Octobre - 3

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(présence d'insultes homophobes)

— En fait, je crois bien que je vais t'écouter. Je vais la larguer avant qu'on fasse quoi que ce soit. J'en ai pas envie, de toute manière.

— Je crois bien que c'est la première fois que je t'entends dire ça. Habituellement, tu sembles pressé de les faire passer à la casserole.

— Oui, mais là, elle a poussé le bouchon un peu trop loin. C'est marrant que je m'en rende concrètement compte en en discutant avec toi, mais c'est ce que j'ai pensé ce matin aussi. Elle m'utilise pour la popularité, et le fait qu'elle t'insulte à moitié ne l'aide pas vraiment.

— Donc je suis un critère dans le fait que tu gardes ou non cette fille ? continue-t-il, avec un ton que je n'arrive pas à identifier.

— Oui, parce que t'es mon meilleur ami. Tu fais entièrement partie de ma vie, et t'es un élément qui ne peut pas être dissocié de moi. Donc ouais, c'est important qu'elle te respecte autant que moi. Et là, c'est clairement pas le cas.

Il rougit encore, et ça me dérange franchement, parce que je ne comprends pas pourquoi il réagit de cette manière. C'est quelque chose d'acté entre nous, et je pensais qu'il le savait.

— T'es sûr que tu veux encore de moi comme meilleur pote ? Je ne vais plus pouvoir jouer avec toi, tu sais ? reprend-il, soudainement super sérieux.

— Je sais. Mais tu pourras toujours venir dans le vestiaire pour le rituel, parce que celui de notre école est au rez-de-chaussée. Et puis, tu es encore toi, je me fiche que ce soit sur deux jambes ou non. Ta personnalité ne va pas changer avec un accident. Et maintenant, quand les gens t'énervent, tu vas pouvoir leur rouler dessus.

Il rit, mais retrouve rapidement son air trop sérieux.

— Ouais, mais il y a plein de choses qui vont changer. Je ne pourrais plus aller dans ta chambre.

— Je te porterais sur mon dos.

— Je ne descendrais plus pour les pauses midi.

— Tant pis, on les prendra dans la salle, ou alors on se trouvera un coin spécial, rien qu'à nous.

— On ne pourra plus aller prendre des cannelés chez Madame Ayase, parce que sa salle n'est pas accessible.

— J'irais te les acheter, et on les mangera dans un lieu où tu pourras aller avec ton fauteuil.

Il s'arrête, voyant bien que je suis parti pour continuer à répondre à chacune de ses phrases.

— T'as réponse à tout, hein ?

— Ouais. Exactement.

— Et pourquoi tu fais ça ?

— Parce que t'as le droit de vivre, mon vieux. C'est toi qui l'as dit. Comme la société n'est pas prête à se bouger les fesses, et que je suis en bonne forme physique, bah, je t'aide quand c'est pas adapté. Et je te préviens, tu ne parles pas de l'année prochaine. On est au début de l'année scolaire, Miho, on a encore le temps de penser à tout ça.

— Je risque de plus te lâcher, tu sais, réplique-t-il, toujours aussi sérieux.

— Je m'en fiche. T'es mon meilleur pote. C'est un peu mon job de ne plus te lâcher.

Il lève les yeux au ciel, peu convaincu. J'en ai marre qu'il ne me croit pas, alors je lui saisis les deux épaules et je le force à me regarder droit dans les yeux.

— Écoute bien Mihovac Andrews, parce que je ne le répèterais pas deux fois : c'est pas parce que t'es en fauteuil et qu'une putain de voiture t'a foncé dessus que je vais te lâcher. D'accord ? Tu te rentres bien ça dans la tête ?

Ciel d'automne [BxB]Where stories live. Discover now