quatre.

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Esmée sort du conservatoire

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Esmée sort du conservatoire. Vingt et une heure vient de sonner quand elle s'engouffre dans le métro en ce trente et un décembre. La froideur hivernal pique ses oreilles si bien qu'elle est obligée de descendre un peu plus son bonnet sur ces dernières.

Elle n'a pas quitté son piano depuis midi. Les nouveaux morceaux sont particulièrement techniques, malgré leur redondance. En effet, Esmée a déjà joué cette symphonie de Beethoven par le passé.

Dans l'attente du métro parisien, son téléphone sonne l'arrachant de ses pensées nostalgiques de son adolescence musicale, ses sourcils se froncent quand elle constate qu'il s'agit de son avocate, Audrey Castillant, qu'elle paye cher pour son aide précieuse.

- J'ai récupéré les enregistrements de vos gardes à vue et j'ai tout passé à l'écoute, souffle la spécialiste juridique.

- Alors ?

La gorge d'Esmée se serre sous l'attente interminable d'une réponse.

- Vous aviez été parfaits, toi et Benjamin, vraiment. Je t'assure que c'est positif, aucun de vous n'accuse l'autre ou n'a d'hésitations quant à son innocence.

- Merci Audrey, souffle-t-elle.

- On se rappelle demain pour la bonne année. Je suis contente de partager cette pièce avec toi, Esmée. Passe une bonne soirée.

Peut être qu'un pas titanesque vient de seffectuer dans lavancee du dossier, mais Esmée n'en a pas encore conscience, elle est trop sonnée par ce qu'il vient de se produire. Elle lâche un hoquet de soulagement en s'engouffrant dans le métro.

Et, quand, quelques minutes plus tard, elle arrive devant chez Céleste et que cette dernière ouvre la porte de son appartement. Elle ne peut contenir sa joie plus longtemps et déballe à toute vitesse les informations apprises par son avocate.

- C'est génial, vas l'annoncer à Benjamin, s'exclame Céleste.

Derrière elles, la soirée se deroule avec bon train. Une grande partie des concertistes est rassemblée autour d'un plateau de fruit de mer gigantesque. Esmée se dirige vers Benjamin pour lui apprendre la nouvelle donnée par leur avocate.

- Putain, je sais pas quoi dire, dit-il les larmes aux yeux.

L'ingénieur son prend Esmée dans ses bras, leur étreinte dure quelques secondes. Esmée retient difficilement des larmes de joie, heureusement Céleste arrive avant qu'elles ne puissent rouler le long de ses joues.

- Viens, je vais te montrer le dessert.

Elle l'attire dans la cuisine et ouvre le frigidaire plein. C'est bien la première fois que la pianiste voit des étagère aussi remplies en plusieurs mois. Le sien est à longueur de temps vide de toute nourriture, Esmée économise chaque centime et le budget alimentaire est devenu mince en conséquence.

- Tiramisu au spéculoos, pas mal hein ? souffle Céleste en désignant l'intérieur du frigidaire.

Esmée fixe les petites coupelles contenant le délicieux dessert italien, celui est au spéculoos et non au café, rendant la recette encore meilleure qu'à l'ordinaire selon elle.

La pianiste pense instinctivement à Pierre. Le visage de ce dernier apparaît dans ses pensées, voilà une dizaine de jours qu'ils se sont quittés depuis qu'il l'a raccompagnée chez elle. Il a pris soin de prendre son numéro avant de partir en ne laissant qu'un baiser humide sur son front.

- Allô ici la lune, je te parle.

Une main passe devant ses yeux la tirant de ses pensées. Esmée fixe avec incrédulité la contrebassiste quand cette dernière répète une nouvelle fois les mots suivants.

- Benjamin s'est mis avec quelqu'un, c'est assez récent.

- Qui ? Qui ça ?

- Je ne la connais pas, d'accord ? Je sais juste qu'elle travaille dans la photographie.

Esmée accuse le coup et elle ressent une profonde amertume se répendant dans sa bouche et elle déclare sèchement :

- Pourquoi il ne m'a rien dit ?

- Il redoutait ta réaction, que lui continue d'avancer et que toi tu restes bloquée sur le passé.

L'espagnole se pince les lèvres, assez mal à l'aise face à cette vérité brutale. Malgré que Benjamin la soutienne toujours dans sa quête de justice, lui au moins, a réussi à surmonter ses appréhensions. Alors qu'Esmée ne peut se résoudre à quitter son passé sans avoir obtenu justice.

- Je vais prendre l'air, balbutie-t-elle.

Esmée a besoin de froid pour accuser le coup. Elle a la vague impression de perdre son temps et son argent dans ce procès et que le tribunal lui fait perdre toute sa raison et qu'il ne fait qu'accroître son hypersensibilité précaire.

Les crises de larmes sont récurrentes pourtant aucune larme ne perle le coin de ses yeux en ce moment. Elle se sent perdue et si Benjamin arrêtait de la soutenir ? Elle ne peut s'empêcher de penser à ce qu'il se passera si elle se retrouve toute seule dans cette situation inextricable.

Son téléphone coupe ses pensées négatives par la sonnerie impérieuse d'une sonate en la mineur de Mozart.

- Salut Pierre, ca va ? demande-t-elle en décrochant.

- Oui, je vais bien merci. Je pensais à toi, dit-il tout bas comme par crainte de l'avouer.

Esmée ne répond rien malgré que cela soit réciproque. Elle se pince les lèvres pour contenir la bouffée de chaleur montant à son visage. Pierre paraît embarrassé par les propos qu'il vient de prononcer, puisqu'il reprend aussi vite :

- Je suis à New-York pour les fêtes, je rentre dans une quinzaine de jours sur Paris. Est-ce que tu seras là pour qu'on puisse se voir ?

Elle hoche la tête avec entrain.

- Alors, t'es d'accord ? rajoute-t-il.

- Oui, oui pardon j'hochais la tête alors qu'on est au téléphone, rit-elle. Je suis tellement bête.

- Bien sûr que non mademoiselle Da Costa, murmure-t-il. Je t'enverrai la date par précise par message, j'avoue que je ne sais pas encore exactement.

- Pas de soucis. Attends, Pierre ?

- Oui ?

- Bonne année deux milles vingt deux, souffle-t-elle à mi-voix.

- Bonne année à toi aussi, Esmée. Je te le souhaite vraiment, t'es quelqu'un de bien.

Et il a raccroché, la laissant un sourire aux lèvres avec l'espoir que cette nouvelle année s'annonce meilleure que les précédentes. Esmée aurait bien aimé dire qu'elle, aussi, a pensé à lui, mais le courage lui a manqué.

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SYNDROME » Pierre Gasly ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant