Novembre - 1

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S'il vous plait, rappelez vous ce que j'ai écrit dans l'avant-propos. Rio est loin d'être parfait, et il doit encore apprendre plein de trucs. On n'est qu'au début du livre.


Ça fait deux semaines que je n'ai pas adressé la parole à Miho. Son père vient le chercher à l'hôpital et le dépose avant de partir à son premier travail, puisque je ne suis plus là pour faire le chemin avec lui. Je pense qu'il a fini par payer les cent livres à cet arnaqueur de concierge pour la clef de l'ascenseur, car il le prend chaque matin. Je le vois entrer en serrant les poings, comme il déteste ça. Je souhaiterais être présent pour lui, lui répéter encore et encore que tout va bien se passer et lui sourire, mais après sa révélation, c'est juste impossible.

Je sais que je suis un monstre. Je l'évite parce qu'il m'a dit qu'il m'aimait plus qu'un ami. Son homosexualité ne changeait rien pour moi, puisqu'à mes yeux, il était toujours mon meilleur pote. Mais celle-ci s'applique à moi. Et là, ça devient complètement différent. Parce que c'est moi qui suis concerné par ses sentiments. Le garçon dont il m'a parlé lorsqu'on était ensemble à l'hôpital, c'est moi. Et le pire, là-dedans, c'est qu'il croit que je passe mon temps à coucher avec des filles, et que ce n'est pas vrai. Sauf que moi, contrairement à lui, je suis incapable de lui dire la vérité.

Je me suis enfui des vestiaires après qu'il m'ait révélé son amour. Et je l'ai fui toute la journée, jusqu'à ce que la cloche nous libère. Il a fait comme prévu, il m'a attendu à la bibliothèque - au rez-de-chaussée de l'école - pendant mon entrainement. Et à la toute fin, il est arrivé sur le terrain, accompagné par Daisy. Autant dire que le coach a fait les gros yeux et qu'il s'est immédiatement retourné vers moi. J'ai haussé les épaules, parce que je croyais qu'il ne voulait pas lâcher la bombe tout de suite.

Il a tout expliqué à notre entraineur, il lui a remis son maillot, et il est reparti vers l'entrée de l'école. Il m'attendait, et j'ai été là. On a fait le voyage jusqu'à l'hôpital dans le silence le plus pesant de toute notre amitié. On s'est déjà disputé plusieurs fois, quand on était jeune, pour des broutilles. Plus tard, je lui ai passé un savon lorsque j'ai appris la manière dont il avait jeté sa copine, qui était dans une école pour fille, à l'autre bout de la ville. À bien y réfléchir, je pense que cette fille était un fantôme. Il a dû l'inventer pour qu'on le laisse tranquille avec ses fréquentations.

Quand nous sommes arrivés à sa chambre, il m'a regardé droit dans les yeux, et il m'a demandé d'oublier tout ce qu'il avait dit. Que ce n'était rien d'important, un petit béguin de rien du tout. Sauf qu'entre menteurs, on se reconnait. Je savais qu'il me racontait des bobards pour ne pas me perdre. Mais le problème, c'est que ma tête avait déjà pris la poudre d'escampette. On pouvait très facilement me coller l'étiquette de lâche sur le front. Le soir même, je lui envoyais un message dur comme du béton, le suppliant de me donner de l'espace, pour que je puisse digérer tout ça. Et bien sûr, je lui ai bien répété, je lui ai bien martelé que je n'étais pas gay.

> Sauf que t'as pas besoin d'être gay pour m'aimer. T'as pas besoin de nier le fait que tu t'es fait la moitié de la population féminine de l'école. C'est pas ce que je veux. Moi, je veux juste que tu réfléchisses à tout ça. Même si je pensais qu'égoïstement, j'aurais encore mon meilleur pote avec moi.

Et ce message, c'est un coup de massue pour moi. Parce que ça glue l'étiquette sur ma tête. Je suis un menteur, je suis un lâche et, pire que tout, je suis un très mauvais ami.

Ce midi, je tente une petite montée sur le toit, parce que je suis certain de ne pas y croiser Miho. Mais l'endroit est pas mal occupé depuis quelque temps, par les deux garçons avec qui Daisy traine. Je les ai vus, un peu caché derrière le mur. Ils s'embrassaient. J'ai sursauté, parce que je pensais que Miho était le seul à ne pas être hétéro, dans cette fichue école. Quand on écoute le discours des gars dans les couloirs ou les vestiaires, on n'entend que les mots seins, cul et d'autres trucs plus vulgaires encore. Jamais un adjectif se référant à un garçon. Ou alors, ils cachent bien leur jeu.

Ciel d'automne [BxB]Where stories live. Discover now