Chapitre 110

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 « Alors, à quoi mon petit soleil souhaite-t-il jouer ? »

Narino déposa son frère mais ne lâcha pas ses mains.

« Nous avons toute la maison pour nous, déclara-t-il, peu importe où père est parti, il ne prendrais pas la peine si c'est pour moins d'une heure et mère est en Russie.

—Tu va jouer avec moi ? Vraiment ? S'exclama Nakamara joyeusement, mais et tes devoirs ? Père va encore-

—Il ne peut rien faire s'il ne sait pas. Et même si je réussi l'exercice, il trouvera toujours une raison. »

Le petit frère passa sa main sur le pansement que Narino portait sur sa joue. Furieux à cause d'une mauvaise note, leur père lui avait fait ça avec un couteau. Heureusement, Thoki l'avait ensuite correctement soigné. Nakamara n'étant pas l'héritier principal, il ne recevait jamais de coups. En faite, leur père faisait même comme s'il n'existait pas. Leur mère et Thoki pouvait lui offrir ce qu'ils voulaient, contrairement à Narino, il ne confisquerait pas ses jouets et ne l'empêcherait pas de manger correctement. Nakamara se glissait parfois en douce dans la chambre de son frère pour partager de la nourriture et des bonbons. Et dès que leur père partait, ils jouaient ensembles.

Voyant que son frère ne se décidait pas, Narino lui ébouriffa les cheveux.

« Que dirais-tu de jouer à cache-cache ? Proposa-t-il, mais seulement à l'intérieur, pas le droit d'aller dans le jardin.

—D'accord ! Tu compte Aniki ! »

Narino se permit de rire. Bien sûr, Nakamara savait juste compter sur ses doigts à cet âge. C'était donc toujours lui qui se cachait.

Ils quittèrent la chambre et Narino s'appuya face contre un mur pour laisser le temps à son petit frère d'aller se cacher. Il n'était pas très doué pour ça. Narino le trouvait toujours facilement parce que Nakamara ne pouvait pas s'empêcher de rire. Le plus âgé traînait cependant un moment autour de la cachette avant de le découvrir, lui faisant croire qu'il était très bien caché.

Cette fois-ci encore, le manoir entier fut leur terrain de jeu. Ils en oublièrent le temps et ne faisaient pas attention à ce qu'il se passait dehors.

Narino quittait le salon après avoir trouver Nakamara, son petit frère juste derrière lui, lorsque le claquement de la porte d'entrée leur fit relever la tête. Le plus jeune se figea de terreur en voyant leur père se tenir là.

« P-...père... souffla Narino en tremblant, je... uh... je suis juste... descendu boire un verre d'eau... et...hm... j'ai entendu... »

Il baissa les yeux vers son jeune frère, trouvant vite une idée, relevant la tête vers son père à nouveau.

« N-...Nakamara s'est cogné... inventa-t-il, je... suis juste venu voir. Je retourne... je retourne étudier immédiatement... j'ai presque terminé l'équation, ça devrais-...

—Non, coupa l'homme, suis-moi. »

Il jeta simplement son manteau vers Thoki qui l'attrapa de justesse et marcha en direction de la porte du sous-sol, son atelier. Narino hésita une seconde avant de le suivre au plus vite.

Le majordome déposa le manteau à sa place et se dirigea plutôt vers l'enfant le plus jeune. Il devait absolument le distraire. Il d'accroupie à sa hauteur en souriant avec douceur.

« J'avais préparer quelques pâtisseries ce matin, déclara-t-il en caressant les cheveux de Nakamara, personne ne remarquera s'il en manque quelques unes. Venez avec moi à la cuisine, jeune maître. »

Nakamara acquiesça en silence. Il savait parfaitement que son frère était puni en ce moment même et il détestait ça. Il prit la main de Thoki et le suivit. Il n'avait pas beaucoup d'appétit et ne mangea que deux pâtisseries.

Il ne vit pas son frère pour le reste de la soirée, pas même au dîner.

Narino avait été envoyé dans sa chambre avec interdiction d'en sortir tant que l'équation n'était pas résolue. Son dos était en sang, tant que cela traversait ses vêtements et il tenait contre lui son bras gauche, bleu, douloureux et gonflé. Il n'avait pas été fouetté. Cette fois, son père lui avait directement lacéré le dos au couteau avant de lui écraser le bras. Il avait également interdit à Thoki de le soigner ou le nourrir tant qu'il ne réussissait pas son exercice.

Minuit était passé et il n'avait toujours pas trouvé. La douleur lui faisait tourner la tête. Il n'entendit pas sa porte s'ouvrir et les petits pas se faufiler dans sa chambre. Il ne s'en rendit compte qu'en sentant la petite main tirer sa manche timidement. Il regarda alors son frère et retrouva son sourire, bien que grimaçant de douleur.

« Hey, mon petit soleil, grinça-t-il, tu devrais être couché... »

Nakamara hésita et lui tendit finalement une pâtisserie. Thoki lui avait donné pour plus tard, sachant parfaitement qu'il irait ensuite l'offrir à son frère. Narino lui frotta la tête avec douceur. Il ne pouvait pas cacher sa faim, son ventre s'était manifesté dès qu'il avait vu la nourriture.

Le plus jeune fouilla ensuite dans sa poche et en sortit une bouteille de désinfectant et un peu de coton. Lui faisant entièrement confiance malgré son jeune âge, Narino le laissa nettoyer son dos meurtri. Malheureusement cela n'était pas du tout utile pour son bras cassé. Il serra les dents aussi fort qu'il le pouvait pendant le processus et parvint à ne pas laisser échapper un seul son. Il se sentait terriblement fatigué.

Les soins terminés, il attrapa Nakamara d'une seule main pour l'attirer sur ses genoux et l'enlaça, enfouissant son visage contre lui.

« Qu'est-ce que je ferais sans toi, marmonna-t-il, mon soleil, mon printemps, ne m'abandonne jamais...

—Pourquoi je t'abandonnerais, Aniki ? »

Narino resserra ses bras dans une étreinte désespéré. Il avait envie de prendre son frère et de partir. Mais il savait bien que leur père les retrouveraient. Il avait pensé à se jeter sur une autoroute ou dans une rivière avec lui, pour qu'ils soient tout les deux libres, mais l'idée de tuer son frère lui était insupportable.

Il était tant perdu dans ses pensées qu'il mit un moment à se rendre compte que Nakamara écrivait. Il s'était tourné vers le bureau et semblait noter quelque chose. Il lui fallut un peu plus longtemps pour se rendre compte qu'il écrivait sur la feuille où il devait résoudre cette équation.

« Soleil, appela-t-il paniqué, qu'est-ce que tu-...

—Regardes Aniki, lança simplement Nakamara, c'est facile ! »

Narino le regarda, stupéfait, noter les différentes équations à la suite sans ciller. Ces calculs étaient au moins d'un niveau fac. Lorsque leur père lui avait ordonner de résoudre l'équation, il s'était vanté de l'avoir lui-même réussi lorsqu'il avait lui-même neuf ans. Leur famille était bien connu pour être des génies, mais si Narino semblait être un mouton noir, Nakamara, lui, avait l'air bien meilleur que leur paternel.

« Tu dira à père que tu l'as résolu tout seul, assura Nakamara en posant le stylo. »

Narino n'en revenait pas. Il avait même une écriture totalement correcte pour son âge. Cela pouvait parfaitement marcher. Il félicita son jeune frère, le couvrit d'éloges, de remerciements et de baisers.

 Il félicita son jeune frère, le couvrit d'éloges, de remerciements et de baisers

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