Juillet - 11

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En chemin, nous croisons Valentin, accompagné d'Eliot et de deux garçons qui ne me disent strictement rien. Ils ne sont pas en toges, donc ils ne sont pas élèves comme nous. L'un d'eux discute vivement avec Valentin, et je n'ose pas trop les interrompre. C'est le deuxième, un grand aux cheveux noirs assez étranges qui nous repère, et fait se retourner le blond vers nous. Il nous fait signe d'approcher, même s'il paraît occupé.

- Rio, Miho, je vous présente mon cousin Charles, et Konstantin, son...

À la manière dont ils se regardent, je n'ai même pas besoin du mot de Valentin. Je sais déjà qu'ils ne sont pas amis, mais bien plus.

- Copain, termine le mec aux cheveux noirs, qui sont définitivement bizarres. J'ai l'impression de vous connaître tous les deux. Vous faisiez quoi, dans cette école de malheur ?

- On jouait au foot, complète Miho. Enfin, moi, je n'y joue plus, mais lui, il est super fort. C'est sans doute comme ça que tu nous as vus. Je suis désolé si notre équipe a roulé sur la vôtre.

Le deuxième garçon, aux cheveux bruns très frisés, nous sourit de toutes ses dents.

- On était ici en cours, donc on est plutôt content que vous ayez roulé sur d'autres équipes. Signe qu'il n'y a pas forcément que du mauvais dans cette école.

- Oh, Valentin vous a raconté ce qui nous est arrivé ? les interrogé-je.

Celui aux cheveux noirs baisse la tête. C'est à ce moment-là que je comprends ce que je trouve bizarre dans sa couleur. Il y a des reflets bleus foncés, qui sont très visibles dans cette position. Oh. Il a dû faire ça pour éviter d'être critiqué, tout en gardant une part d'originalité. C'est extrêmement malin de sa part, et je ne peux pas m'empêcher de faire un tout petit sourire, avant de me rappeler de quoi nous parlons actuellement.

- Non, on l'a su par Heather. C'est une grande amie, et elle a eu très peur pour son petit frère. Même si Monsieur vit en Russie et que moi, je fais mes études en France, elle est venue chercher notre aide. Elle avait juste besoin d'être écoutée, la pauvre, nous répond Charles - si je ne me trompe pas. Et vu que vous avez utilisé « nous », je me doute que vous êtes les deux autres garçons malheureusement impliqués dans cette histoire.

Les deux froncent les sourcils, et nous regardent fixement. Celui que je finis par deviner être Konstantin me prend même par les épaules.

- On devrait jamais vous faire ça. Jamais. Ce mec mérite la prison, tout simplement. Et même si on vous connaît pas du tout, sachez qu'on est avec vous. Et qu'il faut pas se laisser gagner par la peur. Croyez-moi, la peur, ça craint.

C'est la deuxième fois que j'entends ce genre de chose, et je suis encore plus d'accord maintenant, après les évènements d'avril. Je me répétais ça à chaque fois que je rentrais dans cette école. Ça ne marchait pas spécialement, ça ne calmait que temporairement mes crises d'angoisse, mais j'avais l'impression de lutter et de ne pas me laisser vaincre par la panique. Et ça, c'était déjà une mini-victoire.

- Merci. C'est très gentil à vous, conclut Miho.

- Bah tu sais, entre arcs-en-ciel, on se soutient. N'est-ce pas ? termine Charles, en fixant tout le monde.

Eliot hoche la tête, clairement ailleurs. Je ne sais même pas s'il a écouté notre conversation. J'ai peut-être une idée de pourquoi il est dans cet état-là. D'après ce que je sais de lui, ça ne m'étonnerait pas qu'il soit major de promotion. Et c'est bien connu, les meilleurs doivent faire un discours devant tout le monde. Ça ne doit certainement pas être facile.

Nous décidons de laisser les quatre garçons tranquilles, pour retourner en quête de nos places. Et lorsque nous arrivons devant l'écriteau réservé pour Monsieur Andrews, nous découvrons un trou - dans le sens où il n'y a pas de chaise.

Ciel d'automne [BxB]Where stories live. Discover now