Ciel d'automne [BxB]

Juin - 8

Bien que nos cerveaux se répètent sans cesse l'excellente nouvelle que nous venons d'apprendre, nous tentons de nous focaliser sur notre deuxième objectif de la journée. Trouver une bague de fiançailles pour Rory.

Nous sommes dans une bijouterie que je connais bien, puisque je venais souvent la visiter, pour lécher les vitrines. D'abord quand j'étais encore ce petit bonhomme raide dingue amoureux de cette fille si parfaite. Ensuite quand cette fille si parfaite a accepté mes sentiments et mieux encore, me les a retournés. Et enfin, quand cette fille si parfaite m'a annoncé qu'elle partait au Canada.

Quand j'ai appris cela, je n'avais qu'une idée en tête. La faire rester, coûte que coûte. Je voulais dépenser toutes mes économies - celles que je mettais de côté pour le stage de football par exemple - pour lui acheter une bague, et lui demander de m'épouser. L'âge minimum légal au Royaume-Uni est de seize ans, et nous les avions tous les deux. J'aurais demandé mon émancipation - j'avais vu ça dans une série américaine - et j'aurais couru chez elle pour lui demander.

C'est Miho qui m'a arrêté dans ma folie. Je ne pense pas que c'était la jalousie qui parlait - surtout que si j'avais appris que mon meilleur ami allait s'en aller à l'autre bout du globe, j'aurais également tout fait pour le retenir. Il avait peur pour moi, peur pour mon cœur. J'étais dans le déni le plus complet, et je pensais que mon plan allait marcher comme sur des roulettes. Il a dû être extrêmement dur avec moi, pour me faire revenir à la raison.

Cette boutique me rappelle donc cette aventure. Même si ce n'était qu'il y a deux ans, j'ai l'impression de ne plus être le même. J'ai toujours envie de me marier, mais premièrement, je sais que je suis trop jeune. Et deuxièmement, la personne avec qui je veux m'unir n'est plus la même. Je n'en ai pas parlé au principal intéressé à cause de cette première raison. J'aurais trop peur de le faire fuir par la grande porte.

J'essaie de chasser cette idée en entrant - parce que je me connais, je sais que je vais me diriger vers le rayon homme, et je n'ai pas le budget pour. Je suis là pour aider mon frère, pour sa future femme. Il faut que les saphirs soient dans ma ligne de mire. Je repère le signet et je me dirige à toutes jambes vers lui, rapidement suivi de Paxton. Il me fait entièrement confiance, et j'en suis particulièrement heureux.

Mes yeux analysent les prix, et je ne prends même pas la peine de regarder celles qui dépassent les sept cents livres. Ce serait trop douloureux, et je sais toujours ce qui arrive dans ce genre de cas. On a un coup de cœur, et on se retrouve à dépenser trois fois son budget. À quoi ça sert d'utiliser tout son argent pour la bague si on ne peut plus faire de cérémonie, ce qui est quand même le plus important ?

- Vous cherchez quelque chose de précis, Messieurs ? Un renseignement peut-être ?

Mon frère sursaute et je ne me tourne même pas vers la vendeuse. J'en ai repéré une, qui est magnifique et surtout, en soldes. Six cent soixante-seize livres, au lieu de plus de milles. Le saphir est taillé en émeraude, et il est décoré de quelques diamants à petits carats. Cet anneau réunit toutes les demandes de Paxton.

- Pax, regarde celle-ci, l'appelé-je, alors qu'il est sur le point de s'adresser à la vendeuse. La troisième en partant de la gauche, à six cents. Qu'est-ce que tu en penses ?

Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que c'est la bonne. Je vois très bien Rory la porter et la montrer à ses amis sur le bateau. Et je comprends pourquoi il a choisi cette pierre et pas une autre. Le bleu fait immédiatement penser à la mer. Les profondeurs, les poissons mystérieux, les vagues, la beauté impitoyable de cet élément. L'endroit où ils se sont rencontrés, tout simplement.

- Elle est parfaite. C'est celle-ci. C'est vraiment celle-ci.

Je suis fier de moi, et je le montre avec un sourire malicieux et arrogant. C'est sûr qu'en me regardant, on ne pense pas que je suis un expert pour choisir les bagues et autres bijoux. Quand je dis que je suis un petit-ami merveilleux, je ne mens pas.