vingt-et-un.

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Esmée fixe le plafond depuis deux heures peut-être plus

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Esmée fixe le plafond depuis deux heures peut-être plus. Elle n'a aucune notion temporelle allongée sur le lit, Pierre dormant à côté d'elle, seule sa respiration régulière montre qu'il dort paisiblement contrairement à elle. Elle sent la fatigue qui s'accumule sur ses paupières lourdes et ses yeux brûlants par cette exténuation.

Les souvenirs virevoltants fracassent son crâne par ce qui s'apparente à une migraine. Esmée espère que ce n'est qu'un simple mal de crâne pourtant elle commence à ressentir ses soubresauts paralysant ses jambes. Elle se lève aussitôt pour rejoindre le salon à la recherche de ce qui pourrait faire passer son mal être.

Pas un piano, pas un puzzle.

Les images reviennent à l'assaut aussitôt en ne voyant aucune échappatoire à la crise qui va surgir brutalement. Elle se laisse tomber sur le canapé désespérée, elle entreprend de compter les trophées qu'elle aperçoit dans la pièce, puis les DVD présents sur les étagères. Il y a cette voix qui raisonne dans sa tête, elle se sent acculée par sa culpabilité écrasante.

Ses membres sont pris de tremblements incontrôlables et très vite, elle ressent les picotements au bout de ses doigts. Esmée a beau s'aggriper à un coussin du canapé, elle ne sent plus la matière à travers le toucher de ses doigts. Il n'y a que ces picotements et tremblements désagréables qui s'en suivent rapidement d'une pression sur sa cage thoracique

Elle revoit cette blouse blanche s'approchant pour lui dire que c'est terminé, que son fils vient d'entrer en mort cérébrale. Pourtant elle aperçoit encore les battements de son cœur sur l'électrocardiogramme, sa petite poitrine se soulève encore par l'appareil branché sur lui.

Esmée est embrouillée par tous ces souvenirs, elle ne sent même pas les bras de Pierre qui glissent contre son corps, pour entourer ses épaules d'un geste rassurant, elle n'entend que faiblement sa voix qui tente de percer l'obscurité stressante l'entourant :

- Respire putain.

Elle voit encore Benjamin pleurer quand la médecin annonce qu'il faudra le débrancher, que son cerveau est bien trop abîmé pour qu'il puisse encore fonctionner et qu'ils doivent se décider dans les prochaines heures afin de donner ses organes à un autre enfant. Elle a en quelque sorte appuyé sur le bouton condamnant son fils.

Elle tente de reprendre une respiration calme mais les hoquets s'échappant de ses lèvres coupent son diaphragme en deux à chaque tentative, ils compriment ses poumons et sa cage thoracique. La pianiste essaye de suivre avec difficulté les mouvements du torse de Pierre se soulevant à un rythme lent et régulier à ses côtés.

- C'est bien, encourage-t-il. Expire, inspire.

- Je... suis... si fatiguée, sanglote-t-elle.

- Je sais p'tit cœur.

Elle écoute les murmures du brun, ça l'apaise légèrement et au bout d'une dizaine de minutes, elle est moins essoufflée ayant récupérer une respiration presque normale.

SYNDROME » Pierre Gasly ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant