Chapitre 7

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Il me dit qu'il m'a fait à manger avant de partir définitivement et de me faire un clin d'œil au passage. Je descends à la cuisine et je vois un plat de pâtes au pesto avec beaucoup de parmesan. Ça a l'air délicieux. Je suis touchée par cette attention. Je réchauffe le plat désormais froid.

Je porte la première cuillère dans ma bouche et une explosion de sensations m'envahit. C'est juste délicieux. Je mange à pleine dent. Comme d'habitude après avoir fini, je débarrasse mon assiette et la lave avant de remonter dans ma chambre pour lire un bouquin. Absorbée par les péripéties de mon livre, je suis surprise par la porte qui s'ouvre dans un fracas. Je me lève par réflexe et me mets de l'autre côté de mon lit.

Stéphanie est sur le pas de ma porte, me fixant avec un regard noir.

- Il est où ? demande-t-elle.

- De qui tu parles ?

- Arrête de faire la conne parce que tu m'énerves sérieusement ! À ton avis idiote, je parle de Barthélémy !

- Pourquoi je le saurais ?

- Parce que la dernière fois qu'un homme est resté aussi longtemps ici, je vous ai retrouvé tous les deux dans ta chambre avec sa queue dans ta bouche ! Tu te rappelles ?

À ces mots, j'ai baissé la tête. De honte, mais surtout de tristesse. Certes, c'est vrai, mais ce n'est pas pour les bonnes raisons... Des souvenirs que je souhaite à tout prix oublier, ressurgissent. Ces souvenirs qui reviennent tous les soirs dans mes cauchemars et qui m'empêchent de dormir correctement. Quoique je lui dise, elle m'en veut.

Elle s'approche ensuite de moi et me tire les cheveux afin que ma tête se relève. Elle me prend violemment par la mâchoire pour que je la regarde dans les yeux. Je me répète dans ma tête de ne pas pleurer de peur bien que je sois effrayée. Je ferme les yeux, espérant que ce moment passe au plus vite. Je ne veux pas faire face à toute la haine qu'elle éprouve envers moi. Je veux continuer de croire qu'un jour, elle changera...

- Si je te vois encore faire quelque chose comme ça ou juste regarder Bart, crois-moi, je serai ton pire cauchemar. Tu n'as encore rien vu.

Je la crois... Malheureusement, elle est capable du pire et je le sais, j'en ai déjà fait les frais... Elle me fait tomber à terre et appuie le talon de sa chaussure contre ma gorge. Suffisamment pour m'empêcher de respirer convenablement.

- Tu as compris ?

Je n'arrive pas à répondre, je manque de souffle. Elle accentue son poids sur ma gorge dans l'attente d'une réponse. Je hoche la tête du mieux que je peux. Satisfaite, elle part en claquant la porte. Je reste une bonne dizaine de minutes au sol en toussant. J'essaye de retrouver une respiration normale en massant doucement ma gorge endolorie et je rampe du mieux que je peux jusqu'à mon lit. J'appuie mon dos contre le sommier et pose mes mains sur ma tête.

Dans ces moments-là, j'aimerais avoir un ami ou une amie chez qui me réfugier, mais je n'ai personne. Je n'ai jamais eu personne et je n'aurais sûrement jamais personne...

J'entends ma génitrice parler au téléphone avec quelqu'un. Elle râle un peu, mais raccroche en disant : je t'aime. J'en déduis que c'est Barthélémy. Ensuite, elle appelle quelqu'un d'autre et finit sa discussion par un « À tout à l'heure ». J'espère vraiment qu'elle va partir. Trente minutes plus tard, j'entends des talons descendre les escaliers puis la porte claquer. Je soupire de soulagement.

Ma gorge me fait toujours atrocement mal. J'espérais qu'en patientant ça passerait. Je me lève et je me regarde dans le miroir de la salle de bain. Je vois une marque rouge en plein milieu de ma gorge. Je descends prendre un glaçon et un torchon pour atténuer la douleur puis je retourne me coucher.

J'ai beaucoup de mal à m'endormir. Tous les soirs, je fais le même cauchemar, mais celui-ci paraît bien plus réel. Je me réveille en sursaut, il est en face de moi dans la pénombre, assis sur mon bureau. Quand il me voit éveillée, il me sourit. J'essaie de m'échapper, mais il me retient par la taille.

- Tu essaies encore de t'échapper ? Tu sais ce qu'il va se passer ? me menace-t-il.

- S'il te plaît, je suis désolée, je ne le referai plus ! répondé-je en pleurant.

Il me traîne dans la salle de bain. La baignoire est déjà bien remplie, mais l'eau continue de couler.

- Je t'avais prévenue pourtant... Tu connais la punition. Si tu désobéis, tu connais les conséquences.

- Je suis désolée, je ne recommencerai plus jamais. Je t'en supplie, ne fais pas ça !

J'essaie de me dégager, sans succès. Ma force d'enfant ne fait pas le poids face à la sienne. Je crie et je pleure. J'ai peur... Je ne veux pas que ça recommence, mais il me tient fermement.

- Non ! Pard...

Je n'ai pas le temps de continuer qu'il m'enfonce la tête dans l'eau. Je me réveille au même moment, transpirante. On me tient la main. Je tourne la tête et vois Barthélémy inquiet, mon souffle est fort et rapide.

- Calme-toi, ça va aller, me dit-il. Ce n'est qu'un cauchemar.

Je regarde partout pour m'assurer qu'il n'y a personne. J'en oublie même ma douleur au cou. Je me lève, vérifie, sous le lit et dans mon armoire, rien. Je ferme complètement les fenêtres et volets. Je vérifie le couloir et je ferme la porte de ma chambre à double tour. Je fais les cent pas en passant la main dans mes cheveux, les larmes aux yeux. Non, je ne pleurerai pas. C'était juste le choc des souvenirs passés. Un mauvais rêve. Juste un rêve, rien d'autre. Il n'est plus là, il est parti depuis un moment déjà. Il ne reviendra plus. Du moins c'est ce que j'essaie de me persuader. Je regarde Barthélémy sans vraiment le faire.

- Ça avait l'air tellement réel... J'ai eu si peur. J'ai eu tellement peur...

Je n'arrête pas de répéter que j'ai eu peur. Je regarde dans chaque coin de ma chambre pour m'assurer qu'il n'est pas dans les parages.

- Khlayne il n'y a personne ici, me dit-il en me serrant dans ses bras. Il n'y a que toi et moi.

Je le serre à mon tour très fort. Je m'en fous qu'on soit proche, j'ai juste besoin de réconfort.

- Tu trembles, viens t'allonger, ajoute-t-il.

Nous nous allongeons dans mon lit et il passe son bras autour de ma taille. Je suis extrêmement crispée au départ. Des images de Lui me reviennent : me touchant et me caressant. Je me redresse, paniquée. Je crois que je fais une crise d'angoisse.

- Je n'arrive pas à respirer, dis-je, le souffle saccadé.

- Suis ma respiration, Khlayne. Inspire. Expire.

Barthélémy me parle et continue de me rassurer. Les images s'effacent enfin et je me détends petit à petit. Ma respiration s'apaise de plus en plus jusqu'à ce qu'elle se calme. Je m'allonge de nouveau et je sens son torse chaud contre mon dos. Il me dépose un baiser à l'arrière de la tête et me demande si je vais bien. Je hoche la tête puis un silence s'installe. Je me rends compte que je suis en culotte dans mon lit avec un garçon... Je romps le contact de son corps contre le mien. Je me rappelle des paroles de ma mère.

- Tu ne devrais pas rester là... Tu imagines si ma mère nous voyait ? Elle me tuerait.

- Je te protégerai et de toute façon, elle ne rentrera pas avant demain soir, elle va directement au travail demain matin donc problème réglé.

Un autre silence s'installe. Personne n'ose parler, mais il se décide à le briser en me demandant :

- C'était quoi ton cauchemar ?

- Je ne m'en souviens plus.

- Je ne te crois pas...

- Ça m'est égal, dis-je sèchement.

Il insiste trop. Ma douleur au cou refait son apparition. J'essaie de faire comme si de rien était. Barthélémy reprend après un silence :

- Je ne pense pas que c'était un simple cauchemar, mais plutôt un traumatisme que tu as subi dans le passé et qui refait surface. Sinon, tu n'aurais pas réagi comme ça.

Why me ? Tome 1 (réécriture en cours)Where stories live. Discover now