Ciel d'automne [BxB]

Janvier - 1

Petite surprise pour les chapitres de janvier !

D'après les croyances populaires, le mois de janvier est celui du renouveau - ou alors, je confonds avec mai, et ce que je dis n'a aucun sens. La nouvelle année, de nouvelles résolutions qui tiendront une semaine, de nouveaux jours, tout frais, prêts à être vécus à fond. Sauf que pour moi, le mois de janvier va être celui de la déconfiture.

- Tu fais une de ces têtes Miho. Un conseil, évite les miroirs. Je ne veux pas être maudite pendant sept ans à cause de toi.

Nous sommes en voiture, de retour de nos vacances, les seules que nous prenons de toutes celles disponibles dans le calendrier - hormis celle d'été, mais ce n'est pas nous qui payons, alors elles ne comptent pas. Je suis content d'avoir passé autant de temps avec grand-père. Je crois que ce que j'ai préféré, c'est la course de fauteuil dans la neige. On a fait ça sans prévenir personne, parce qu'on se doutait bien que grand-mère et mes parents ne seraient pas d'accord. On a juré avec nos petits doigts, et on s'est promis d'emporter notre secret dans la tombe.

Mais une ombre persiste : je n'ai pas eu de nouvelles de mon petit-ami, depuis le soir du bal de notre école, il y a une semaine et demie. Rien pour Noël, rien pour Nouvel An. Il pourrait me faire croire que son téléphone n'a plus de batterie, mais je le connais suffisamment bien pour savoir que ça ne le stopperait pas. Ce genre de chose, c'est super important pour lui, parce que les fêtes de fin d'années sont des fêtes de famille. Et il me considère comme tel. Donc je suis certain qu'il y a un problème. Parce que Rio est parfaitement au courant que je préfère l'honnêteté à sa technique très moyenne de l'autruche. Parfois, je regrette de lui avoir acheté un polo Ralf Laurens pour Noël. J'aurais dû trouver un logo avec cet animal plumé qu'il semble apprécier, et non le beau cavalier brodé.

- La vitre de la voiture est en verre, et elle ne s'est pas brisée. T'inquiètes pas Abigail, tu ne seras pas maudite à cause de moi. J'ai juste pas envie de reprendre les cours. Rien de grave. Je serais bien resté avec Papy et Mamie.

Il y a une part de vrai là-dedans. Rio ne comprendra jamais, mais passer de la star de foot en second à un sombre inconnu, c'est douloureux pour l'égo. On croit qu'on ne vaut plus rien, qu'on n'est plus digne de rien, que toutes les réalisations ont été oubliées, rayées de la carte. Je n'ai jamais été débordant de confiance en moi comme cette tronche de potiron, mais là, elle est au ras des pâquerettes. Je ne suis plus personne, et je ne le vis pas très bien. Et je ne sais pas avec qui en parler.

Malheureusement, les séances chez un psy - qu'il soit médecin ou pas - coûtent un bras au Royaume-Uni. Alors j'ai dû faire une croix dessus, lorsque je suis sorti de l'hôpital. Il y a bien les centres pour les jeunes, qui sont censés être gratuits, mais ils sont surbookés, et je ne suis pas spécialement le premier choix. Après tout, le seul besoin que j'ai, c'est de discuter.

Je pourrais le faire à la rigueur avec Daisy. Mais elle aussi, elle semble super occupée en ce moment. Elle a été élue présidente du conseil des élèves, elle est capitaine de son équipe, elle a des amis proches avec qui elle déjeune tous les jours et que je ne connais pas spécialement - hormis peut-être Valentin, qui était mon compagnon de galère à l'hôpital. Et pour en rajouter une couche, je crois bien qu'elle a un copain. Non, vraiment, encore une fois, je ne vais pas la déranger avec ça.

Quant à Rio, il est exclu de l'équation. Tout bêtement parce qu'il est trop optimiste pour moi. Dans ce tableau-là, je n'ai pas besoin de ses phrases encourageantes, de son verre à moitié plein. Mais non, tu n'es pas un sombre inconnu ! Je suis sûr que tu manques beaucoup aux gars. Mais oui Rio, ces mêmes gars qui m'insultaient - sans le savoir, mais quand même - à longueur de journée et qui n'avaient qu'un seul rêve, celui de me voler ma place d'attaquant vedette. C'est certain qu'ils regrettent ma présence. À l'extrême rigueur, peut-être Samuel, mais j'avoue qu'en ce moment, moins j'entends parler de lui, mieux je me porte.