Mai - 7

211 28 67
                                    

Fin du mois de mai, donc il est loooong !

(évocation de cancer, de mort, d'ablation d'organes féminins)

Ma mère me secoue et je retire mes écouteurs, coupant ma musique en même temps. Bien, mes pensées et la musique ont fait passer le temps à grande vitesse. Le conducteur du taxi médical m'aide à sortir et me prépare mon fauteuil, et nous dit à tout à l'heure. C'est vrai que c'est lui qui va nous emmener dans l'autre hôpital - le public où je suis suivi - et ensuite nous déposer chez nous. Je ne suis pas encore débarrassé de mes petiots.

- Ne tiens pas rigueur de son discours. C'est un vieil homme. Pour lui, tous les adolescents se ressemblent et sont des gamins. Il est gentil, et il me fait toujours la conversation, pour que je ne m'endorme pas comme une masse lorsque je reviens. Il m'a plusieurs fois portée à la maison, parce qu'il n'y avait personne pour me réceptionner.

- Bon d'accord. Je ferais un effort. J'essaierais, du moins.

- Merci.

Elle m'embrasse le sommet du crâne, et me conduit vers l'intérieur de l'hôpital. Je n'ose pas lui dire que je suis capable de me débrouiller tout seul, parce que ça semble lui faire plaisir et je crois qu'elle s'appuie également un peu sur moi, comme un déambulateur géant.

- Bonjour. J'ai rendez-vous avec le docteur Rosenhain. Mon fils m'accompagne, pouvez-vous lui donner un badge, je vous prie ? Moi, je suis une patiente régulière ici.

- Je sais, Madame Hardy. Je vous ai reconnu. Tout va bien pour votre fils ? Avez-vous besoin d'aide ?

Je passe une main devant mon visage en faisant mon plus beau visage de charmeur.

- Ne vous inquiétez pas, je sais dompter la bête.

- Je n'en doute pas. Vous pouvez y aller, Madame Hardy. Vous connaissez le chemin, n'est-ce pas ?

Ma mère hoche la tête. Je préférerais qu'elle soit habituée à naviguer dans ces couloirs parce qu'elle y travaille, non parce qu'elle est patiente. Mais il ne faut pas que je sois défaitiste. Il faut que je voie le verre à moitié plein. Nous allons faire un check-up. On ne sait encore rien sur l'évolution du cancer.

Maman s'installe sur une chaise de la salle d'attente, et je me place à côté d'elle, dégainant mon téléphone portable. Je découvre que j'ai dû activer internet sans faire exprès - sans doute dans ma poche - et que Miho m'a envoyé une photo en MMS. Je désactive vite le mangeur de forfait, et je clique sur le message multimédia. Il y a une petite légende en dessous.

> Regarde comme je suis beau avec mes jolies électrodes !

J'ai une vue sur toute sa personne, de dos. Il a dû demander à son kiné de le photographier pour me montrer. Je rougis en apercevant son boxer, alors que je l'ai déjà vu sans rien. Je suis une vraie fleur bleue, ce n'est pas possible.

> Tu sens quelque chose ?

Il répond presque immédiatement.

> Oui ! Des fourmillements au bout des pieds. J'en ai pleuré Rio. PLEURÉ. Pour des fourmis. Le truc dont tu veux absolument te débarrasser quand tu restes trop longtemps dans la même position. Moi, je ferais tout pour qu'elles restent. Je sais que ce n'est pas grand-chose, mais crois-moi, c'est déjà un grand pas pour moi (sans mauvais jeu de mots).

J'envoie un smiley qui rit, avant de répliquer plus convenablement.

> Je suis vraiment heureux pour toi. Et je te soutiendrais dans cette aventure, crois-moi. Tu pourras compter sur ton pilier préféré (même si en ce moment, se tenir debout, ce n'est pas trop au programme). Et pour ton dos ? Qu'est-ce qu'il a dit ?

Ciel d'automne [BxB]Where stories live. Discover now