15- Le rencard de l'amitié

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Une excitation nouvelle m'accompagne pendant cette nuit chargée de fantasmes mêlant fiction et bodyguard bien réel, ce qui me rend confuse au réveil et pressée de me réfugier au sein du campus. L'accompagnement de l'équipe bêta m'assure une certaine liberté de mouvement avec Hwasa tandis que Han boude mes messages avec obstination. Je regrette d'avoir été aussi froide avec lui dans l'amphithéâtre mais ne peux décidément pas faire marche arrière dans ma volonté de nous prouver qu'il n'y a pas que du sexe entre nous. Même si mon amie n'a rien manqué de cet embarras, elle montre l'envie de rester extérieure à ce conflit et de ne surtout pas partager son avis. 

— Enculé à trois heures, je répète, enculé à... Merde, il vient vers nous, Jiu. Commence à ramasser tes affaires. 

Je suis prise au dépourvu tandis que je dois replier la petite serviette posée sur mes cuisses qui cachait décemment ma culotte des regards trop curieux. Lorsque je parviens à l'enfoncer dans mon sac à main, il est trop tard pour ne pas me confronter à l'air arrogant de DoHyung, désireux de me pourrir l'existence, visiblement. Je ne saurais décrire pire situation qui me provoquerait nausées et diarrhées verbales en quelques secondes. Mais qu'il se présente à moi après la scène de la piscine n'indique rien de bon et je n'ai pas la bonne forme pour affronter mon pire ennemi. 

— Bonjour Jiu, entame-t-il. J'espère que ta journée rayonne aussi fort que ta tenue du jour. 
— Rappelle-moi de ne pas faire appel à toi pour écrire des poèmes, DoHyung. Et pour ton information, tout allait bien jusqu'à ce que tu gâches mon existence par ta présence. 
— Comme tu es mignonne quand tu en fais des tonnes, souffle-t-il avec lourdeur. Je me baladais dans le coin et n'ai pas pu manquer ton incroyable beauté empoisonnée par ton caractère désolant. 
— J'aimerais tellement te renvoyer ton compliment mais tu n'as même pas le physique suffisant pour émoustiller mon poisson rouge. 
— Ca ne m'étonne pas car j'ai toujours préféré la viande. Surtout lorsqu'elle est moelleuse, ajoute-t-il en désignant mes cuisses. 
— Tu es si malaisant que je vais finir par croire que tu paies ces abrutis pour jouer le rôle de tes amis. 
— Je suis du genre partageur quand j'apprécie les bonnes choses mais la légende veut que je sois un homme fidèle et romantique. N'est ce pas mignon? 
— Excusez-moi mais je pue? Nous interrompt Hwasa. Personne ne me dit bonjour, à moi? 
— Va jouer plus loin, Anh Hyejin, pendant que les grands discutent. 

Avec désinvolture, l'intrus grossier balance dans les herbes ses affaires tandis qu'il prend place sur le muret que nous occupions en attendant le début du cours. Hwasa s'offusque de devoir ramasser tout ce qui a été renversé tandis que Yoongi et Jung s'interposent pour l'occuper afin qu'elle n'intervienne pas dans notre discussion. Si ce spectacle m'agace, je prends sur moi pour ne pas perdre mon calme et laisser une opportunité à mon adversaire de me dominer. 

— J'ai été vexé que tu postes une photo de mon mauvais profil dans cette piscine. Après tout, je ne t'ai pas dévaluée avec la robe. Ce n'était pas très fair-play. 
— Je ne vois pas de quoi tu parles. 

Je me doute que les photos et vidéos de Chris ont dû être utilisées comme représailles mais l'équipe de campagne de mon père n'a pas jugé utile de me parler de leur stratégie. Me voilà donc avec des reproches dont il est difficile de m'innocenter. 

— Ne jouons pas les abrutis. Tu sais comme moi qu'il n'y aura jamais de preuve pour nous incriminer l'un l'autre. J'ai donc réfléchi à cette escalade de provocations et il vaudrait peut-être mieux que nous nous montrions plus mature que nos parents. Que dis-tu d'un verre de l'amitié? 
— Tu me prends vraiment pour une idiote? Tu es sérieux? 
— Oui. Et Non. Enfin, c'est plutôt l'inverse mais je...

Il est inutile pour moi de l'écouter déblatérer plus longtemps car cette main tendue respire le piège à plein nez. Mon sac dans les bras, je m'écarte de sa silhouette menaçante et récupère le poignet de Hwasa pour que nous rentrions dans l'amphithéâtre. L'arrivée du professeur coïncide parfaitement avec mon besoin de fuir les ennuis mais à ma grande surprise, je découvre Han bien installé au premier rang avec des voisines très excitées à ses côtés. Le message est on ne peut plus clair et ma digestion difficile des sentiments de jalousie me mène jusqu'aux dernières rangées. Pendant ce qui me parait infini, j'alterne du regard mon professeur au discours soporifique et mon meilleur ami vivant sa plus belle vie. Me connaissant depuis tant d'années, il sait parfaitement quelle est la corde sensible qui me fait vriller lorsqu'on la tire. Je me concentre donc à retirer l'encre de mes stylos et à préparer d'innombrables boulettes de papier pour viser les dindes. 

Bodyguard : Le Soldat et la PromiseWhere stories live. Discover now