LX. Before anyone else

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Les trois enfants sont couchés. Quand je reviens dans la salle commune, Kelly m'assure qu'il ne veut pas aller à la fête devant plusieurs de ceux de la caserne. Je vois Cruz et Otis se murmurer quelque chose.

- Il t'avait dit que tu pouvais amener qui tu voulais? Nous on est disponibles. Dit Cruz en se désignant.

- Tu veux vraiment aller à la fête de ce débile? Lui demandais je.

- C'est les plus grosses fêtes du monde. Ce mec, c'est une star.

- Si ça t'amuses.. Cède le lieutenant.

Je reçois un appel. En décrochant, je tombe sur TC.

- Allô, Camille? Est-ce que tu as des nouvelles de Zoé? Elle est partie de l'hôpital et ne répond pas au téléphone.

- Elle ne m'a rien dit. Pourquoi est-ce que tu la cherches?

- Parce que c'est ma femme et que je ne sais pas si elle sait où sont les enfants. Ils devaient être chez leur nourrice mais elle avait un empêchement.

- Ne t'inquiète pas, ils sont à la caserne. Je suis sûre qu'elle finira par arriver.

Je retourne à l'intérieur. J'attends Zoé toute la nuit mais elle n'arrive pas. Je tente son téléphone mais tombe directement sur son répondeur. À la fin de notre garde, elle apparaît enfin. Sa lèvre est fendue mais elle reste tout sourire devant ses enfants. Je tente de l'interroger mais elle ne me répond pas. Pendant tous le mois qui suit, les gardes s'enchaînent et se ressemblent. À la fin du mois d'Août, la dernière garde du mois, l'unité des renseignements arrive et nous sommes tous réunis pour qu'ils nous parlent.

- Vous savez peut-être que plusieurs viols ont été commis sur des jeunes filles. Il s'agissait toujours du même mode opératoire. Nous avons le coupable mais aussi un problème. C'est le fils du gouverneur. L'affaire va être ultra-médiatisé, nous n'avons pas le droit à l'erreur. Nous avons décidé d'organiser une mission d'infiltration. Nous allons infiltrer l'université où il est scolarisé.

Ils continuent leur discours mais je n'écoute plus. Dès qu'ils nous libèrent, je bondis de ma chaise et vais vers la sortie. Ma cousine m'arrête à côté de la porte.

- Pourquoi? Pourquoi tu fais ça? Lui demandais je.

- Pourquoi je fais quoi? Mon métier?

- Pourquoi tu vas vers un violeur?

- Pourquoi est-ce que tu fonces dans des immeubles en feu?

- Mais putain! Tu fais exprès de ne pas comprendre? Cette mission d'infiltration ça va te détruire!

- Tu as une autre solution?

- Que j'y ailles à ta place!

- Dis moi pourquoi!

- Ça va te briser.

- Pourquoi pas toi?

- Parce que je suis déjà brisée. Il n'y a plus rien à réduire en morceau. Tu pourrais aussi y laisser ton couple.

- Le même argument peut se retourner contre toi. Tu pourrais perdre ton fiancé.

- Mais tu passes avant! J'en ai rien à foutre de Kelly si ça peut te sauver!

Elle regarde derrière mon épaule au même moment et j'entends des bruits de pas dans le sens opposé.

- Tu passera toujours avant lui. Avant n'importe qui d'autre. Toujours. Lâchais je avant de me retourner en criant. Kelly! Kelly, attends! Ce n'est pas se que je voulais dire!

- Alors qu'est-ce que tu voulais dire? Me demande-t-il en se tournant vers moi, des larmes plein les yeux.

- Je ne sais pas. Mais pas ça.

Il lève les yeux au ciel et part. Les policiers repartent et notre garde se finit dans une ambiance électrique. Une fois encore. Le lendemain, ma cousine m'appelle pour que je la rejoigne au district. Tout est organisé pour que je fasses la mission d'infiltration dès la semaine suivante à la place de ma cousine. La veille de la garde suivante et du début de ma mission, je range mes affaires pour qu'elles soient envoyées à mon appartement le temps de la mission. Kelly m'observe faire depuis l'encadrement de la porte avec le visage fermé. Quand j'ai fini, je me mets face à lui et passe mes bras autour de lui. J'enfouie mon visage dans son épaule et commence à pleurer silencieusement. Je sens son visage dans mes cheveux et ses bras se glisser dans mon dos. Nous nous détachons un petit peu sans complètement se lâcher et nous observons. Il avance doucement son visage du mien et pose ses lèvres sur les miennes. Nos larmes continuent à couler pendant que nous approfondissons notre baiser. Elles diminuent jusqu'à disparaître quand il me fais tomber sur le lit. Quand je dois partir, nous nous embrassons lentement.

- Comment est-ce que je peux être sûr que tu reviendra? Me demande-t-il soudain. Je ne veux pas te perdre toi aussi. Je ne peux pas te perdre.

- Tu ne me perdra pas, jamais, je te le jure. Et j'aime beaucoup ma vie ici. J'aime cette ville, j'aime mon travail, j'aime les gens qui vivent ici, je t'aime toi aussi. Je ne peux pas vivre sans tout ça. Je reviendrai.

Je lui passe ma chaîne ornée de ma bague et ma plaque autour du cou. Il la prend dans sa main et la sers jusqu'à ce que je ferme la porte. Ma cousine me conduit jusqu'à l'appartement. En face du Molly's, il ressemble à un appartement d'étudiant. Nous allons au bar pour fêter mon départ. Je ne peux pas m'empêcher de lâcher quelques larmes. À chaque fois que j'en essuies une, trois autres apparaissent. Zoé vient me faire un câlin, suivie de Kelly, Myriam, Gabby, Hermann, Casey, Otis, Cruz, Sylvie, Stella, Jay, Antonio, Erin, Mouch, Boden, Jimmy, Mouse, Voight, Ruzek, Burgess, Atwater, Roman, Rhodes, Maggie, Will... Ils s'éloignent tous les uns après les autres.

- Je ne sais pas si on te l'avais dit mais ça, c'est ta famille et ça le sera toujours, peu importe ce que tu fais, ils seront toujours là. Murmure Zoé.

Elle sors la vodka et les shots et en remplis beaucoup trop. Elle me propose, ou m'impose, de la défier. Ils parient tous contre moi.

- Aucun de vous n'a confiance en moi? Vraiment? Demandais je.

- Ce n'est pas une question de confiance. On a longtemps cru en toi. Mais on a longtemps perdu de l'argent. Répond Cruz. C'est une question de moyen.

Nous nous mettons à boire. Contre toute attente, après avoir compté et re-compté, pour la première fois contre ce médecin militaire totalement imbattable, j'avais un verre d'avance! Comme je suis la seule à avoir parié pour moi, je récolte les billets de tout le bar en leur tirant la langue. Et comme ils faisaient tous la gueule, je leur paie une tournée à tous et ça, bizarement, ça leur redonne le sourire. À la fin de la soirée, Zoé est une nouvelle fois incapable de marcher droit. Je tente de la rejoindre mais me rend vite compte que je ne suis pas beaucoup mieux. Je me réveille le lendemain sans ne rien me rappeler à partir de ce moment. Je suis perdue pendant quelques minutes. D'abord de ne pas voir le corps de Kelly. Puis de me rendre compte que je n'étais pas dans la pièce que je connais. Je panique. Puis je me rappelle de tout, de la mission. Je me rallonge, me prends la tête dans les mains et sens mon visage s'humidifier.

•••

L'amour du feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant