Juin - 7

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C'est au bout de trois heures que Paxton et moi - Papa est parti à son travail du samedi - nous décidons que nous en avons marre de tourner en rond à la maison, et que nous pouvons le faire à l'hôpital, là où se trouve maman. Au moins, quand elle sortira, nous serons informés rapidement. Je me doute que nous ne pourrons pas aller la voir en salle de réveil, mais on pourra attendre dans sa chambre. Le chemin sera déjà fait.

Nous montons donc dans la voiture - Papa est parti en bus pour nous la laisser - dans un silence de plomb. Nous sommes tous les deux plongés dans nos pensées, et pour ma part, elles concernent Maman. C'est la personne la plus importante de mon univers.

- Tu es sûr que ça ne te dérange pas que je revienne à la maison ? Tu n'as rien dit quand je l'ai annoncé.

- J'ai souri.

- Peut-être, mais tu sais aussi bien que moi qu'on peut facilement simuler ce genre de chose.

- Punaise, mais tu es aussi chiant que Miho quand tu t'y mets ! dis-je, exaspéré et fouillant frénétiquement dans les poches de mon manteau, pour trouver mon nécessaire.

Je me trimbale depuis quelque temps avec des post-its et un stylo pour des cas comme celui-ci. Pour être honnête, je ne pensais pas les utiliser avec mon frère. Mais apparemment, c'est un cas de force majeure.

Je griffonne donc rapidement deux mots sur un premier papier, que je vais coller sur le front de Paxton. Je fais de même avec le mien et je le regarde bien droit dans les yeux, même si ma vision est envahie d'orange.

- Tu as intérêt à écouter parce que je ne vais pas le répéter deux fois. Je t'aime. Tu es ma famille, au même titre que maman et papa. Et je te considère comme mon grand frère. Alors maintenant, tu ranges tes doutes au placard et tu enregistres dans ta tête que lorsque je souris, c'est sincère. Je suis heureux que tu reviennes vivre chez nous parce que les parents ne seront pas seuls quand je partirais. Et tu pourras veiller sur maman quand je ne suis pas là. Je te fais confiance là-dessus.

Paxton prend une respiration et je le coupe d'une main mise devant sa bouche.

- J'ai pas terminé ! C'est pour après les doléances. Donc, je voulais aussi rajouter que je t'ai pardonné. Pour tout ce qui s'est passé à mes douze ans. Tu as reconnu tes torts, tu as fait ton mea culpa et mieux encore, tu as incroyablement mûri. Moi aussi. J'ai grandi et j'en ai eu marre de me battre avec toi, d'être un cheval avec des œillères. Donc voilà. Garde ce fichu post-it dans ta poche s'il le faut, et si tu doutes de quoi que ce soit me concernant, tu le ressors et tu le lis.

Il tâte le sommet de son crâne pour décoller mon papier. Il le fixe avec un air interloqué, puis se tourne vers moi. Sur le sien, j'ai griffonné grand frère. Et sur le mien, petit frère. Ses pupilles brunes se remplissent d'émotions - mais ce ne sont pas des larmes - et il me sourit de toutes ses dents.

- Merci. Je m'en souviendrais. Comment tu as eu l'idée ?

- Les insécurités de Miho. C'est un peu comme ça que je lui ai révélé mes sentiments.

Paxton étire plus encore ses lèvres et pose une main sur sa joue, en appui sur le rebord de la fenêtre de la voiture.

- C'est mignon et original en plus. Je ne savais pas que tu étais un grand romantique.

- Je le suis. Même un peu trop, je dirais. Si j'avais le budget, je pense que je lui offrirais des fleurs tous les jours, juste parce qu'il le mérite. Et aussi parce qu'il adore ça.

- Okay, c'est encore plus mignon. Dis-moi petit frère, est-ce que tu t'y connais en bagues ?

C'est à mon tour d'étirer mes lèvres. Je ne sais pas pourquoi, mais je m'en doutais qu'il allait me parler de ça.

Ciel d'automne [BxB]Where stories live. Discover now