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BELFAST TODAY

CLEAR LAKE ET LE CRIME, UNE AFFAIRE QUI DURE ?

LE PROCÈS D'UN MEMBRE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION MET LE MONDE SCOLAIRE EN ÉBULLITION ET ANNONCE LE VENT DU CHANGEMENT.

Le feuilleton Clear Lake continue ! Après notre choquante découverte des dessous de cette école prestigieuse (voir le numéro 3478 du 9 juin 2017), nous avons été mis au courant par la directrice, Heather Pearce, herself, qu'un membre du conseil d'administration a été poursuivi en justice, et que son procès était aujourd'hui même. Il n'en faut pas plus pour qu'un journaliste tel que votre fidèle Andrew Clarke attrape toutes ses affaires et se rende au tribunal de la ville.

Et si les révélations que nous vous avons faites ont été surprenantes, accrochez-vous bien à votre siège ou à votre journal, parce que ce n'est pas fini. J'ai eu la joie (ou la tristesse, tout dépend du point de vue duquel nous nous plaçons) de retrouver un de mes interviewés à la barre de l'attaque. Il a fallu d'un coup d'œil dans la salle pour découvrir qu'un deuxième interviewé était également présent. Je n'ai malheureusement pas eu le temps d'aller leur poser des questions, puisque le procès commençait.

Cela aurait pu ressembler à n'importe quelle affaire de délit de fuite si les faits n'avaient pas daté du mois d'octobre. L'avocate de l'accusation a expliqué les faits avec un ton très froid. Le commissariat où a été enregistré l'accident aurait perdu le dossier à cause d'une restructuration informatique et celui-ci aurait été découvert par un stagiaire engagé pour faire du rangement numérique. Mon sens du mauvais mensonge s'est déclenché en entendant cela, et il était clair que Me Jefferson n'y croyait pas non plus. Pourtant, il ne s'agissait pas du procès de la police de Belfast, et nous avons avancé dans le descriptif des faits.

La voiture de Nigel Buckley, membre éminent du conseil d'administration de Clear Lake, a percuté Mihovac Andrews alors que celui-ci était sur son vélo, avec des bandes réfléchissantes et un gilet, et qu'il roulait sur la piste qui lui était réservée. Monsieur Buckley était apparemment pressé, puisqu'il a dépassé une voiture en rognant sur la piste cyclable. Et Monsieur Buckley aurait également besoin de lunettes, puisqu'il n'a pas vu Monsieur Andrews, pourtant tout à fait équipé pour la conduite cycliste en ville.

La défense a ensuite pris la parole, et a tenté d'expliquer les faits. Le conducteur ne serait pas Monsieur Buckley, mais son chauffeur (présent dans la salle). Tout ceci ne serait qu'une simple erreur d'accusé, puisque la voiture a beau être à son nom, il ne la conduisait pas à ce moment précis. L'accusation a alors enchaîné sur le fait que la voiture était déclarée « hors de la route », que ceci était une preuve de culpabilité et que même si ce n'était pas lui qui conduisait, son employé est sous sa responsabilité.

L'accusation a ensuite enfoncé le clou en appelant à la barre le gérant du magasin dont la vitrine a été explosée par le corps de Monsieur Andrews. Il a vu la voiture démarrer en trombe après l'accident, et il a surtout vu la tête du chauffeur. Ce ne pouvait pas être ce pauvre homme accusé à tort dans la salle, puisque celui-ci est noir, et que le chauffard était blanc (le témoin en était certain). C'est lui qui a appelé les secours pour que ces derniers prennent en charge Monsieur Andrews, et qui a fait la déclaration à la police.

Le juge n'a pas pris longtemps avant de rendre son verdict. Les preuves étaient accablantes et l'accusé ne semblait pas regretter d'avoir commis ce crime (je rappelle à nos chers lecteurs qui ne sont peut-être pas des spécialistes de la loi de notre beau pays que le délit de fuite est bien considéré comme un crime, puni de six mois d'emprisonnement). Le juge l'a déclaré coupable, l'a envoyé en prison et surtout, l'a condamné à verser près de cent mille livres de dommage et intérêts. L'avocate de l'accusation semblait particulièrement heureuse à cette annonce. Après recherche, il s'avère que ce sont les prix pratiqués comme dommage et intérêt lorsqu'il y a eu un accident corporel dans un délit de fuite. Et plus l'accident est important, plus la somme grimpe. Monsieur Andrews ayant été privé de l'usage de ses jambes, la compensation se devait d'être élevée.

Ciel d'automne [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant