Octobre - 2

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Et c'est ainsi que nous nous retrouvons tous les deux dans le bus vers le centre, à s'inquiéter pour nos proches. Elle ne m'a pas dit qui elle voulait aller voir, mais elle semble bouleversée rien qu'à l'idée de faire un pas dans cet hôpital. Moi, j'espère que je pourrais voir Miho, parce qu'il me manque vachement, cet imbécile.

Lorsque nous arrivons devant la bâtisse, mon amie se fige comme une statue, les poings serrés et la tête baissée. Cette attitude ne lui ressemble pas du tout, et je m'empresse d'essayer de la rassurer.

— J'peux pas. J'y arrive pas. C'est trop dur.

— Calme-toi, pose-toi sur un banc et respire bien. Ça va aller.

Je prends la décision de rester avec elle le temps qu'elle aille mieux, et qu'elle décide ce qu'elle souhaite faire. Je n'ai pas longtemps à attendre, puisqu'une personne apparait devant nous. Un grand Asiatique, vêtu du même uniforme que nous, et portant des lunettes, exactement comme moi.

— Daisy ? Que fais-tu ici ?

— J'y arrive pas Eliot ! Je suis incapable de rentrer dans ce fichu hôpital, je suis incapable de faire face à mon meilleur ami et ne pas culpabiliser. C'est horrible, je suis complètement bloquée.

Le jeune homme semble la comprendre, et je lui laisse ma place sans un bruit. Je fais un signe à mon amie pour lui dire au revoir, et je m'enfuis vers l'intérieur, en essayant de remettre mes pensées en mouvement. Afin de ne pas me perdre dans ce dédale de couloirs, je m'adresse directement à l'accueil. Je ne sais même pas dans quel service se trouve Miho.

— Bonjour, je souhaite rendre visite à quelqu'un. Pourriez-vous m'indiquer le numéro de sa chambre ?

— Quel est son nom ?

Je grimace, parce que je sens que je vais devoir me présenter. Et je déteste mon prénom entier.

— Mihovac Andrews. Moi, je suis Ricky Orson Hardy, son meilleur ami. Je lui ramène les cours qu'il a manqué.

Je mens, mais elle n'a pas besoin de le savoir. De toute manière, elle va sans doute me refuser l'entrée parce que Monsieur est toujours contagieux.

— Quatrième étage, chambre 568. Le temps que vous montiez, il sera revenu de sa séance chez le kinésithérapeute.

Je la remercie et me dirige vers les ascenseurs, en me demandant bien pourquoi il a besoin de kiné, alors qu'il a une grippe. Peut-être que cet hôpital pratique des techniques expérimentales ? Par contre, je suis content qu'on ne m'ait pas envoyé bouler ; ça veut dire qu'il va mieux, et qu'il pourra bientôt sortir. L'entraineur en a marre de ne pas avoir son deuxième joueur vedette sous la main.

Mes converses crissent sur le sol en lino, et je presse le pas. Ça fait plus d'une semaine que je n'ai pas eu de ses nouvelles, je suis heureux de le revoir enfin. Je toque doucement à la porte, et j'attends qu'on me réponde. J'entends enfin la voix grave de Miho, et j'entre en souriant. J'ai déjà préparé ce que je vais lui dire. Mais je ne le découvre pas seul ; deux infirmiers le portent d'une étrange façon, en le tenant sous les cuisses, pour le mettre dans le gros fauteuil de la chambre. J'observe le tout avec un étrange regard, ne comprenant pas ce qui se passe. Peut-être que sa grippe est en train de muer en quelque chose de bien plus gros ?

— Salut, sicuzan, je viens aux nouvelles, parce que j'en ai un peu marre de parler à un mur.

Les deux infirmiers nous quittent, mais laissent le fauteuil roulant dans la chambre. Je croyais qu'il n'était utilisé que pour le déplacement des patients, et la sortie. À moins que Miho rentre chez lui ce soir, et qu'on lui ait demandé de se préparer ?

Ciel d'automne [BxB]Where stories live. Discover now