Février - 9

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(présence de description d'accident impliquant un animal et pouvant choquer)


- Pendant ce temps, est-ce que ça te dérangerait de mettre les fleurs dans un vase ? Je n'ai pas envie que de si beaux spécimens périssent parce qu'on les a négligés.

- Pas du tout ! Quel récipient conviendrait d'après toi ? Un dont ta mère ne remarquerait pas l'absence dans le vaisselier ?

- N'importe lequel, vraiment. Figure-toi que j'avais anticipé ton débarquement floral et que j'ai inventé une histoire de concours de sciences afin de justifier le fait que je reçoive un bouquet. Savais-tu que tu sortais avec le grand gagnant de la création d'un tout nouveau jus de fruits énergique et délicieux ? Je me suis servi de notre sortie à Londres pour monter mon mensonge.

- Et depuis quand en parles-tu ? demandé-je, la tête dans le vaisselier.

- Depuis fin janvier. Quand on est revenu, quoi.

- Donc, je suis effroyablement prévisible.

J'entends du bruit derrière moi, et je me retourne doucement pour ne pas faire peur au jeune homme. J'ai choisi mon vase, et je commence à me diriger vers la cuisine pour le remplir d'eau. Miho, quant à lui, en est ressorti avec un plateau de cannelés. Je ne peux pas m'empêcher de sourire.

- Non, et je serais mal placé pour te le dire, continue-t-il, en désignant ce qu'il a sur les genoux.

Il me fait un clin d'œil et roule vers le salon. Nous allons dîner sur la table basse, ce qui ne me déplaît pas. Lorsque j'arrive dans la cuisine, le croate se remet à parler.

- Et surtout, je sais que tu apprécies particulièrement t'exprimer avec de belles plantes. De plus, la boutique des Tanaka a de magnifiques espèces.

Je m'arrête. Il croit que je suis allé chez les parents d'Eliot, comme la première fois que je lui ai acheté des fleurs. Sauf que lorsqu'il va voir l'étiquette sur le papier de soie, il va vite déchanter. Alors, pour me faire gagner quelques minutes, je tire de l'eau pour remplir mon vase, et je le préviens que je ne vais plus l'entendre s'il me parle.

Je reviens vers le salon à tous petits pas, le cœur battant dans mes tempes. J'ai l'impression de me diriger vers l'abattoir, ou vers l'échafaud. Il est incroyablement intelligent, et il va faire le rapprochement. Je vis mes derniers instants en tant que petit-ami.

- Au bonheur des fleurs. Ce n'est pas chez les Tanaka ça.

- Non. J'ai discuté avec Daisy cette semaine et elle m'a dit d'éviter la boutique, parce qu'ils ont des problèmes de famille. J'en ai donc cherché une autre sur internet.

Je dépose mon vase devant lui. Il fait tourner le bouquet entre ses mains, et esquive mon regard. Le couperet ne va pas tarder à tomber.

- Tu l'as vue, hein ?

Je ne lui ferais pas l'affront de jouer à l'idiot et de lui demander de qui il parle. J'ai de nombreuses mauvaises étiquettes sur le front, mais je ne crois pas avoir accroché celle de connard. Enfin, je n'espère pas.

- Oui.

- Et elle t'a dit que je suis venu en janvier. Elle t'a raconté.

- Oui.

- Et tu as compris. Et elle aussi, je pense. Que j'avais supprimé son numéro parce que je ne voulais pas que vous vous revoyiez, que je suis plein d'insécurité, que j'ai peur de te perdre et que je suis effroyablement jaloux ?

- Oui.

- Bien. D'accord. Et je...

- On s'est embrassé, le coupé-je, n'en pouvant plus de ses petites questions qui le font passer pour ce qu'il n'est pas.

Ciel d'automne [BxB]Where stories live. Discover now