Ciel d'automne [BxB]

Novembre - 3

Les yeux de mon meilleur ami - si j'ai toujours l'autorisation de l'appeler ainsi - s'écarquillent comme des billes, et l'autre me fixe d'un drôle d'air. Même s'il ne m'a vu que quelques fois, il doit se douter de qui je suis et il disparaît comme une ombre. Nous voilà donc seuls.

- Qu'est-ce que tu fous là ? T'écoutes aux portes maintenant ? Franchement, j'crois que je préfère quand tu joues au lâche.

- Miho, laisse-moi t'expliquer...

- T'as dit que tu ne me lâcherais pas Rio. Tu l'as dit. Quand je t'ai dit que j'étais gay, tu m'as répété que j'étais toujours le même. Elles sont passées où tes belles paroles ?

Ses poings sont serrés. J'aimerais m'approcher, mais ça ne risque pas de lui plaire.

- Je sais que j'ai mal réagi, mais... essaie de me comprendre. Je m'attendais pas à ce que tu fasses ta déclaration d'un coup !

Je commence à hausser la voix, bien malgré moi. Les habitudes abandonnées lorsque nous sommes devenus amis reviennent au galop. La rage prend la place de la tristesse et surtout celle de la réflexion.

- Ça, c'est parce que tu ne réfléchis pas plus loin que le bout de ton nez ! Un mec qui saute sur tout ce qui bouge et que je fréquente, t'en connais beaucoup, toi ? Un mec qui me fait tout le temps des compliments, qui ne comprend pas pourquoi je n'ai pas de copine, qui n'arrête pas de me dire que je suis le centre de son univers ? Sérieusement, comment tu voulais que ça soit quelqu'un d'autre que toi Rio ? Comment ?

Je me sens incroyablement con. Je suis debout devant lui, qui respire comme s'il venait de courir un marathon. Des larmes pointent au coin de ses yeux, mais il les essuie à toute vitesse. Voyant que je suis en train de le perdre pour de bon, j'ouvre enfin la bouche. Et je balance ma bombe.

- Je n'ai jamais couché avec une fille. Je t'ai raconté des histoires pour que tu ne me prennes pas pour un prude ou un mec littéralement effrayé par ce qui se trouve là-dessous. Je demandais à mes copines de ne rien dire ou je détruisais leur réputation.

- Quoi ?

- J'en ai discuté avec Daisy, pendant vraiment très longtemps. Et puis avec cette fille-là, avec des cheveux verts chelous.

- Lola ?

J'écarquille les yeux et continue.

- Ouais, mais comment tu la connais ?

Miho reprend son air blasé et me répond de manière très sèche.

- Elle est la présidente du club LGBT de l'école. Tu sais, le truc duquel tu ne veux surtout pas approcher parce que t'as peur qu'on puisse croire que tu en fais parti.

- Tu détestes tout autant que moi les étiquettes, je ne vois pas où est le mal là-dedans.

- Ouais, peut-être. Mais celle-ci, j'essaie d'en être un peu fier. J'en ai marre de me planquer. C'est pour ça que je te l'ai dit. C'est pour ça que mis à part ma petite sœur et Daisy, t'es la première personne à savoir. Et t'es la plus importante de mon monde.

Ça me fout un coup au cœur. Je m'approche de lui, et j'hésite pendant deux secondes. Je me penche un peu, et je lui attrape la main, pour lui serrer les doigts. Il sursaute et rougit légèrement. Mais le plus impressionnant, c'est tout ce que des yeux disent. Je ne sais pas si c'est le fait d'être au courant de ses sentiments ou celui d'être si proche, mais je trouve qu'ils sont de plus en plus beaux.

- Je suis vraiment désolé, Miho. Je disparaîtrais plus, c'est promis. La vie sans toi, ça craint. J'ai l'impression d'être tout le temps sur les nerfs quand t'es pas dans les parages.