62- La robe de mariée

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Une première semaine passe avec la drôle de sensation que ma vie d'avant a repris son cours. Je n'ai pas encore fait mon retour à l'université, le temps que l'administration fasse son travail mais il me tarde de retrouver mes amis et de prendre des nouvelles de Solar. Aucun des trois ne répond à mes sollicitations par SMS, ce qui me fait douter sur une possible réconciliation.
Doona ne m'adresse quasiment plus la parole mais vient tout de même me chercher quand il s'agit de valider les préparatifs du mariage. Le spectre du Jimin autoritaire la fait trembler et je crois qu'il est le premier homme à la faire bouillir de rage.

Notre cohabitation est obligatoire aujourd'hui puisqu'il s'agit du grand jour pour le choix et l'essayage des robes de mariée. Pour compliquer le tout, mon cycle menstruel est de la partie, me faisant craindre les pires scénarios sur Terre. Cette occasion me permet de rencontrer la mère de Jimin qui s'est faite discrète jusque-là. Changbin, Namjoon et Chris assurent humblement ma sécurité mais font pâle figure à côté de l'armada qui occupe l'espace dans ce magasin pourtant vaste. Je ne sais pas le poids que pèse cette famille en or mais l'homme qui voudra les agresser n'est pas encore né. 

Se retrouver face à autant de choix de vêtement est déstabilisant car je n'ai jamais pris le temps de rêver ce moment et de m'imaginer en blanc. Afin de m'aider à trouver mon style, la vendeuse sélectionne plusieurs modèles et accroche la première robe dans l'immense cabine. Celle-ci a l'allure du vêtement de princesse. Je suis surprise de découvrir qu'elle m'assiste pendant l'habillage et me fait enfiler un cerceau qui servira à donner du volume. Le tissu enfilé glisse sur ma robe et fait gonfler l'impatience de me découvrir.

— Je suppose que c'est volontaire s'il n'y a pas de miroir ici ?
— Un peu de patience, jolie fiancée. Vous vous verrez tout d'abord dans le regard de vos invités avant d'accéder au miroir.

Je n'espère donc pas croiser les yeux de Doona qui me feraient sentir comme la dernière des bouses dans la plus belle tenue au monde.
La vendeuse se permet de nouer mes cheveux en chignon et d'y glisser un diadème avant de se positionner près du rideau.

— Etes-vous prête ?

Je ne crois pas.
L'angoisse devient si vive que je recule, prête à m'accrocher à tout ce que je trouve. Mais ma cachette est dévoilée et je sens l'attente du public. Ma belle-mère prend soin de m'appeler, s'inquiétant de ce silence avant que je ne me résolve à faire quelques pas. Le silence règne dans la pièce. Je cherche aussitôt les regards bienveillants des personnes chères à mon cœur mais le visage de Chris respire la stupéfaction. Peut-être n'aime-t-il pas ce modèle ?
Changbin lève discrètement un pouce pour m'envoyer du courage mais cela ne me suffit pas à me convaincre du choix de cette tenue.

J'encourage la bonne dame à revenir avec moi derrière le rideau et découvre la deuxième tenue. Cette chose en forme de meringue est aussitôt retoquée, tellement loin de ce qui se fait de l'élégance à mon goût. Une troisième est donc déposée, plus cintrée sur le corps avec de longues manches en dentelle. Le tissu donne la sensation de sublimer ma peau qui se dévoile avec parcimonie. Sans même m'être vue, je suis déjà époustouflée et ne perds pas de temps à avancer vers le rideau.

— Attendez, il vous manque les petites touches.

La vendeuse décide cette fois-ci de lâcher mes cheveux et d'y glisser un voile, positionné pour l'instant en arrière, tandis qu'elle attrape la traîne pour m'accompagner jusque devant notre public. Je ne peux expliquer la confiance que m'inspire cette tenue et respire profondément avant de me dévoiler.

Mes yeux font le tour de chaque visage et y lisent de l'admiration, de l'envie ainsi que de la bienveillance. La bouche de Chris reste ouverte, encore sous le choc de la présentation. Je vois son collègue s'amuser à refermer sa mâchoire avant de récolter les mauvaises ondes de Doona à leur encontre.

— Qu'en pensez-vous, ma chère ? N'est-elle pas boudinée ? Lance Doona. 
— Pas le moins du monde. Jiu, tu es sublime. Jimin tombera une deuxième fois amoureux de toi, s'extasie sa mère.

L'assistante digère avec aigreur le manque de soutien dans sa malveillance et se dirige vers les amuse-bouche mis à la disposition des clients. Son départ attire notre attention puis est troublé par les pas que Chris fait en ma direction. Mon cœur commence une cavalcade endiablée, motivant mon envie de le rejoindre et le serrer dans mes bras. Ce moment ne sera pas facile pour nous deux mais notre amour est assez fort pour y résister. Je ne pouvais pas trouver meilleure solution que Jimin à notre problème. Il faut juste être patient.

— Qu'y a-t-il, s'inquiète Madame Park en se rapprochant de moi pour m'assurer une protection.
— Je...

Chris semble soudainement réaliser ce qu'il fait, au milieu de cette pièce et la main tendue vers moi et reprend aussitôt une attitude plus conforme à sa profession. Il lève les mains en signe d'apaisement et signale une zone sur la dentelle de ma robe. 

— Il y a... une zone qui est défilée. Ici. 

Je le sens faiblir tandis que ses yeux papillonnent à la recherche d'un défaut qui n'existe pas. La vendeuse montre tout d'abord une circonspection avant de froncer les sourcils en refusant de croire qu'elle vendrait des modèles défectueux. Avant qu'elle n'approche, je pince discrètement de mes ongles la broderie pour l'abîmer et le tapote du doigt avec assurance. 

— Ah ! Je ne l'avais pas vu. Il a l'œil. 
— En effet, c'est un très bon observateur, acquiesce ma belle-mère bluffée. 
— Je vous prie de m'excuser, Mademoiselle Choi. Je vais vous présenter tout de suite un autre modèle. 
— Non, c'est celui-ci que je veux. Il faudra juste le recoudre mais il s'agit bien de la robe que je porterai. 

Mon choix est fait et je ne me vois pas essayer quelque chose d'autre. La mère de Jimin décide de placer Chris à proximité de nous pour la suite des essayages des hanboks et des tenues traditionnelles que je porterai au cours de la soirée. Mais le bonheur qu'affichait mon bodyguard disparait au fil des minutes pour le laisser dans un blues inquiétant. J'aimerais tant être une petite souris pour savoir ce qui le tracasse. 


Bodyguard : Le Soldat et la PromiseWhere stories live. Discover now