cinq.

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Son cœur se balance dans sa poitrine et une sensation de nausée survient des profondeurs de son ventre

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Son cœur se balance dans sa poitrine et une sensation de nausée survient des profondeurs de son ventre. Esmée ne dit pas un mot alors qu'elle continue de lire le rapport du médecin légiste et celui de l'hôpital, les photos associées sont synonymes de déchirement. Le corps de Timéo recouvert d'hématomes et les scanners de son petit cerveau sont encore plus effroyables.

Son fils.

Qu'elle n'a pas su protéger, qu'elle n'a pas su aimer suffisamment pour voir le mal qu'on lui infligeait chaque jour. Une culpabilité écrasante de l'avoir vu souffrir par sa faute, Esmée déglutit pour tenter de faire disparaître cette texture pâteuse de son palais.

- Est... est-ce qu'on peut s'arrêter là ? murmure-t-elle d'une voix chevronnante.

Instinctivement, Benjamin et Audrey s'arrêtent dans leur discussion et se tournent vers elle. Il n'est pas difficile d'apercevoir son mal être traduit par le tremblement frénétique de ses genoux s'entrechoquant.

- Oui, je pense que ça suffit pour aujourd'hui, déclare l'avocate.

Elle joint le geste à la parole en refermant un grand dossier devant elle contenant tous les documents du procès qu'ils préparent avec attention depuis un an et demi.

Esmée se lève, encore un peu tremblante, pour récupérer son sac à main et son manteau accrochés à un ceintre dans le placard du cabinet. Ils sortent en même temps, Esmée observe l'avocate fermer son cabinet à double tour, ils se saluent une dernière fois avant que leur chemin ne se sépare.

- Est-ce que tu veux que je te dépose ? propose Benjamin.

Esmée secoue la tête de droite à gauche, elle a beaucoup trop de fierté pour accepter son offre et déclare doucement :

- Tu devrais rentrer vite, je crois que quelqu'un t'attend.

Elle s'attire les froncements de sourcils de son ancien partenaire, il balbutie difficilement :

- Comment... tu sais ?

- Céleste m'a dit, le soir du nouvel an, répond-elle en un haussement d'épaules.

- Je suis désolé, Esmée.

- Ça ne fait rien, tu fais bien de penser un peu à toi. Je suis contente pour toi, d'ailleurs comment s'appelle-t-elle ?

- Alice.

Esmée acquiesce comme pour assurer que tout va bien. Elle finit par embrasser sa joue avant de se diriger vers la bouche de métro, sans oublier de rajouter :

- Passez une bonne soirée.

Il est désormais trop loin pour qu'elle puisse voir sa réaction mais Esmée ne doute pas qu'un sourire solaire soit apparu sur ses lèvres rosées. La routine emmène Esmée dans le métro parisien, parmi une foule omniprésente jusqu'au terminus où le silence domine.

Elle est seule à traverser les rues parisiennes humide à l'odeur désagréable et il n'est pas compliqué d'entendre les pas derrière elle.

Esmée ne se retourne pas.

Elle continue d'avancer en accélérant le pas, ne pouvant s'empêcher de regarder le sol pour ne pas tomber dans la précipitation. Elle est bientôt arrivée devant l'entrée de son immeuble, Esmée espère que l'homme est loin derrière pour qu'elle puisse fermer la grille et qu'il ne la suive pas jusqu'à son appartement.

La brune accélère tout en jetant un coup d'œil derrière elle, il l'a suit toujours. Quand elle se retourne, la pianiste heurte un autre corps et étouffe un cri quand deux bras la rattrapent dans sa chute. Elle se débat un instant avant qu'une voix calme dise :

- C'est moi.

- Mon dieu, soupire-t-elle de soulagement en serrant Pierre dans ses bras.

Elle resserre son étreinte autour de lui, une lueur inquiète voile ses yeux tandis que Pierre fixe la rue dans son dos, son regard est perçant presque brûlant.

- Il a fait demi-tour, déclare-t-il.

- Il me suit depuis la bouche de métro, j'étais tellement flippée, dit Esmée à bout de souffle. Je n'aurai pas dû mettre ce tailleur.

- Non, ça n'a aucun rapport avec ta tenue.

Pierre reporte son regard vers la brune avec appréhensionet il l'observe taper le code sur la porte de l'immeuble comme s'il ne s'était rien passé.

- Ça fait longtemps que tu attends ? demande Esmée. J'ai complètement oublié que c'était aujourd'hui que tu venais. J'avais la tête ailleurs.

Pierre est bouche bée et ne peut s'empêcher de trouver la pianiste admirable. Elle ne laisse rien paraître par les événements.

- Une heure peut être, je commençais sérieusement à me les geler. Je pensais que tu allais rentrer un peu plus tôt, qu'est-ce que tu faisais ?

Esmée ouvre la porte de son appartement et rentre à l'intérieur de celui-ci. Le pilote lui emboite le pas, il regarde la petite pièce à vivre autour de lui et aperçoit évidemment un piano contre un mur.

- J'étais au tribunal, dit-elle sur un ton circonspect.

- Je ne savais pas qu'on pouvait organiser des concerts au tribunal, lâche-t-il simplement.

- Moi non plus, sinon j'aurai déjà posé ma candidature dans cet endroit friqué aux as.

Elle ne répond rien et s'assoit sur le petit canapé, elle entreprend de retirer ses chaussures d'une main experte et déclare :

- Qu'est-ce que tu veux manger ? Je crains que ça ne se limite qu'à des pâtes.

Pierre inspecte la pièce d'un œil suspect, des livres de droit sont étalés sur la majorité de la table basse. Tous sont dédiés à l'enfance dans leur titre et Pierre n'est plus certain de comprendre.

- Esmée ?

Elle ne répond rien, continuant de fuir son regard comme elle le fait si bien depuis toute à l'heure. Ses yeux restent fixés sur ses pieds où un trou minuscule perce son collant noir.

- Je n'ai que des pâtes dans les placards, murmure-t-elle avec honte. Le frigo est vide.

- C'est pas grave ça. J'aime beaucoup les pâtes tu sais.

Il s'agenouille pour être à sa hauteur, ses doigts brûlants frôlent sa joue et il replace une mèche de ses cheveux bruns derrière son oreille, il n'en faut pas plus pour qu'Esmée lâche ses premières larmes depuis plusieurs semaines.

- Tout le monde avance tandis que j'ai toujours mal au cœur depuis deux ans. Ça ne partira jamais, sanglote-t-elle.

- Il suffit d'y croire, Esmée.

Elle secoue la tête et murmure qu'elle n'y croit plus depuis bien longtemps, depuis qu'elle a perdu son fils.

Elle secoue la tête et murmure qu'elle n'y croit plus depuis bien longtemps, depuis qu'elle a perdu son fils

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SYNDROME » Pierre Gasly ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant