Décembre - 8

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- Et la tête de ta mère ! Franchement, j'adore Amelia, mais je crois que je ne l'ai jamais vue aussi en colère que ce soir-là. Surtout après son bébé d'amour.

Alors que nous sommes sur le chemin pour aller en cours, nous nous remémorons la fin de la soirée de vendredi. Après de longues minutes à nous embrasser sans penser à personne d'autre qu'à nous-mêmes, mon téléphone nous a ramenés dans la réalité. Mes parents m'appelaient. J'ai finalement répondu, on m'a sommé de rentrer le plus rapidement possible, parce que toute la maison était morte d'inquiétude et avait l'estomac dans les talons. Une fois sur place, je me suis fait sermonner.

Je le méritais, je ne dirais pas le contraire. Je me suis barré sans vraiment réfléchir aux personnes autour de moi, et je n'ai pas décroché mon téléphone. Miho a mis du temps à me ramener, parce que même lui, je n'avais pas envie de le voir. Mais comment expliquer la raison de ma fuite en avant ? J'en étais parfaitement incapable. Alors, contre toute attente, le croate a pris le relais.

- Le pire, repris-je en commençant à monter vers l'école, c'est que je ne savais pas que tu mentais aussi bien.

- Bah, c'est pas vraiment un mensonge en soi. Tu as eu une peine de cœur. Mais ce n'est pas parce que tu as appris que ta copine te trompait sur les réseaux sociaux.

- Comment t'as eu l'idée ?

- En me promenant sur les réseaux sociaux, rit-il.

Quand la rue commence vraiment à être dénivelée, je sais que c'est mon signal pour attraper le fauteuil de Miho et le pousser. Il n'y a que dans ces moments-là, et lorsqu'il me le demande expressément, que je le fais. C'est super important pour lui de se débrouiller tout seul pour le reste, et encore heureux que je respecte ça.

- Sauf que ça n'a pas vraiment calmé ma mère, continué-je. Habituellement, elle m'aurait pris dans ses bras en me berçant, en me disant que je finirais par trouver la bonne. Là, elle a explosé.

- Tout ça pour une pauvre minette, l'imite Miho avec une voix aiguë. Tu inquiètes tes parents qui se rongent les ongles jusqu'au sang, tu délaisses ton travail de cuisinier pour une gamine qui n'a pas réussi à garder les jambes serrées ?

Signe que ma mère est en colère : sa vulgarité. Dans un temps normal, ça me fait rire de l'entendre avec ses expressions parfois un peu vieillottes. Quand ça s'adresse à moi, nettement moins. J'aurais voulu leur cracher la vérité à la figure, que j'étais en train de me rendre compte que je suis sans aucun doute amoureux de Miho depuis des lustres et des lustres, et que ça m'a effrayé, comme réalisation. Mais, premièrement, je n'avais pas envie de mettre la personne concernée par ces mots dans l'embarras, et secondement, je ne suis clairement pas prêt pour tout dévoiler à ma famille. Il faudrait que je tâte le terrain, mais en ce moment, ce n'est pas possible.

- Mouais, mais du coup, je suis puni de sortie jusqu'aux vacances. Mes parents connaissaient l'heure de fin de mes entraînements, le temps que je mets pour rentrer. Si je ne suis pas là dans une fourchette de dix minutes, ça risque de barder pour moi.

- Et alors ? Tu n'as plus besoin de venir me voir à l'hôpital, et je t'ai dit que c'était pas un problème pour moi de t'attendre à la bibliothèque. Madame Fireworks m'a réservé une table, et j'ai pas mal de travail en ce moment.

- Oui, mais...

Je me racle la gorge et je réalise que je suis bien heureux qu'il ne voie pas ma tête à ce moment précis. Je dois être rouge comme une tomate. Tant pis, je dirais que c'est à cause de l'effort, de la lourdeur de mon ami et de celle de nos sacs.

- J'aurais bien voulu... passer du temps avec toi. Tout seuls. Tranquilles. Quelque part.

Sous-entendus, dans une pièce fermée où on ne peut pas nous voir.

Ciel d'automne [BxB]Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ