Novembre - 7

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Fin du mois, donc il est long !

Depuis ce matin, je suis dans un état pas possible. Je retourne toute mon armoire pour trouver des habits dans lesquels Miho ne m'a pas déjà vu. Je cherche des conseils sur internet, mais malheureusement, je tombe uniquement sur des sites à destination de filles. Donc bon, j'ai beau fouiller partout, je n'ai pas de jolie jupe à volants ou de maquillage nude qui fasse un teint frais. Heureusement pour moi, je finis par cliquer sur un blog qui n'est pas genré. Il n'y a pas spécialement de suggestions spécifiques de vêtements, mais plutôt d'attitude. Être soi-même, ne pas en faire trop, mais ne pas non plus être en roue libre et dire tout ce qui nous passe par la tête. Bon, ça, déjà, je suis tranquille. Miho me connaît sur le bout des doigts, il sait comment je fonctionne. Je suis un optimiste manichéen, tendance autruche, haïssant cordialement les étiquettes.

Un autre paragraphe attire mon regard, alors que je suis en train d'enfiler un pull à maille noire. Encore cette histoire de consentement, dont a parlé Valentin lorsqu'il a discuté avec le croate. Faire attention aux contacts physiques, parce que certaines personnes peuvent être extrêmement sensibles de ce côté-là. D'autres n'apprécient pas qu'on s'approche d'eux. D'autres ne sont pas prêts à passer certaines bases, comme se prendre les mains, se toucher le bras, s'enlacer ou même s'embrasser. Je lis tout ça avec intérêt, parce que ça m'intéresse, moi qui ne suis pas spécialement à l'aise avec le fait de rouler un patin à mon meilleur pote.

Je veux dire, on a toujours été proches, et on est tous les deux très tactiles. Les genoux qui se cognent, les épaules les unes sur les autres, on connaît. Pour notre rituel, on se prend les poignets et nos fronts se touchent, alors là aussi, ça va. Mais le reste, c'est le brouillard le plus complet. Se lier les doigts, comme j'adorais le faire avec mes copines ? S'enlacer longuement, pour murmurer des trucs à l'oreille ou sentir les cheveux ? Se fixer avec une idée derrière la tête ? Et, pour finir, s'embrasser ? Non, sérieusement, c'est un amas de questions sur lequel je vais devoir me pencher, mais sur lequel je n'ai pas envie de me pencher. Mais surtout, c'est un amas de questions dont je vais devoir parler à Miho. Parce qu'imaginons, toujours dans ma situation hypothétique, que j'apprécie ce rendez-vous. Est-ce qu'il va vouloir qu'on se touche ? Qu'on soit plus proches que des amis devraient l'être ? Je ne sais pas ce qu'il attend de moi, et ça me stresse d'autant plus.

Heureusement pour moi, les rédacteurs - ou les rédactrices, je n'en ai aucune idée - de cet article ont pensé à moi, et le dernier paragraphe m'indique que je peux demander à mon ou ma partenaire de définir des bases avant le début de la relation. Que tout le monde soit d'accord sur ce qu'il faut faire ou pas. C'est du génie, tellement que je prends mon écran en photo pour le montrer au jeune homme. Peut-être, toujours dans mon hypothèse, qu'on pourrait faire ça.

Après avoir été rassuré vis-à-vis du comportement à adopter, je choisis mes habits au pif, dans le tas que j'ai mis par terre. Il faut être soi-même, alors soyons moi-même. Le pull, un jeans noir, une chemise nouée à la taille, pour la déco et la touche de couleur - les carreaux sont jaune moutarde et bruns, rappelant l'automne. Et comme il commence à faire froid, un bonnet. Ajouté de ma veste en faux cuir, ça rend super bien. Avant de partir, j'assemble à nouveau mon bouquet, je relis ma carte et je replace le tout sur mon assemblage de boîte à chaussure en me félicitant de mon génie.

En sortant de ma chambre, je croise mon frère. Nous avons tacitement décidé de ne plus nous adresser la parole afin d'éviter de faire pleurer nos parents. C'est la guerre froide entre nous et j'en suis bien heureux. Le silence vaut nettement mieux que les horreurs qu'il me balance à longueur de journée. Je préviens mon père que je vais voir Miho à l'hôpital - puisqu'il s'agit du lieu où nous devons nous retrouver avant de nous rendre au rendez-vous - et je salue ma mère d'un baiser sur le front. Elle n'a presque rien avalé à midi et je m'inquiète de plus en plus. J'aimerais qu'elle aille chez le médecin, mais elle ne cesse de me sortir qu'il y a plein de malades qui en ont plus besoin qu'elle. Sauf qu'elle sait que si ça ne se calme pas, la prochaine étape, c'est les urgences.

Ciel d'automne [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant