Juin - 5

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(c'est un peu chow, et discussion frisant l'homophobie)

Nous avons quitté maman à la toute fin des visites. Elle nous a presque jetés dehors quand son repas est arrivé. On lui a dit au revoir chacun notre tour, en lui faisant le plus gros câlin du monde. On a décidé, d'un commun accord, de ne pas lui parler de ce qui s'est passé peu de temps avant. C'est un secret entre les hommes Hardy.

Nous sommes dans la voiture de retour chez nous. Nous passons à la maison pour nous changer - mes habits sentent fort l'hôpital - et nous nous rendons chez les Andrews. J'envoie quelques messages à Miho pour lui expliquer que maman va bien, qu'elle est prête et que la chirurgienne sait exactement quoi faire. Elle nous a expliqué la procédure de A à Z, même si nous n'avons pas compris grand-chose à son charabia de médecin.

> Et j'ai vu l'anesthésiste ! J'ai pensé à toi, quand tu seras à cette place 🧡

Je vois parfaitement bien Miho dans une dizaine d'années, après ses longues études, en train de rassurer une mère qui se fait opérer. Le sourire avec les yeux, sous le masque. La bienveillance et la douceur qui le caractérisent. Il fera un métier utile, contrairement au mien.

> J'espère que je n'aurais pas trop d'opération ou de rendez-vous pendant tes matchs importants. Je ne voudrais pas les rater 🧡

C'est ça qui est génial dans notre relation. Même si nos choix de carrière vont nous séparer - je persiste et je signe, uniquement de manière géographique - nous nous encourageons de tout notre cœur. Je lui enlève ses doutes sur ses capacités à être médecin. Il me répète que les footballeurs font rêver les gens et que c'est tout ce qu'il y a de plus utile. On montre, encore une fois, qu'on est complémentaire. C'est pour ça que je lui réponds.

> Je t'aime 🧡

Je fais très rarement des déclarations spontanées comme celle-ci, et encore moins de manière aussi simple. Mais la, c'est parti tout seul.

> Moi aussi 🧡

On est peut-être ridicules, trop romantiques et trop fleur bleue avec nos cœurs orange et nos mots d'amour. Mais je m'en fiche comme de mes premiers crampons. Je suis comme ça, il est comme ça et c'est tout ce qui importe.

Lorsque nous arrivons chez les Andrews, j'ai toujours mon grand sourire aux lèvres. J'ai mis le polo que Miho m'a offert à Noël, ainsi qu'un jeans noir aux jambes serrées. D'après lui, ça me va particulièrement bien. À mes pieds traînent mes vieilles converses blanches, qui ne le sont plus depuis vraiment longtemps.

C'est moi qui sonne et c'est Viktor qui m'ouvre. Il m'offre une tête étrange et me fixe de haut en bas. Pourtant, ce n'est pas la première fois qu'on se revoit depuis qu'il sait que je sors avec son frère.

- Mihovac trépigne d'impatience dans sa chambre. Je pense qu'il t'attend.

Je hoche la tête et j'avance en premier dans le salon des Andrews. Benedict est dans la cuisine en train de s'affairer et Margareta lit le journal sur le canapé, les jambes repliées pour se détendre un peu. Je les salue d'un sourire et d'un bonsoir amical et je fais attention qu'ils soient de nouveau focalisés sur leurs activités pour me diriger vers la chambre de Miho. Bien que nos parents soient au courant pour notre relation, nous évitons le plus possible de nous exposer devant eux. Je sais que le fait de devoir encore se cacher même après être sorti du placard peut s'apparenter à de l'homophobie. Mais on leur laisse le temps. On y va petit à petit. Des mains saisies, par-ci par-là, des épaules qui se touchent, des sourires plus profonds qu'autrefois. Rien de très visible, mais qui n'est pas invisible pour autant. Petit à petit.

Ciel d'automne [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant