CXV. I am lost

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Quelques jours plus tard, Kelly se prépare en face de moi.

- C'est qui aujourd'hui? Demandé je.

- London.

- Tu es sûr? Mais à quoi elle joue?

- Pourquoi?

Je lui tends mon téléphone où elle m'a envoyé un message.

- C'est la même heure et le même endroit que pour moi.

Il sourit face à la grimace que je fais. Nous y allons quand même et London sourit dès qu'elle nous voit. 

- Vous ne savez passer votre temps qu'en parlant de l'autre. Donc, vous allez passer la soirée ensemble et moi, je vais aller avec Joe, peut-être que, lui, s'intéressera vraiment à moi. 

Elle s'en va et nous laisse. 

- On rentre? Demandé je.

- Maintenant qu'on est là...

Il me prend par la main et nous nous asseyons pour manger. Nous discutons en riant. 

- Qu'est-ce qui ne va pas chez nous? Demande-t-il. On s'adore mais on est incapable de rester ensembles plus de quelques semaines.

- Je ne pense pas vraiment que ce soit toi le problème. Je suis juste un peu perdue pour le moment. 

- Je ne te demande pas d'être prête à te marier avec 3 enfants et une maison dans deux jours, je voudrais juste pouvoir être avec toi, simplement, en sachant qu'on ne risque pas de se séparer un jour sur deux.

- Tu ne seras jamais sûr de quoi que ce soit de ce que je vais faire. Même moi, je ne sais pas ce que je ferai demain. 

- Pourquoi tu refuses toujours d'en parler? Ça t'aiderait. Pourquoi tu refuses toujours l'aide qu'on te propose? Si tu mettais ton ego de côté...

- Oh, Kelly Severide conseille aux gens de mettre leur ego de côté. 

- Camille, s'il te plaît...

- S'il te plaît, quoi? Il faut que j'obéisse à tout ce que tu me dis de faire? Je croyais que tu me connaissais un peu mieux que ça.

- Tu vois, tu recommences! Je ne peux plus supporter tout ça, ne jamais pouvoir tenir une conversation sans prendre de pincettes, que tu me fasses une crise à chaque fois que tu voies mon père...

- Ce n'est pas quand je vois ton père, c'est quand il se met à parler que je ne le supporte plus.

- Ce n'est pas de sa faute si tu es trop susceptible! 

- Je suis trop susceptible? Ce n'est pas plutôt qu'il est un sacré connard?

Il ne répond rien. Nous nous contentons de nous observer, un mélange de haine, de douleur et d'incompréhension dans nos regards. Je me lève et sors. Je sens mes larmes couler avant de sortir mon téléphone. Après deux ou trois sonneries, Mouse décroche son téléphone.

- Hey, tout va bien? Demande-t-il.

- Oui, oui. Je te dérange?

- Tu sais que j'entends quand tu pleures? Tu as besoin de quelque chose?

- D'un ami.

- Tu es où?

Quelques minutes plus tard, nous n'avons pas encore raccrochés quand il arrive devant moi. Il me serre dans ses bras en sentant que je suis mal.

- Est-ce que ça a un rapport avec la voiture de Kelly qui est garée juste derrière? Demande-t-il quand nous sommes installés dans sa voiture.

- Tu ne veux pas qu'on aille quelque part, j'ai besoin de parler. 

Il comprend immédiatement et conduit jusqu'à son appartement. À peine garé, il sort son téléphone et envoie un message. 

- À qui tu écris? Demandé je.

Sans réponse, je tente de regarder par dessus son épaule mais il tourne l'écran pour que je ne puisse pas le voir. Il le range et nous passons la nuit à discuter. 

- Depuis quelques jours, je n'arrête pas d'y penser. Il y avait ce gamin, je ne sais pas quel âge il avait. Il pouvait avoir 15, 20 ou 30 ans, je n'ai jamais su. C'était mon premier déploiement, j'avais juste 18 ans et je n'ai vu que ses yeux. Mais je m'en rappelle encore. Ils étaient beaux, ses yeux. De la couleur des tiens.

- Je me rappelle aussi d'un gamin, on l'avait aidé, il était blessé. On n'était pas censé l'aider. Mais avec Jay et Isi, on l'a soigné, on a volé de quoi l'aider dans la tente des médecins. 

- Tu souris en disant son nom. Parle moi d'elle. Où est-ce que ça en est entre vous deux? 

- Je ne veux pas parler d'elle. 

- Tu étais avec elle quand je t'ai appelé? 

Il ne répond pas par des mots mais par ses gestes. Un petit sourire s'affiche sur son visage et son regard se perd dans le vide. 

- Je devais la rejoindre. 

- Vas-y, tu as encore le temps. 

- Non, non, elle comprend. 

- C'est la première fois que vous vous revoyez?

- Non. La troisième.

- Et tu ne m'as rien dit?

- Je n'avais pas envie que toute la ville soit au courant.

- Comment ça c'était fini?

- C'est compliqué. 

- J'ai toute la nuit. Souris je. 

- On s'est séparé parce qu'on ne pouvait plus se parler. On revivait tous les deux encore et encore ce qu'on avait vu, tu sais ce que c'est. 

- Elle aura la même version si je l'appelle?

- C'est un interrogatoire? Et depuis quand tu as son numéro?

- Tu ne sais pas tout de moi... Souris je. 

- Ce n'est pas toute l'histoire. On a eu... deux enfants

- Qu'est-ce qu'il s'est passé? 

- Elles sont jumelles, deux filles. Lily et Hailey. Juste après leur 2 ans, on a appris que Hailey était malade. Isi a voulu se séparer, elle a tout fait pour garder les filles auprès d'elle, elle a parlé de mon stress post-traumatique, de tous mes problèmes mais je n'avais plus la force de répliquer. Elles vont bientôt avoir 10 ans, Hailey passe toujours la majorité de son temps à l'hôpital et elles ne me connaissent. Mes propres filles ne savent pas qui je suis, elles ne savent pas à quoi je ressemble, elles ne connaissent pas leur père.

Je le serre contre moi pendant que ses larmes coulent. Quand il est endormi, je prends son téléphone et copie le numéro d'Isi sur mon téléphone.

•••

Demain, retour en cours. Avec un bon 8h-17h30, un plaisir. Avec perm au milieu. 

L'amour du feuWhere stories live. Discover now