Chapitre 114

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 Shosari Kōhī était né le six novembre 2097 à Kasumigaura. Ses mutations, bien que non-héritées de ses parents, n'effrayèrent pas ceux-ci. Bien qu'il n'était pas toujours en bon termes avec sa mère, ses cinq premières années furent heureuses. Une vie simple, son père gagnait largement bien sa vie et même si son épouse restait au foyer, il pouvait aisément subvenir à leurs besoins et vivre confortablement. Shosari Ichiri, son père, ne manquait pas une occasion de gâter sa femme et son fils. Kōhī ne manquait de rien. Qu'il demande un jouet ou un animal de compagnie, il l'avait.

Il n'était pas pour autant un enfant pourri gâté. Car sa mère, Shosari Tokura, n'était pas aussi douce. La plupart du temps, elle l'ignorait. Kōhī l'avait déjà entendu parler avec une amie, lui disant qu'elle n'avait jamais voulut un garçon, et encore moins un possédant des mutations. Il savait bien qu'elle ne l'aimait pas mais tentait quand même quelques approches prudentes. Il se montrait serviable pour prouver qu'il était un bon fils. Comme elle n'était pas violente, et se contentait de l'ignorer, il pensait qu'au fond, elle l'aimait quand même un peu.

Il avait cinq ans et trois mois lorsque son monde s'écroula. Son père fut renversé par une voiture en sortant du travail et le responsable s'était enfuit, sans jamais être retrouvé par la suite. Un malheur comme il en arrive si souvent. La faute à pas de chance...

Kōhī n'avait jamais autant pleuré que lorsqu'il avait appris la nouvelle. Le jour de l'enterrement, il n'arrivait pas à garder son calme. Il hoqueta de chagrin durant toute la cérémonie malgré les réprimandes discrètes de sa mère.

Il était si jeune, et pourtant, il compris que quelque chose n'allait pas lorsqu'il vit un homme les attendre devant la maison alors qu'ils revenaient de la cérémonie. Il ne connaissait pas du tout cet homme, mais sa mère s'avança aussitôt pour l'étreindre... et l'embrasser. Elle semblait effrontément heureuse. L'enfant observa cette scène sans savoir quoi dire ou quoi faire. Bien qu'il sentait que quelque chose n'allait pas, son esprit d'enfant lui fit croire qu'il s'agissait sûrement d'un parent éloigné venu la soutenir dans ces moments difficiles.

Elle se tourna cependant vers lui avec un air de dédain.

« Hey Kōhī ! Appela-t-elle sèchement, c'est ton nouveau père, on se marie l'année prochaine. Tu lui obéit à partir de maintenant !

—Mais papa... souffla Kōhī, sous le choc.

—Ne discute pas ! Tu es trop petit pour comprendre de toute façon !

—Va immédiatement dans ta chambre et reste-y, renchérit l'homme avec un sourire cruel, qu'on ne t'entende pas, petite fouine ! »

Sa mère ouvrit la porte d'entrée et lui fit signe de passer devant. Mais lorsqu'il passa au niveau de l'homme, celui-ci lui donna un coup de pied dans le dos, le faisant tomber en avant.

« Qu'est-ce que t'es lent ! Se moqua l'adulte, grouille-toi, ta tronche me rends malade ! »

Kōhī pleura, son menton avait violemment cogné contre le carrelage de l'entrée, mais cela lui valut d'être encore plus réprimandé par sa mère et il se prit une violente claque à l'arrière de la tête en prime. Il courut alors directement dans sa chambre.

Il pouvait y entendre sa mère et son « nouveau père » rire à gorge déployée dans la pièce voisine et frapper au mur s'il avait le malheur de pleurer un peu trop fort.

Ce fut le début d'une descente aux enfers pour lui. Sa mère et ce nouvel homme, Tohoshi Shutan, dont Kōhī dû prendre le nom lorsqu'il l'adopta officiellement, firent de lui un petit serviteur. Il faisait le ménage et dû même apprendre très tôt à faire la cuisine. S'il ne répondait pas à leurs attentes, alors il recevait des coups. Sa chambre avait été vidée, ses jouets jetés et un lit de fortune installé pour lui dans le garage. Il était constamment en plein courant d'air, il y faisait froid même en été et il n'avait qu'une vieille couverture pour se couvrir. Il était tombé malade à de nombreuses reprises au cours des années suivantes, mais ses parents le faisaient travailler quand même.

Magical BoyWhere stories live. Discover now