Avril - 7 / TW

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TW : Crise de panique/angoisses

Je vous préviens, j'aime énormément ce chapitre, parce qu'il comporte deux scènes que j'ai pris beaucoup de plaisir à écrire, et dont je suis franchement fière (surtout la dernière, pour être honnête)

Je commence à mal respirer, mais j'essaie de cacher ça en serrant les poings sur les accoudoirs de mon fauteuil. Je ne peux pas m'échapper comme je le fais toujours lorsque j'ai une crise de panique. Je suis obligé de faire face à l'objet de mon tourment et à mes questions qui tournent dans ma tête.

J'ai de plus en plus de mal à cacher mon état. Je fixe la porte, mon unique échappatoire face à cette situation, et je hais de toutes mes forces notre fichu perron. Si je n'étais pas si effrayé de me casser la figure ou de briser mon fauteuil tout neuf, je roulerais dans les escaliers comme un bolide ou comme si j'avais enfourché mon vélo. Sauf que je ne peux pas. Je suis figé par l'anxiété et ça commence à se voir. Surtout que Papa prend bien son temps pour parler.

- Papa, tu pourrais le comprendre quand même. Toi aussi, tu fais des crises de panique. Regarde-le, il est en train de se mettre les nerfs en pelote parce s'il a peur que tu le rejettes ou que tu te sépares de maman.

Je fixe mon frère avec de grands yeux ronds, mais ça n'a pas l'air de l'arrêter. Il a envie de parler, alors il le fait.

- J'ai l'impression que vous, les parents, vous ne vous rendez pas compte de l'importance de vos mots pour nous, les enfants. Pour nos cœurs, l'intensité en est décuplée. Lorsque vous nous cachez des choses, lorsque vous êtes déçus par nous, lorsque vous êtes fiers, ça s'accroît. Et quand vous vous taisez, c'est encore pire. À l'époque où Rio avait douze ans, vous ne m'avez rien dit, alors que je l'ai abandonné à son sort et qu'il a failli en mourir. Pire, vous m'avez envoyé un message pour m'annoncer que vous étiez fiers de moi. D'après vous, comment ça s'est passé dans le cœur de mon frère ? Comment il a pris votre silence ? Mal, affreusement mal. Il a développé une colère sans borne pour moi, une rage, une haine même. Et moi ? Vous imaginez mon état lorsque j'apprends que maman ne souffre pas d'un calcul biliaire ou que sais-je encore, mais d'un cancer par le médecin quand je viens régler les factures, plus de deux semaines après qu'on vous l'ait annoncé ? Je me suis dit que je ne comptais pas, que je ne comptais plus. Donc je me suis mis en tête de me rendre indispensable, afin que vous vous rappeliez que non, vous n'avez pas qu'un fils, mais bien deux. Votre silence, il nous fait un mal de chien. Alors, merde, parlez. Ouvrez la bouche et dites quelque chose !

Je ne sais plus où regarder. Vers Paxton qui est au bord des larmes, et qui respire rapidement, comme si ce petit discours lui avait coûté beaucoup d'énergie ? Ou vers mes parents, qui s'avancent lentement vers nous, les yeux remplis d'eau ? Ça ne fait qu'augmenter ma panique, et ma difficulté à reprendre mon souffle. J'ai l'impression que je suis la cause de tout ça. Que c'est ma faute.

- Il faut que je m'en aille. Il faut que je vous laisse tranquilles, murmuré-je, principalement pour moi-même.

- Non. Hors de question. Tu es à ta place ici, tu ne bouges pas. Je vais te chercher un truc pour que tu respires, m'arrête mon frère, les mains sur les poignets de mon fauteuil.

Il lance un regard noir vers notre mère et notre père, et disparaît quelques secondes dans la cuisine. Maman garde les sachets de papier Craft au même endroit depuis que nous sommes nés, alors il ne met pas longtemps à les trouver, et à m'en rapporter un. C'est la première fois que je fais ça, mais ça me fait du bien. J'ai l'impression que mon rythme cardiaque est en train de ralentir, et que ma respiration se calme. Mais les questions dans ma tête tournent toujours.

- Nos parents ont définitivement avalé leur langue, continue Paxton, sur le même ton que précédemment. Je te propose qu'on aille se balader, le temps qu'ils la retrouvent.

Ciel d'automne [BxB]Where stories live. Discover now