Janvier - 7

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Il est long, pour me faire pardonner de mes cliffhanger pas spécialement sympathique.


Nous sommes devant chez Rio, après notre sortie avec Daisy. Notre ventre est bien plein, et le sourire qu'il affiche ne me parait pas faux. J'en suis heureux, et ça me rassure. Il semble, pour l'instant, avoir laissé de côté sa tristesse. Non pas qu'elle me dérange. Elle me rappelle simplement que je suis totalement impuissant face à elle.

- Dit... tu veux... rentrer ? propose-t-il. Je peux te porter sur le perron, si tu as envie. Ou je peux aller fouiller dans le cagibi pour voir si on n'a pas de rampe ou un truc du genre.

- Je ne suis pas contre le fait d'être soulevé, m'amusé-je, un sourire mutin sur les lèvres, avant de me rendre compte de la portée de mes mots.

Ses joues se colorent doucement, et il sort ses clefs de son sac. D'abord, il va ouvrir la porte, ensuite, il me dépose délicatement sur une des marches pour prendre mon fauteuil, et enfin, il revient vers moi. Il passe un bras sous mes cuisses, et un autre dans mon dos. Mes jambes pendent comme des spaghettis, mais je ne fais pas attention à elle. Non, moi, je demande à mon cher cœur de se calmer un peu, et de ralentir. Parce que là, Rio va avoir peur que je fasse une crise cardiaque.

- Ça fait très Prince, tout ça, rit-il. Où puis-je vous déposer, votre Majesté ?

- Dans mon royal carrosse, voyons ! dis-je avec ton pédant.

Il éclate de rire, et la sensation de sa cage thoracique bougeant tout contre moi est étrange, mais agréable en même temps. Il vit carrément contre moi, et sa vie me traverse comme un flot de chaleur.

- Merci, cher serviteur. Maintenant, vous pouvez disposer.

Il fait mine de se vexer, et je dois me mordre la lèvre pour éviter de rire. Sauf que je me souviens que c'est aussi notre signal, et j'arrête immédiatement. Je ne veux pas qu'il croie que je ne le respecte pas. Je sais très bien qu'il faut attendre que nous soyons dans sa chambre pour être proches. Ses parents peuvent débarquer d'une minute à l'autre, comme nous sommes dans le vestibule.

Pourtant, il se penche vers moi, et dépose les mains contre mes épaules. Son visage est juste en face du mien, et sourit de manière malicieuse. C'est la première fois que je l'aperçois.

- Alors, Sa Majesté veut un baiser de son domestique ? N'est-ce pas contre les convenances ? Le palais ne va-t-il pas jaser de ce rapprochement impromptu ?

- Je suis le Prince, je fais ce qui me plait. Et ne vous inquiétez pas, si les autres serviteurs vous font voir la vie de toutes les couleurs, je vous protégerais.

- L'orange, ça ne me dérange pas, termine-t-il, en avalant les derniers millimètres entre nous.

Mon cœur se soulève dans ma poitrine. Est-ce que ça va me faire ça à chaque fois qu'il touche mes lèvres ? À chaque fois qu'il entre dans mon jeu de séduction ? À chaque fois qu'il me regardera comme lui seul est capable de le faire ? Parce que bon, si c'est le cas, je ne donne pas cher de mon organe vital. Je vais devoir aller consulter un médecin, et les listes d'attentes pour les cardiologues non privés sont longues comme un bras.

- Je vais simplement saluer ma mère. Toi, tu peux aller m'attendre dans ma chambre, j'arrive.

- Amelia est là ? Elle ne travaille pas ? fis-je, franchement surpris.

- Oui.

Il n'ajoute rien, et je fronce les sourcils. Pas d'explications, pas de justifications. Habituellement, je dirais que les gens font ce qu'ils veulent. Mais je connais la famille Hardy, et mieux encore, je sais comment fonctionne Amelia. Elle vit pour son travail, aider les autres est ce qu'elle préfère. Je ne la vois pas prendre un jour de congé en pleine semaine, à moins d'y être forcée. Elle doit à nouveau avoir des soucis de ventre. J'espère qu'elle ne devra pas retourner à l'hôpital. Ça avait mis Rio dans un état lamentable.

Ciel d'automne [BxB]Место, где живут истории. Откройте их для себя