Janvier - 6 /TW

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TW : Biphobie intériorisée, évocation d'agressions sexuelles, évocation d'alcool


L'heure tant redoutée de l'entrainement de football a sonné. Pendant toute la journée, Rio a été l'ombre de lui-même. Répondant très peu aux professeurs l'interrogeant, ne participant pas aux activités faites en classe, et ne voulant même pas bavarder avec ses voisins - qui sont venus me voir à la fin des cours pour me demander pourquoi mon meilleur pote semblait être passé sous un rouleau compresseur. Et lorsque nous nous sommes dirigés vers les vestiaires, il est devenu tout blanc. Depuis, nous sommes bloqués devant la porte arrière, dans notre coin fumeurs. Il a sorti une clope pour se calmer, mais ça ne marche pas. Je vois ses mains trembler comme celles d'un drogué en manque de sa substance.

- J'pensais que j'allais pouvoir le faire, mais non. J'y arrive pas. À chaque fois que je le revois, je sens sa langue dans ma bouche et tout son corps pressé contre le mien. Ça me dégoûte.

- T'es pas tout seul. Je suis là. Mais si tu ne veux pas y aller aujourd'hui, ça fait rien. On peut rester là, à discuter ou à fumer. Ou à faire autre chose, même regarder le ciel comme deux piquets.

Il pouffe et j'ai l'espoir de l'avoir déridé. Malheureusement, ce sentiment ne reste pas, et il ferme à nouveau tout son visage.

- Je crois que je vais rentrer. Tu viens avec moi ? J'ai bien envie d'acheter quelques canelés chez Madame Ayase.

- Oh, ça m'intéresse totalement.

Il me présente son poing, et on fait notre check à l'envers. Ça faisait longtemps. C'est marrant, un peu de normalité, dans toutes ces nouveautés qui traversent nos vies.

Il commence à marcher, et je le suis, un peu à la traine. Mais il s'arrête comme une statue de sel, et j'ai vite fait de suivre son regard. Tout au bord du terrain, Samuel et Daisy sont en train de s'embrasser.

Son poing se serre, et ça ne m'étonnerait pas qu'avec la force qu'il met, ses ongles transpercent sa peau. J'ai lu quelque part que c'était une technique pour se faire du mal. Alors, je m'approche, et je délie tout doucement le poing. Il se laisse faire, et je passe très rapidement ma paume contre la sienne. Je m'attendais à ce qu'il se retire et me lance des éclairs avec ses yeux, mais toute son attention est focalisée par le petit couple. Ils ne nous ont pas vus, et continuent à coller leurs lèvres entre elles. Puis, lentement, Daisy s'éloigne et semble choquée au possible, une main sur la bouche. Ses pleurs font démarrer les pieds de Rio et mes roues. On a pas à se mêler de sa vie sentimentale, mais là, elle ne va pas bien, c'est visible. Alors, on entre dans l'équation.

- J'espère que tu lui as pas fait subir le même traitement qu'à moi, commence Rio, en hurlant presque.

Bien. On entre les deux pieds dans le plat. Je ne sais pas si j'adore ça, ou si ça me fait flipper qu'il soit aussi direct.

- Quel traitement ? s'insurge le blond, en fronçant les sourcils.

Je me rapproche pour ma part de la jeune femme. Elle s'est assise sur le bord d'un banc, qui entoure le terrain de football. D'un geste, elle se décale pour que je puisse me placer avec elle. Dès que je suis à ses côtés, elle se jette dans mes bras et pleure sur ma veste d'hiver.

- Je suis un monstre Miho, chuchote-t-elle, pour que seul moi l'entende.

- N'importe quoi.

- À chaque fois que je rencontre un garçon génial, je le fais tourner en bourrique parce que j'ai quelqu'un d'autre en tête. Avec Sam, c'était Eliot. Avec Callahan, c'est Sam. Pourquoi je ne sais pas choisir ? Pourquoi je tombe jamais amoureuse au bon moment ? Pourquoi je foire toujours tout ?

Ciel d'automne [BxB]Where stories live. Discover now