37- Le réveil

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Les cauchemars s'enchaînent jusqu'à ce que je parvienne à m'en extirper. Mon hurlement qui résonne est libérateur, mais s'accompagne d'une horrible sensation de fragilité. Lorsque j'ouvre les yeux, je constate le vide autour de moi, pourtant je sens encore ces mains qui me pressent, me cognent et me désirent. La bosse derrière ma tête m'indique que je n'ai pas rêvé ce qu'il s'est passé. J'ai bien été victime d'une violente agression de la part de Kim DoHyung.

Cette haine que je ressentais pour lui est mêlée aujourd'hui d'une angoisse. Je ne le pensais pas capable d'une telle agressivité. Rien que son visage me fait trembler et je ne me sens plus capable de l'affronter. Cette perspective me fait réaliser que je ne reconnais pas le lieu dans lequel j'ai dormi. Si l'environnement ne tangue pas, cela signifie que nous avons quitté le bateau. Ce déséquilibré aurait-t-il osé m'enlever pour assouvir ses pulsions sexuelles ? Rien au niveau de mon intimité ne m'indique un rapport forcé. Mais mon esprit emmêle les informations avec le visage de Chris qui perturbe mes derniers souvenirs.

Malgré mon envie de fuir la réalité, mon instinct de survie m'indique qu'il me faut quitter les lieux. Je ne repère aucun vêtement à proximité et devrai me contenter de ce grand t-shirt qu'il m'a fait enfiler. Rien que d'imaginer ce type posant ses mains sur mon corps, des nausées me secouent violemment la poitrine. Je ne sais combien de douches il me faudra prendre pour en effacer les souvenirs, mais je m'y pencherai sur la question une fois chez moi. Avec aucun effet personnel à ma disposition qui me permettrait de prévenir mes gardes du corps, je me décide à affronter seule l'horreur. Ma main appuie avec lenteur sur la poignée pour éviter qu'un grincement ne vienne dévoiler mon plan d'évasion. Tout ce que j'entends est le bruit de la télévision vers ce qui s'apparente être le salon.

Je prends sur moi pour m'approcher de cette zone, me doutant que la sortie se trouve du même côté, quand je frissonne au craquement de mon genou. Mon souffle se coupe et je me rigidifie pour espérer que mon agresseur n'ait pas une ouïe développée. Malheureusement le son du téléviseur se coupe pendant quelques secondes, avant qu'il ne reprenne. J'en conclus qu'il s'est persuadé avoir rêvé. Mon stress est si élevé que je sens mon pouls frapper au niveau de mes tempes. Ma respiration est laborieuse et beaucoup trop bruyante pour que je puisse espérer me faufiler à quatre pattes derrière le canapé sans attirer l'attention.

Concentrée sur l'émission, je patiente le temps qu'une scène de dispute éclate entre les protagonistes pour me faufiler derrière ce mobilier imposant et crois apercevoir mon salut avec cette porte qui me fait face à trois mètres. Je n'imagine pas une issue silencieuse alors je me prépare au sprint de ma vie. Peut-être qu'avec un peu de chance, je parviendrai à trouver un voisin qui acceptera de m'accueillir et d'appeler la police ?

Je concentre mon inspiration sur le compte à rebours que je me lance, et prends un appui à une seconde de la fin quand un bras s'accroche au tissu du grand t-shirt pour me maintenir. Je m'en veux aussitôt d'avoir baissé ma garde et me voilà découverte avant même que j'ai pu agir. Un corps passe par-dessus le sofa pour me maintenir au sol mais je me débats comme une forcenée pour me dégager les jambes de ces griffes acérées. Mes doigts s'enfoncent dans les lattes de bois pour espérer y trouver un appui quand j'entends le code de la porte s'activer et vois mon issue s'ouvrir grand devant moi.

La silhouette de Chris s'accompagne de son visage ahuri sur la scène qu'il fixe. Je cesse alors de me battre pour oser me retourner et découvre Changbin, la bouche en sang tandis qu'il coince mes mollets.

— Putain mais je peux savoir ce qui se passe, ici ? Jiu, tu vas bien ? Il t'a fait du mal ?

Mon cerveau ne parvient pas à assimiler la situation que j'ai vécue et la réalité qui se présente à moi. Je revois encore les mains de DoHyung me maintenir contre mon gré pour que je lui cède mon corps alors qu'il s'agit d'un tout autre homme à mes côtés. Libérée de l'entrave de mon garde, je ne sais comment formuler ce qui me tracasse et fonds en larmes, horriblement gênée par ce que j'éprouve. Mes nerfs sont à fleur de peau et j'ai l'impression d'être en alerte constante face à un danger qui rôde mais qui finalement n'existe plus.

Bodyguard : Le Soldat et la PromiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant