Ciel d'automne [BxB]

Juin - 11

Lorsque Daisy commence à évoquer l'équipe féminine, tout un groupe de filles, de différentes maisons, se lève et vient la rejoindre au centre du gymnase. Daisy semble complètement déboussolée par ce qui est en train d'arriver. Une de ses coéquipières aux cheveux noirs comme le charbon et à la peau très blanche - drôle de contraste - lui vole même son micro.

- Je sais que ce n'est pas très conventionnel, mais il n'était pas question que notre capitaine adorée se félicite elle-même pour tout le travail qu'elle a fait avec nous. Je suis de la même année qu'elle, et je me souviens très bien lorsqu'elle est arrivée ici, en year 12. Tout le monde était heureux de récupérer le Bulldozer rose parmi nous, même si quelques doutes persistaient quant à sa loyauté. Mais non seulement elle nous a montré que Clear Lake était son école, mais également sa famille. Elle nous a soutenues, encouragées, motivées à donner le meilleur de nous-mêmes. Cette année bien plus que les autres, lorsqu'elle a enfin obtenu ce brassard qui lui revenait de droit. On ne t'oubliera jamais, Daisy le Bulldozer, parce que grâce à toi, nous sommes les championnes.

Deux filles débarquent des vestiaires par les doubles portes - comme les joueurs de basketball quand ils arrivent sur le terrain - avec une réplique de la coupe que les filles ont gagnée - l'autre est dans la vitrine exposée dans le couloir principal de l'école - ainsi qu'un ruban bleu comme le jersey de nos maillots. Daisy observe tout cela bouche bée. Elle ne s'y attendait pas, alors que ses coéquipières ont raison. Elle est exceptionnelle.

Si je marchais plus rapidement qu'une tortue malade, je me lèverais d'un bond et j'irais faire un petit discours sur les qualités de ces filles, et sur leur domination sur nous. À chaque fois que nous faisions des matchs d'entraînement ensemble, nous perdions contre elle. Bien entendu, mes coéquipiers déclaraient au coach qu'ils faisaient exprès de perdre pour leur faire plaisir. Mais ce n'était pas vrai. Une fois dans les vestiaires, soi-disant à l'abri des oreilles féminines, c'était le festival de l'insulte et de l'égo blessé. Avec Miho, on mettait nos écouteurs respectifs pour ne pas les entendre. C'était affreux.

On aurait dû réagir et dire quelque chose pour qu'ils arrêtent. Leur faire comprendre que ce n'est pas comme ça que nous allions gagner. Mais la bande de John - puisqu'il s'agissait d'elle - était effrayante. Je n'ai pas été surpris lorsque, pendant mon attaque, il a ramené un colosse de l'équipe de rugby avec lui. Il est très ami avec eux, et parfois, je me demandais s'il ne s'était pas trompé de sport. On avait tout simplement peur qu'en parlant, ça soit notre petite pomme qui s'en prenne une, ou qu'on se retrouve coincé par deux molosses de l'équipe de rugby.

- Ouais Daisy !

Je sursaute en entendant ce cri. Je me tourne vers Miho, qui me désigne les gradins en face de nous. C'est Valentin qui vient de crier cela, les mains en porte-voix. Bien sûr. Il n'y a que lui pour faire une chose pareille. Par contre, il ne va pas rester seul longtemps. Pendant que les filles attrapent leur capitaine pour la porter en honneur, Miho siffle à deux doigts, et j'encourage la joueuse avec Valentin.

- T'es trop forte Daisy !

Valentin commence à frapper des mains et encourage sa maison - celle de Daisy - à faire de même. Je ne perds pas de temps à l'imiter avec la nôtre, et finalement, tout le monde s'y met. Nous tapons en rythme dans nos paumes, pour encourager la jeune femme. Mon sourire ne parvient pas à se décoller de mes joues.

Après plusieurs minutes dans les airs, Daisy demande à redescendre sur la terre ferme. Elle attrape ensuite le micro pour remercier son assistance, ainsi que toutes ses coéquipières, même celles qui ont déjà obtenu leur diplôme.

- J'ai débarqué comme une fleur il y a de cela trois ans et sans elles, sans leur bienveillance à mon égard, sans l'unité de groupe que nous avons construit, nous n'aurions pas pu en arriver là. Cette coupe, c'est le résultat d'un travail d'équipe.