Avril - 5 / TW

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TW : Rappel de tout ce qui touche à l'agression de Rio) (oui, ça risque de rester un bon moment là)

Je dois attendre la fin de mon deuxième jour complet à l'hôpital pour enfin voir un chirurgien digne de ce nom. Je sais déjà ce que j'ai, puisque les médecins radiologues ont daigné m'expliquer. Mais ne pas avoir de traitement sous la main, ce n'est clairement pas agréable. Surtout quand on s'ennuie à cent sous de l'heure. Je suis presque heureux que Miho m'ait ramené des devoirs, c'est pour dire. Même si ce sont plutôt ses mots chuchotés dans mon oreille qui tournent dans ma tête, à la place des leçons de mathématiques. Le fait est que c'est grâce à mes sentiments pour lui que je ressens tout ce que je ressens lorsqu'il est proche de moi. J'ai repris la fiche que Lola m'avait envoyée en octobre - j'ai l'impression que c'était il y a des lustres. Je me souviens qu'il y avait deux pages et que je m'étais uniquement attardé sur la première, qui donnait la définition de base de l'asexualité. Au dos, si je peux le dire - étant donné que c'est du numérique - il y a les nuances pour aller plus loin. Exactement le stade où je suis. Et c'est comme ça que je l'ai trouvé. La réponse à ma question.

Lorsqu'on est très lié à une personne, qu'on ressent énormément de sentiments pour elle, on peut finir par développer de l'attirance sexuelle pour elle. C'est tout moi. Quand j'étais plus jeune, j'étais prêt à faire l'amour avec Caroline. Je ne me sentais pas poussé par les conventions sociales ou par la pression du collège. J'avais juste envie, parce que je l'aimais de tout mon cœur. Et cette envie s'est éteinte lorsque je suis sorti avec la fille suivante.

Je m'en souviens très bien. C'était le portrait craché de Caroline. Une jolie blonde aux yeux bleus. Elle était juste plus sulfureuse et savait très bien ce qu'elle voulait. Moi et ma popularité. J'ai cru qu'avec quelqu'un d'aussi beau et attirant, ça n'allait pas poser de problème, surtout que j'avais toujours mon ex en tête. On s'est peloté dans les règles, mais ce n'est pas allé plus loin. Je ne ressentais pas cette envie. Sur le coup, j'ai juste pensé que ce n'était pas la bonne. Mais il s'avère que toutes mes autres copines n'étaient pas les bonnes. Jusqu'à Miho.

Avec lui c'est pire qu'avec Caroline. Ça me vrille de partout, et c'est de plus en plus fort. Je pense même que la séparation a décuplé cette sensation. J'ai tout le temps besoin d'être proche de lui, et ma bouche ne réclame que la sienne lorsque je sais que nous sommes seuls.

Et puis, je me rends compte de ce qui se passe.

J'ai envie d'aller plus loin avec lui. C'est ça le truc. À cause de notre lien spécial, de mes sentiments effroyablement forts pour lui - ça me fait encore rire jaune qu'il en ait douté. Ça me fait flipper. Vraiment flipper. Mais je veux franchir ce cap avec lui.

C'est lorsque je saisis mon téléphone pour immédiatement lui annoncer que le médecin toque à ma porte. J'en sursaute, comme surpris dans une position compromettante, et je deviens plus rouge qu'une pivoine. Je prétexte un coup de chaud pour qu'il ne me pose pas de questions gênantes qui n'ont rien à voir avec mes pieds.

- Monsieur Hardy. Je m'excuse du temps que j'ai pris avant de vous rendre cette petite visite, mais comme vous le savez sans doute, je suis un homme très occupé. J'ai regardé vos radios et... que diable vous est-il arrivé ?

Ah, il n'a pas lu mon dossier. Je n'ai pas spécialement envie de raconter encore une fois l'histoire parce que les images reviennent dans ma tête avec la force des coups de poing que j'ai reçus. À chaque fois, je ferme les yeux extrêmement fort pour qu'elles disparaissent.

- Je me suis fait passer à tabac par des camarades de classe. Ils se sont munis d'un rouleau à pâtisserie en fer pour s'occuper de mes pieds, parce que je suis footballeur.

Ciel d'automne [BxB]Where stories live. Discover now