sept.

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Ses mains glissent sur les touches avec habileté, elle ne fait que les frôler à une vitesse fulgurante

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Ses mains glissent sur les touches avec habileté, elle ne fait que les frôler à une vitesse fulgurante. Tous ses membres sont en coordination parfaite, ses pieds nus pressent délicatement les pédales et ses yeux parcourent les lignes de portée musicale à une vitesse folle.

La sonate de Beethoven résonne dans son appartement et Esmée est sûre de déranger une nouvelle fois sa voisine malgré que la grand mère prétend le contraire, en assurant qu'elle aime écouter du piano, étant une ancienne chanteuse de cabaret.

Elle s'appelle Louisiane, elle est originaire de Normandie. Elle gardait souvent Timéo les soirs de concert harmonique quand Benjamin et Esmée travaillaient ; l'un gérant les éclairages et la seconde assurant le piano.

Esmée finit par s'arrêter au bout de trois heures, quand ses doigts se mettent à tétaniser d'épuisement.

Elle constate de nombreux appels manqués sur son téléphone muet jusque là. Ses sourcils se froncent en constatant qu'ils proviennent tous de son avocate et de Benjamin. Elle se décide à rappeler ce dernier sans cacher son inquiétude dans sa voix tremblante :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Enfin tu réponds, soupire ce dernier. Le tribunal a avancé le procès.

Esmée est prise au dépourvue, elle se laisse tomber sur le tabouret près de son piano, le coussin moelleux amortissant légèrement sa chute, fixant des yeux les touches noires et blanches de son piano.

- Quand ça ? demande-t-elle les lèvres tremblantes.

- Demain matin, à dix heures.

Elle accuse le coup en silence. Elle ne dit rien pendant de longues secondes, le temps de remettre de l'ordre dans le chaos de ses pensées.

- D'accord, murmure-t-elle finalement. À demain.

Et elle a raccroché, se laissant tomber contre le clavier de son instrument, déjà épuisée et lessivée par la journée du lendemain qui s'annonce.

Elle ne mange rien de la soirée préférant rester de longues heures sous la douche. Les larmes sillonnent ses joues et ses sanglots ne s'arrêtent plus sous cette eau brûlante. Elle est en proie à son anxiété et à une colère, les deux entraînent une paralysie de son cerveau, l'empêchant de réfléchir correctement.

Elle finit par quitter les vapeurs troublantes de la salle de bain pour rejoindre le salon. Elle déplie la table basse mobile pour gagner en surface et commence à sortir une boîte d'un puzzle contenant milles pièces.

Toute la nuit, elle est restée à essayer d'assembler les différentes pièces sous la lumière artificielle des spots, sachant pertinemment qu'elle ne réussirait pas à dormir sous l'effet du stress. Méthodiquement, elle réfléchit face aux différentes nuances de couleurs qu'elle a disposé sur la table, ses yeux se fatiguent rapidement. Elle prend un doliprane pour éviter de se laisser abattre par une énième sinusite barrant son front.

SYNDROME » Pierre Gasly ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant