seize.

4.8K 205 49
                                    

- Reviens ! Il a dit des choses qu'il ne pensait pas ! s'exclame Charles en ouvrant la porte de la chambre

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

- Reviens ! Il a dit des choses qu'il ne pensait pas ! s'exclame Charles en ouvrant la porte de la chambre.

Esmée entend les pas du monégasque qui essaye de la suivre, elle ne l'écoute à peine, trop aveuglée par la colère. Elle a déjà quitté l'appartement et fermé la porte derrière. Elle s'installe sur une marche de l'escalier et se laisse submerger par ses émotions pendant de longues secondes, la colère laisse place à la déception.

Elle tente de récupérer un point d'ancrage pour se recentrer sur elle-même et faire taire les sanglots. La pianiste commence à identifier les choses auxquelles ses sens pourront se raccrocher sans arrêter de penser aux mots blessants du pilote sur le départ de Benjamin, de sa situation instable depuis plus de deux ans.

Elle doit se reprendre, maintenant.

La brune repère la rambarde, l'ascenseur, l'escalier, la sonnette de l'appartement et les boîtes aux lettres. Elle peut toucher le carrelage, le métal froid de la cage d'escalier, l'ourlet de son sweat-shirt et les poils râpeux du paillasson d'entrée.

Pourtant la déception ne s'évapore pas, elle reste quelque part en travers de sa gorge nouée. Esmée est déçue d'elle et des mots crus qu'elle a prononcé. Elle ne souvient pas avoir déjà été aussi blessante avec quelqu'un auparavant.

Elle s'en veut sachant que ça ne lui ressemble pas. Elle est perdue et tape frénétiquement son pied contre une marche comme si cela parviendrait à la calmer un peu plus.

Il faudrait un piano, un puzzle plutôt que cette méthode d'ancrage qu'elle a appris au détour d'un couloir d'hôpital par une infirmière paniquée.

Et soudainement, une paire de pieds apparaît, parallèlement aux siens. La brune ne jette aucun coup d'œil au pilote, ayant pris place sur la même marche qu'elle, à une distance raisonnable pour que leur corps ne se touche pas. Elle peut désormais sentir son parfum, la dernière odeur qui lui manquait pour finir le point d'ancrage.

- Esmée, écoute... commence-t-il en se râclant la gorge.

- Ne dis rien, ce n'est pas nécessaire, murmure-t-elle. Il est parti parce que c'était trop dur de continuer comme avant, comme s'il ne s'était jamais rien passé. Il fallait continuer à s'aimer malgré tout et je n'ai pas réussi Pierre. Je n'arrivais même plus à m'aimer moi-même pour aimer quelqu'un d'autre. Je pensais -enfin- je me croyais prête pour être avec quelqu'un mais ce n'est pas le cas.

- Tu veux qu'on arrête toi et moi ? demande-t-il soudainement.

Esmée fronce les sourcils en se tournant vers lui, ses lèvres s'entrouvent sous la stupéfaction en constatant que Pierre ne sourcille pas et qu'il attend une réponse, sans la lâcher de ses yeux bleus quand elle déclare d'une voix ferme :

- Non, je n'ai pas dit ça.

Les épaules de Pierre s'affaissent de soulagement et il détourne aussitôt le regard pour fixer ses pieds nus, il n'a même pas pris le temps de mettre des chaussettes ou des chaussures tandis que Charles l'insultait de putain d'idiot, c'est bien la seule insulte que le monégasque possède dans son vocabulaire.

SYNDROME » Pierre Gasly ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant