qu'il viendrait chez moi en plein repas familial, quelques heures avant l'affrontement sanglant. 

— Faites-le entrer, déclare soudainement mon père. Invitez ce jeune homme à notre table. 

Je pense faire autant de bruit que la mâchoire de Doona qui se déboite et son air qui quitte ses poumons. Il n'est rien de plus gênant que de constater que celui qui ne se préoccupe pas des tortures qu'on m'inflige, se réveille tout à coup lorsque je souhaiterais glisser la poussière sous le tapis. Han a bien choisi son moment pour rajouter une nouvelle difficulté à ma vie. 
Comme si je vivais le moment le plus critique de mon existence, je regarde l'accueil glacial effectué envers mon ami par les gardes et la furie, tandis que mon père lui indique la chaise à ses côtés. C'est à ce moment que je crains de vivre un drame incontrôlable. Me situant à l'autre bout de la table, je ne pourrais donc pas lui souffler quelques indications pour s'en sortir, ni l'aider à se taire lorsque les pièges se présenteront à lui. 
Très vite, notre cuisinière dresse les couverts pour l'inviter officiellement à se joindre au repas et je désespère de voir le sourire innocent de mon meilleur ami quand il remercie mon père pour ce geste généreux. Derrière l'air jovial qu'affiche rarement gratuitement mon géniteur, je perçois aussitôt le coup bas qu'il prépare. 

Bodyguard : Le Soldat et la PromiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant