Mars - 6

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Cinquantième partie et fin de Mars !

Aujourd'hui, à l'entraînement, l'équipe entière est en effervescence, surtout les dernières années. Nous venons d'être prévenus que plusieurs recruteurs d'universités seront présents à notre prochain match - qui est également la finale du tournoi régional des Grammar School. Tout le monde veut être sur le terrain et se donner à fond. Moi, j'ai fait le vide avant de rentrer dans les vestiaires, parce que je ne peux pas me permettre d'avoir les pensées ailleurs. Vendredi soir, je vais jouer mon avenir au stade de l'école, dont les billets ont déjà été tous vendus. Et je ne sais pas si le rituel aura lieu.

J'ai donné ma lettre à Lola il y a une semaine et demie. Elle l'a transmise à Miho le jour même de ma remise, mais je n'ai aucune nouvelle. Il m'évite toujours, et refuse de me voir lorsque je vais toquer chez eux. Par contre, Abigail m'a envoyé un message il y a deux jours. Sa déclaration à Caroline est en bonne voie, et elle prépare le terrain. Je m'en réjouis. Au moins deux personnes de notre quatuor infernal seront heureuses.

J'essaie de ne pas penser à mon meilleur ami, parce que je sens, intérieurement, que d'autres choses vont me tomber sur le coin de la figure. Je n'ai pas revu John depuis qu'il s'est fait frapper le nez par Samuel. Il ne devrait pas être présent, puisque son médecin lui a conseillé d'éviter tout effort sportif pendant six semaines. Mais comme il se considère plus fort que tout le monde, il se promène avec son hématome à l'air. Il fait clairement peur, et je ne me vois pas lui dire de mettre un peu de maquillage pour cacher cette tache violet-bleu. Il me cracherait dessus.

Samuel fait comme si de rien n'était. Il se change, la tête face au mur, comme d'habitude. Il a toujours été ainsi, très rapide et très discret. Vu ce qu'il traverse intérieurement, je peux comprendre. En l'observant, je ressens la même chose que lorsque je pose mes yeux sur mon frère. Une envie de calmer ma colère, et un désir de pardon. Mais pour l'instant, je ne ferais rien. Parce que je ne veux pas nous déconcentrer. Je ne souhaite pas mêler le personnel au professionnel.

C'est sans compter sur John, qui s'amuse à raconter à tout le monde la raison de la couleur de son nez. Que je n'ai strictement rien dit, et que le coach n'en a rien eu à faire non plus. Ce qui se passe dans le vestiaire reste dans le vestiaire. L'important, c'est le terrain. Il y a plusieurs camps qui se forment : ceux qui sont d'accord avec lui, et qui regardent Samuel avec des yeux capables de tuer, ceux qui s'en moquent et qui ne s'occupent que du football, et ceux qui, comme moi, sont obligés de serrer les poings pour éviter d'encastrer John dans un mur. Certains m'ont fixé avec un hochement de tête pour me faire comprendre leur soutien.

- Tu ne dis rien capitaine ? Tu joues encore au sourd ?

Il ne reste plus que nous. Les lacets de mes crampons n'étaient pas bien dénoués, si bien que j'ai perdu du temps à défaire le nœud, avant d'en refaire un bien propre qui soutient mes pieds.

- Non. Je me concentre pour le prochain match. Tu devrais faire de même. On a besoin de tout le monde.

- La belle unité de l'équipe... bien sûr, je me doutais que tu allais me sortir quelque chose comme ça. Quelle hypocrisie.

J'évite de montrer que je me tends à cette réplique. Bien malgré moi, je commence à avoir peur. Il a fait exprès de rester pour me parler, seul à seul. Je me suis fait avoir comme un bleu.

- Tu nous détestes. Tous autant qu'on est. Il n'y a que deux personnes qui ont de la valeur à tes yeux, ce sont Samuel et Miho. Alors, s'il te plaît, ne me parle pas de l'unité de l'équipe. Tu ne mérites pas d'être capitaine.

- Et toi, tu ne seras jamais attaquant. Tu n'es pas le roi du monde, John, rien ne t'est dû parce que t'es né avec une cuillère dorée dans la bouche. Tu te fiches peut-être du prochain match vu que tu n'as pas besoin de ça, mais moi, si. Samuel, si. Et si Miho avait pu, lui aussi. C'est notre seule chance d'aller à l'université. On n'a pas de papa et maman pour payer derrière nous. Donc oui, je ne peux pas vous supporter et un jour, je vous dirai ce que je pense de vous. Mais pour l'instant, je prends sur moi, et je fais tout pour que l'équipe soit unie. Parce qu'il n'y a que comme ça qu'on peut gagner. Okay ?

Ciel d'automne [BxB]Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora