Ciel d'automne [BxB]

Mai - 6

Mes yeux se dirigent vers les deux autres, qui me sourient. Je suis heureux qu'ils acceptent que je vienne avec eux. Parce que Daisy a totalement raison. J'ai l'impression que ça fait des mois qu'on ne s'est pas retrouvés ensemble.

- Avec joie, tranche Eliot.

- Il faudra juste trouver un endroit où mon fauteuil peut passer. Parce que je crois que La Gourmandise est en travaux, et c'est le seul endroit que je connais qui peut être rendu accessible.

- Figure-toi que les travaux sont terminés, annonce Daisy, en me faisant un clin d'œil. Le salon de thé est maintenant pourvu d'une magnifique rampe d'accès, et de marquage au sol pour les personnes aveugles, comme à la gare. Madame Ayase s'excuse du temps qu'elle a mis, d'ailleurs.

- Cette femme est trop bien pour ce monde, c'est moi qui vous le dis, déclaré-je, en posant mes mains sur mes joues.

Valentin reste entièrement silencieux et je décide immédiatement de lui parler sur le chemin nous menant vers la Gourmandise. Le silence, ce n'est rarement une bonne chose ni un bon signe.

Nous nous dirigeons donc vers la sortie, mais pas celle que j'imaginais. Pourtant, l'arrêt de bus pour nous rendre dans le quartier de la pâtisserie se trouve de l'autre côté de l'école. Je ne comprends pas ce que fait Daisy.

- Elle ne veut pas passer par Lake Road à cause de moi, se penche Valentin, voyant mes sourcils froncés. C'est là que je me suis fait renverser. Eliot est incapable d'y mettre les pieds sans trembler de tout son corps. Quant à moi, je ne suis pas rassuré non plus. Ça fait un détour, c'est vrai. Mais Daisy s'en fiche. Elle ne veut pas nous rendre mal.

Je souris discrètement. C'est du Daisy tout craché ça. Elle se préoccupe du bien-être et du bonheur des autres, sans demander son reste. C'est une reine, tout simplement.

- Elle est exceptionnelle, réponds-je enfin. J'espère juste qu'elle finira par s'en rendre compte.

Valentin me sourit de toutes ses dents. On sent immédiatement qu'il tient à cette fille comme à une membre de sa famille, et qu'il l'aime de tout son cœur. Je peux comprendre ça. C'est ce que je ressens pour Miho, même si les sentiments amoureux viennent se mêler de tout ça.

- Dis Rio, est-ce que je peux être franc avec toi ?

- Oui. Vas-y. Franchement, avec ce que j'ai vécu le mois dernier, la franchise un peu brutale, c'est le dernier de mes soucis.

- Okay. Qu'est-ce que tu sais sur Lola ? Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?

Je me fige. D'accord, c'est lui qui part directement sur ce sujet. Je pensais être un peu subtil, tenter de lui dérober les informations dont il dispose. Pas entrer les deux pieds dans le plat avec la grâce d'un éléphant dans un magasin de porcelaine.

- Je ne pense pas que ça soit à moi de te le dire. C'est personnel et ça ne me concerne pas. J'aurais l'impression de la trahir.

- D'accord. Alors je vais te dire ce que moi je sais, et tu vas me faire des signes très discrets pour affirmer ou infirmer mon propos. Bon sang, je suis désolé, je me mets à parler comme Eliot.

Je souris à la dernière remarque, et je hoche la tête pour montrer que je suis d'accord. Avec le ton qu'il prend, je suis presque certain qu'il sait déjà tout.

- Elle est amoureuse de lui, n'est-ce pas ? Elle aime Eliot et vu la tête qu'ils font quand ils ont le malheur de se croiser, elle lui a dit. Peut-être pendant le mariage. Je me souviens qu'à un moment, Heather et moi on cherchait nos moitiés et on n'arrivait pas à les trouver. Ils devaient discuter ensemble, à tous les coups.