LVII. Where were you?

573 27 1
                                    

Le lendemain, quand je me réveille, Kelly est déjà en train de prendre son petit déjeuner. Je m'assoie à côté de lui, une tasse de café à la main. Nous restons assis sans nous parler, en regardant droit devant nous. Il repart vers la salle de bain et j'entends l'eau couler. Je commence à ranger tous les objets que j'ai jeté à terre dans la nuit.

- Pourquoi? Demande la voix de Kelly dans mon dos.

- Pourquoi quoi?

- Pourquoi tu ne veux pas en parler? De ta famille, de ta sœur...

- Je ne te demande pas de parler de Shay? Dis je en me retournant vers lui.

Je le regarde droit dans ses yeux bleus qui se voilent de larmes.

- Kelly, je...

- Ne te fatigues pas, j'ai compris.

- Kelly, s'il te plaît, ce n'est pas ce que...

- Comment tu peux utiliser sa mort? Comment tu peux utiliser sa mort comme ça? Tu ne la connaissais même pas! Tu n'as pas le droit de l'utiliser comme ça. M'interrompt-il.

- Tu ne connais pas plus ma famille! Tu ne peux pas me demander d'en parler! Tu n'as pas le droit de me demander de parler de ma sœur!

- Mais tu n'as jamais fait ton deuil! Il faut que tu en parles à quelqu'un! Tu ne peux pas vivre toute ta vie comme ça!

- Je n'ai pas besoin de tes conseils sur comment je dois gérer ma vie! Je ne me suis jamais droguée, je n'ai jamais été accusé de harcèlement, je n'ai jamais passé mes journées à boire!

Après avoir dit ces mots, je vais m'habiller, prendre un sac avec quelques vêtements, mon téléphone et enlève ma chaîne militaire sur laquelle ma bague est toujours accrochée. Je prend mes clefs.

- Où est-ce que tu vas? Me demande Kelly en se relevant du canapé, les yeux rougis alors que j'avais ouvert la porte.

- Je pense qu'il faut qu'on prenne un peu de temps. Ça va trop vite. Que ça se calme entre nous.

Il acquiesce en se rasseyant. Je pose ma chaîne sur le meuble à côté de la porte et la regarde pendant quelques secondes avant de sortir. Je descends à ma voiture avant d'envoyer un message à la première personne qui me vient à l'esprit. Zoé.

Je peux venir chez toi? J'ai besoin d'un endroit où aller

Viens je ne suis pas de garde

Je me mets en route vers l'appartement de la médecin militaire. Quand je sonne, elle vient m'ouvrir avec ses deux petits monstres dans les pattes.

- Maxine, mets tes chaussures, Jayden, arrête de courir partout! Ordonne la maman à ses enfants. Papa arrive bientôt pour venir vous chercher.

- Ces histoires de garde ne sont pas encore réglées?

- Ne m'en parle pas, c'est une horreur. Promets moi de ne jamais divorcer quand tu auras des enfants. Et avoir des jumeaux, quand on est petit, on en veut tous un, mais maintenant, je sais que c'est un enfer. Maxine! Tes chaussures! Ordonne une nouvelle fois Zoé pendant qu'elle va ouvrir la porte.

- Papa! Hurlent les deux enfants en se jetant sur leur père.

TC repart avec ses deux enfants et leurs affaires. Zoé se pose sur son canapé en éteignant la télévision qui diffusent les dessins animés.

- Qu'est-ce qu'il t'es arrivé? Interroge-t-elle en m'invitant à s'asseoir à ses côtés.

Les larmes commencent à couler de mes yeux. Je passe mes deux mains sur mon visage pour tenter de les faire disparaître. Je lui raconte ce qu'il s'est passé dans la nuit puis ce matin.

- Je sais que je devrais en parler mais c'est... C'est compliqué. Et même si je me décidais à en parler, je ne sais pas à qui je pourrais en parler, qui pourrait me comprendre. Je pensais à Kelly mais vu ce qu'il c'est passé ce matin, je ne penses pas que ce soit une bonne idée. Le docteur Charles m'avait conseillé de t'en parler. Il ne m'a pas dit pourquoi.

- Je te comprends parfaitement, tu sais. Et si le docteur Charles t'as conseillé de me parler, c'est à cause de quelque chose que je ne raconte pas souvent. Mes parents sont morts quand j'avais 15 ans.

- Je ne savais pas. Je... Je suis désolée.

- Je vis avec.

- À côté, mes histoires de famille doivent avoir l'air complètement insignifiantes.

- Non, elles ne le sont pas. La dernière fois que j'ai vu mon père, je me suis disputée avec lui. Résous tes problèmes avec eux avant que tu ne puisses plus le faire.

- J'aimerais juste qu'ils arrêtent de m'accuser de tout. J'ai vu ma sœur se suicider devant mes yeux quand j'avais 17 ans. Ils m'ont dit que c'était de ma faute. Et j'y ai cru. Pendant longtemps. Et je me suis engagée dans l'armée le jour de mes 18 ans. J'ai toujours eu envie de m'engager pour aider des gens mais ils m'en ont toujours découragé. Ils pensent que le principe de l'armée est débile. Peut-être que ça m'a encore plus encouragé.

La journée passe. Dans la soirée, alors qu'elle était prête à aller prendre sa garde à l'hôpital, quelqu'un toque à la porte. Son futur-ex-mari se présente, les enfants dans sa voiture derrière lui.

- Ils viennent de m'appeler, ils sont en sous-effectif, ils ont besoin de moi. Lance TC.

- Je ne peux pas les prendre, je dois aussi y aller. Dépose les chez la nourrice.

- Elle ne peut pas les prendre.

- Trouve une solution.

Ils se tournent vers moi.

- Tu peux juste les garder pour la nuit? Me demande Zoé.

J'accepte d'un signe de tête avant que la maman ne me donne tous les ordres et que le papa ne me laisse les affaires. Les deux enfants sortent de la voiture et court vers l'appartement. Les parents vont vers leurs voitures et partent en direction de l'hôpital. Ils mangent, se brossent les dents, se mettent en pyjama et vont au lit sans faire d'histoire.

- Camille, on arrive pas à dormir. Disent-ils en arrivant tous les deux alors que j'étais sur le canapé.

Ils se mettent chacun d'un côté et ils s'allongent sur moi. Je leur raconte une histoire et ils finissent par s'endormir. Je me réveille le lendemain matin et ils sont encore endormis. Je regarde l'heure et tente de me lever sans les réveiller. Sans grand succès. Ils se réveillent et viennent manger leurs petits-déjeuners. Quand nous sommes tous habillés et prêts à partir, je les installent dans ma voiture et conduis en direction de chez la nourrice. Je dépose les deux jumeaux et vois Louie qui y est déjà. Je m'en vais vers la caserne et vais me changer. Kelly me retrouve dans les vestiaires.

- Où est-ce que tu étais? M'interroge-t-il.

- Chez Zoé.

- Tu n'aurais pas pu me prévenir?

- Pourquoi je devrais te prévenir? Tu n'es pas mon père, Kelly.

- Peut-être que toi non, mais moi, je m'inquiète pour toi.

Je vais vers la salle commune me prendre une tasse de café en lui montrant mon agacement. Il va vers la table des secours à l'extérieur. Je regarde droit devant moi mais je sens les regards vers moi.

•••

Voili, voilou, petit chapitre. Pourquoi est-ce que l'été, il fait chaud? À bientôt!

L'amour du feuWhere stories live. Discover now