Juin - 1

201 29 20
                                    

Avec le retour du mois de juin, les températures remontent tout doucement. Le ciel est de plus en plus bleu, au grand bonheur des admirateurs de cette couleur, et les chemises d'uniforme sont remontées sur les coudes. De plus, c'est le dernier mois officiel de cours, puisqu'en juillet, nous passons nos A-Level et nous sommes libérés de toute obligation.

Mais pour moi, ainsi que pour ma famille, le mois de juin est synonyme d'appréhension, de courage et de force.

Je suis assis dans la cuisine, en train de petit-déjeuner. Pour la première fois de ma vie, j'ai demandé à mon père de lire son journal. Il n'a pas été très surpris, à en juger le premier titre de celui-ci. Parce que ce journal, il parle de moi, ainsi que de Miho et Samuel.

BELFAST TODAY

L'EAU LA PLUS CLAIRE PEUT ÊTRE LA PLUS BOUEUSE : LA VÉRITABLE IMAGE DE CLEAR LAKE GRAMMAR SCHOOL

LE TÉMOIGNAGE GLAÇANT DE TROIS EX-STARS DU FOOTBALL

La réputation de Clear Lake n'est plus à faire à Belfast : chaque habitant la connaît et la reconnaît, perchée en haut de sa colline, après Lake Road. Les meilleurs éléments de notre ville y sont inscrits. Les futurs médecins, avocats et professeurs émérites y ont fait leur classe. Son nom, son bâtiment, ses droits d'entrée, tout y est prestigieux, et il ne faut pas être moyen pour espérer y entrer. Non, il faut être le meilleur dans sa catégorie.

Mais une image si lisse et parfaite ne cache-t-elle pas d'autres choses ? Des poissons à noyer, de la poussière à glisser sous le tapis ? Cela fait longtemps qu'ici, à Belfast Today, nous tentons de briser le mystère et le masque de cette école si claire. Et aujourd'hui, nous avons découvert des kilos et des kilos de boue.

Favoritisme, couverture, absence de sanctions, sexisme, homophobie, violence physiques comme morales, cet article va vous révéler tous les dessous cachés de Clear Lake. Toute la boue qu'elle essaie de faire couler au fond de son lac à l'eau bleutée.

Trois jeunes élèves ont décidé de briser le silence et de balayer les masques. De faire tomber les étiquettes, pour citer l'un d'entre eux. Attaqués à même leur chair, ils se sont présentés à nous armés de béquilles et de fauteuil roulants. Les bleus sur leur visage se sont effacés, les lèvres se sont refermées, mais certaines marques sont encore bien présentes sur leur corps. L'un a manqué de mourir sur la table d'opération par une perforation du poumon, l'autre a eu les deux pieds immobilisés pendant six semaines et ne pourra peut-être pas retrouver son niveau de jeu. Ils sont marqués, ils sont traumatisés, mais ils sont vivants, et veulent parler.

Le premier qui prend la parole est le capitaine de l'équipe de football masculine de Clear Lake.

Belfast Today : « Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? »

Rio Hardy : « Je me nomme Ricky Orson Hardy, mais la majorité des personnes hormis ma mère m'appelle Rio. Je suis le milieu de terrain principal de l'équipe de football de Clear Lake, et j'ai gagné mon brassard de capitaine en milieu de year 11. J'ai dix-huit ans, je passe bientôt mes A-Level et j'ai la joie d'avoir été accepté dans l'université de mes rêves »

BT : « Félicitations à vous ! Pouvez-vous nous parler de ce qui vous est arrivé le 6 avril 2017 ? »

RH (il serre les poings) : « Le 6 avril 2017, lorsque je suis allé aux toilettes pour me soulager, comme tout être humain normalement constitué, je me suis fait attaquer par trois de mes camarades, dont un coéquipier de mon équipe. Ils étaient tout d'abord armés de leurs poings, avant de sortir des rouleaux à pâtisserie de leur sac, parce qu'ils font une option cuisine. Je sais que cela peut paraître ridicule, mais ces choses-là sont douloureuses. J'ai été frappé tout particulièrement sur mes pieds pour m'empêcher de jouer au football. »

Ciel d'automne [BxB]Where stories live. Discover now