Janvier - 12

444 52 117
                                    

(évocation de remarques frisant avec l'homophobie, évocation de harcèlement scolaire)


- Je suis mort. Franchement, quelle journée !

Rio est allongé de tout son long sur son lit, d'une manière très étrange. Il est en diagonale, sur le dos, et sa tête pend de mon côté, à l'envers. Je vois le sang qui monte peu à peu par la coloration de sa peau et il risque de se sentir mal rapidement.

- Je suis entièrement d'accord avec toi. Mais c'était vraiment amusant.

Lorsque nous sommes arrivés, nous nous sommes immédiatement dirigés vers les quartiers généraux d'Innocent. Nous avons fait deux groupes : ceux qui visitent le site de production, et ceux qui vont dans les bureaux, et le laboratoire de création. Nous, on était de ceux-là. Et par mon statut de personne à mobilité réduite, on a pu monter les premiers, afin d'être parfaitement en place quand les autres nous rejoignent. Ça m'a fait beaucoup de bien de savoir ça, parce que je ne voulais pas qu'ils voient que je ne me sens pas bien lorsque je prends l'ascenseur. Surtout que celui-ci, ce n'était pas les deux pauvres étages de l'école. Non, il y en avait nettement plus. Nettement trop. Et c'est là que Rio a fait quelque chose que je n'imaginais pas possible. Il m'a pris le bras, et quand ceux-ci ont été croisés, il m'a attrapé la main pour me la serrer. Nous n'étions pas seuls dans l'ascenseur - un membre du personnel, ainsi qu'un parent d'élève nous accompagnaient. Mais il m'a vu trembler, il a remarqué ma panique et il est intervenu.

- Hey, ça va ?

Sa voix me coupe de mes pensées. C'est étrange qu'il soit dans ce sens-là tout inversé. Mais son sourire est toujours le même, tout comme l'éclat dans ses yeux, et ça, c'est l'essentiel.

- Désolé. Je me remémorais notre arrivée et la visite de la Fruit Tower. C'était vraiment gentil de ta part de m'avoir rassuré dans l'ascenseur. Tu n'étais pas obligé.

- Si je ne peux pas arrêter d'être trouillard dans une ville où on ne connaît personne, je ne vois pas quand le faire. Et puis... je crois que même si j'avais été uniquement ton ami, je t'aurais pris la main. Je suis incapable d'imaginer ce que ça fait de se sentir oppressé de partout, mais par contre, j'ai la possibilité de te montrer que je suis là, et que tout va bien se passer.

Mes joues changent légèrement de couleur, et j'évite son regard. Je me penche sur mon téléphone, dans le but de complètement ignorer les battements effrénés de mon cœur. Plus on avance dans cette relation, plus j'ai l'impression qu'il accélère. Un de ces jours, je vais avoir une crise cardiaque, et ça sera la faute du garçon en face de moi.

Il se remet en position normale, et pose les pieds au sol. En quelques pas, il est devant mon lit. Il hésite deux secondes avant de s'y asseoir, et de me saisir les mains. Je dois rougir encore plus, alors que ce n'est pas du tout la première fois qu'il fait ça.

- Hey...

Et là, il me sort la petite voix toute mignonne et tout inquiète. C'est définitif. Il en veut à ma santé, et à mon bien-être cardiaque. Je ne vois pas d'autre explication.

Je prends une grande respiration, avec l'objectif de lui répondre, mais mes yeux croisent les siens. Ils descendent ensuite vers ses lèvres, que je découvre en train d'être mordillées. Oh, non. Ce n'est pas vrai. Et maintenant, il a envie qu'on s'embrasse. Je... je ne suis pas capable de résister moi. Il est là, tout au bord du lit, ma main dans la sienne, tout sérieux. Nous sommes seuls, je l'ai entendu fermer la porte à clef - une directive de notre professeur pour éviter toute intrusion dans les chambres - et il est à quelques centimètres de moi. C'est beaucoup trop tentant.

Ciel d'automne [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant