Ciel d'automne [BxB]

Avril - 4 / TW

TW : Rappel de tout ce qui concerne l'agression physique à caractère homophobe : violence physique, insultes, sang, traces de coups

HSC : Health System Care (système de Santé Nord-Irlandais)

(pour me faire pardonner d'être un monstre, ce chapitre est plus long que d'habitude)

La théorie de Samuel sur Miho se révèle être totalement juste. Celui-ci me rend rend visite au moment où le blond quitte l'hôpital, après une prescription d'antidouleur, du repos chez lui, et un cours de marche avec des béquilles - ces choses coûtent affreusement cher d'ailleurs, et c'est à notre charge, puis que le HSC ne peut pas s'occuper de notre hospitalisation et du reste. Je me doute que je vais bientôt avoir le même traitement même si apparemment, mes blessures à moi sont plus importantes que celle de Samuel - il n'a qu'une fracture du tibia, et une foulure à la cheville, et moi j'ai hérité non pas d'une, mais de deux fractures du métatarse. Je n'ai strictement rien compris, et vraisemblablement, le chirurgien orthopédique qui est spécialiste là-dedans est plutôt occupé. Je suis cloué à l'hôpital depuis un jour et demi et je ne l'ai toujours pas vu. Mais apparemment, c'est assez violent. Ça ne m'étonne pas, vu qu'on m'a tout de même frappé les pieds avec grand rouleau à pâtisserie en métal. D'après internet, auquel j'ai réussi à accéder par je ne sais quel moyen, c'est normal pour ce type de fracture. Et je ne préfère pas penser au reste des informations que j'ai pu dégoter. J'attends ce que le chirurgien va me dire.

Lorsque le visage de mon petit-ami apparaît sur le pas de la porte de ma chambre, j'oublie toutes mes préoccupations concernant mes os. Mon sourire vient illuminer ma figure, et je n'espère qu'une seule chose : qu'il soit proche de moi pour le toucher. Ces dernières semaines, on ne s'est pas beaucoup vus. D'abord il y a eu son attaque - les bleus commencent à disparaître de son visage, et je sais qu'Abi lui a prêté du maquillage pour que ça se remarque moins - sa convalescence - puisqu'il a également eu le droit à une côte cassée, à cause de sa chute brutale au sol, et aux coups reçus - l'attaque de Samuel et la mienne. Toutes les merdes se sont enchaînées sans nous laisser le temps de souffler et de nous retrouver. C'est presque la première fois que j'ai un instant avec lui, seul - enfin, plus ou moins, étant donné que quelqu'un peut débarquer à n'importe quel moment.

- T'as une sale tête, dit-il, en positionnant son fauteuil près de moi.

- Je sais. Mais ça va, tu m'aimes quand même.

- Figure-toi que tu as la chance de ne pas être tombé sur quelqu'un de superficiel, et qui ne veut pas être associé à un zombi au visage tuméfié. Donc oui, je t'aime toujours, dit-il, en riant.

Il sait très bien que lui n'est pas mieux. De plus, l'humour cache surtout une grande dose d'inquiétude. La preuve, il n'approche même pas. Si bien qu'une idée me vient. J'attrape la télécommande du lit, et j'appuie sur un des boutons. Lorsque je suis arrivé, l'infirmière m'a fait tout un petit cours là-dessus. Je descends donc le matelas à hauteur du fauteuil de Miho, qui sourit au fur et à mesure de mes mouvements.

- Je te manque tant que ça que tu fais tous ces efforts pour me retrouver ?

- En soi, comme j'ai pure interdiction de quitter ce lit si je ne suis pas accompagné, c'est plutôt toi qui viens à moi. Et n'aie pas peur de me blesser, je suis shooté aux médicaments. D'ailleurs, je suis très heureux de m'exprimer normalement. Si je te dis des trucs bizarres, excuse-moi. Ce n'est pas voulu.

- Moi aussi, alors bon, je ne suis pas mieux.

Il me sourit comme il sait si bien le faire, et un poids s'échappe de mes épaules. Je n'oublie rien, mais là, je me construis simplement une bulle de bien-être. Et rien ni personne ne pourra la briser.