Octobre - 4

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Lorsque je me dirige vers chez Cait avec ma nouvelle définition en tête, je suis étrangement calme. Bien entendu, je vais me garder de le lui dire, mais au moins, dans ma tête, ça va beaucoup mieux. J'envisage presque de l'annoncer à Miho, maintenant que j'ai un mot dessus. Mais ça, ça sera pour tard. Pour l'instant, je dois virer ma copine.

Je toque à la porte de chez elle, en bois peint en vert. C'est la première fois que je viens, et une chose que j'adore faire, lorsque je me rends chez les filles avec qui je sors, c'est observer la devanture de leur maison. On sent immédiatement que la famille de Cait a de l'argent, parce que non seulement son quartier est huppé, mais elle possède des lampes extérieures, des décorations diverses et variées et des fleurs qui semblent fraiches. Le jardin doit être entretenu, sans doute par un jardinier. Je suis jaloux, parce que ma mère adore s'occuper de la nature, mais que le soir venu, elle est tellement crevée qu'elle ne peut rien faire. Le week-end, elle a un autre travail, alors c'est impossible. J'ai bien envie de piquer une rose pour elle, lorsque je repartirais. Elle le mérite amplement.

— Salut Rio ! J'suis contente que tu sois là !

Cait a sorti l'artillerie lourde ; une jupe volant à ses hanches, rouge, ainsi qu'un beau chemisier noir, qui laisse une jolie vue sur son décolleté. Elle sait ce qu'elle veut, et elle ne s'en cache pas. Je préfère quand elles sont comme ça, et non jouant aux fausses timides qui se dévergondent d'un seul coup, comme si c'était normal. J'espère simplement avoir le temps de lui dire que je ne veux rien faire avec elle, et goûter ce fameux fraisier, avant qu'elle ne me saute dessus.

— Je pensais qu'on pouvait déguster le fraisier dans ma chambre, devant un bon film. J'ai deux grosses cuillères, comme dans les séries américaines.

— Ça me va. T'as pris quoi, comme film ?

Sans doute un truc à l'eau de rose. Ça ne me dérange pas, je ne suis pas difficile, et j'adore en regarder avec ma mère. Mais ça, pas grand monde ne le sait.

— Soixante-quinze nuances de blanc. Tu l'as déjà vu ? Le film est sorti l'année dernière.

— Non, mais j'en ai entendu parler. Je sais ce que c'est. T'y vas pas par quatre chemins, toi.

Elle rit et se rapproche de moi, se collant comme une ventouse. Elle glisse ses mains sur mon torse, descend légèrement vers le bas-ventre. Elle devient un peu trop entreprenante pour moi, il faut que je trouve une parade afin d'éviter de me faire passer à la casserole.

— J'ai bien envie de reprendre des forces, moi. Sinon, je risque d'être un peu épuisé, si tu vois ce que je veux dire.

Entrer dans son jeu, c'est la clef. Ça me fera gagner du temps. Et j'ai vraiment envie de manger ce fichu fraisier.

— Il ne faudrait pas que tu sois à plat, ça serait vraiment triste. Allez, viens.

Elle m'attrape la main et me guide dans sa chambre. Je remarque que personne d'autre n'est dans la maison, ce qu'elle s'est bien gardée de me dire. Elle a préparé la pièce avec des bougies, et une ambiance très feutrée. S'il s'agissait d'une véritable après-midi film et non d'une espèce de guet-apens, je pense que j'aurais adoré. Il faudrait que j'essaie de choper la marque de ses bougies, pour en ramener à ma maman, pour les soirées films qu'on se fait une fois par semaine.

Au centre du lit aux draps noirs et rouge trône le fameux fraisier, ainsi que les grosses cuillères. Ayant déjà enlevé mes chaussures, je saute sur les couvertures pour m'en délecter.

Je prends une grosse bouchée et le goût me saute sur les papilles. Ce n'est pas elle qui l'a fait, elle a été l'acheter chez Madame Ayase, qui tient la meilleure pâtisserie française de la ville. J'en ai goûté une seule fois, pour mon anniversaire de l'année dernière, et jamais je ne pourrais l'oublier. C'est pour ça que je reconnais l'aéré de la crème fouettée, et le jus de fraise, légèrement sucré. Je vais pouvoir l'utiliser comme une porte de sortie.

Ciel d'automne [BxB]Where stories live. Discover now