Seule reste la poussière (OC X Nanami Kento, "Je")

Chapitre 3 Présentation

Ma situation s'était améliorée. Point 1 : je n'avais plus faim. Point 2 : la santé était bonne, mis à part la tête, alouette. Point 3 : euh.. j'avais fini le travail plus tôt ? Ou bien j'allais être logée gratuitement ? Non, je n'arrivais pas à trouver un autre avantage. Bref, nous attendions tranquillement que Yaga revienne apparemment. Je commençais à somnoler, même si la nuit n'était pas très avancée. Shoko s'était remise à fumer et regardait dans le vide. Le temps semblait s'étirer et ce calme était bienvenu. Il fallait que je réfléchisse posément à ce que je pouvais faire.

Bon, ces gens n'avaient pas l'air méchants, du moins, s'ils me voulaient du mal, ils y seraient allés plus franco. Je ne leur faisais pas confiance pour autant, mais ce kidnapping n'avait pas si mal tourné puisque j'avais eu une visite gratuite chez le médecin. Si ce qu'ils avaient dit était vrai, et qu'un fléau avait détruit l'espace où je me trouvais, j'étais surement bien plus en sécurité ici que là haut. Le fait que je fusse la seule personne au milieu de ça me laissait perplexe : qu'avais je bien pu faire qui m'aurait préservée ? Je ne me pensais pas assez chanceuse pour survivre à quoique ce soit qui détruise tout sur son passage. Ce mystère, et ma perte de mémoire associée à la migraine me perturbaient au plus haut point. Tellement, que je me rendis compte seulement maintenant que je n'avais ni mon téléphone, ni porte monnaie ou sac avec mes papiers. Soit ils étaient perdus là bas, soit ils avaient été détruits en même temps et j'étais dans la merde. Re-merde : je n'avais pas non plus les clés pour rentrer chez moi. Heureusement qu'ils me logeaient ici ! J'aurais eu l'air bien maline à glander devant ma porte sans pouvoir entrer. J'aurais fini chez les flics sans papiers ! Ni pouvoir expliquer ce qui m'arrivait ! L'horreur !!

Je frissonnais à nouveau de peur, une montagne de problèmes venaient de me tomber dessus. Ce n'était pas ma journée.

- J'aurais du rester couchée ce matin, soupirais je désespérément.

Shoko se tourna vers moi en m'entendant et me fit un petit rictus compatissant. Yaga entra au même moment.

- C'est bon, j'ai trouvé une chambre inoccupée. Les préparatifs étaient un peu longs, désolé.

- Parfait, Molly tu peux aller te reposer maintenant. Si tu te sens mal ou autre, n'hésite pas à repasser.

Shoko retourna s'asseoir à son bureau et se désintéressa de moi.

- Entendu. Merci encore pour le repas. Bonne soirée.

J'emboîtais le pas de Yaga et le suivis tandis qu'il me guidait entre les bâtiments du lycée. La lune s'était levée et éclairait assez pour que je distingue leurs masses sombres entre les arbres. Mes pas résonnaient sur le sol pavé tandis que nous nous dirigions vers une annexe éloignée du reste de l'école. Ils n'étaient peut-être pas si bienveillants. Mon cerveau partait déjà en mode film d'horreur avec dissection de moi vivante, insertion de cafards dans ma bouche et autres orifices, assez loin pour que personne ne m'entende crier. Devais-je demander pourquoi on me mettait là ? Je n'eus pas le temps, Yaga m'ouvrit la porte et me fit entrer. Il n'y avait qu'un couloir qui desservait plusieurs portes, entrouvertes sur des chambres vides.

- Ces dortoirs sont inutilisés car il n'y a pas assez d'étudiants exorcistes pour les remplir. Seul le grand dortoir accueille la dizaine d'élèves que nous formons.

- Que dix ! Pour l'espace que vous occupez ? Et dans Tokyo même ? Mais l'école doit être super riche pour se permettre ça ?

- Nous sommes surtout indispensables pour préserver Tokyo. Et plusieurs mécènes en permettent le bon fonctionnement. Il y a peu de gens qui ont les capacités pour voir les fléaux, encore moins sont ceux qui peuvent les exorciser. De plus, c'est vraiment dangereux comme activité, et le risque de mourir en mission est élevé, même pour des exorcistes expérimentés.

- Et vous avez tous des capacités similaires ? Ou des pouvoirs ? Gojo tout à l'heure évitait les gouttes de pluie et pouvait voler très vite. Vous aussi en êtes capable ?

- Non, Gojo Satoru est une exception. Il est le meilleur exorciste existant, et nous avons de la chance de le compter de notre côté, même s'il est très agaçant.

- Et qu'il ne se lave pas.

- Il vous a dit ça ? pfff...

Yaga secoua la tête de dépit.

- Il me fatigue.

Il me fit entrer dans une des chambres, après avoir allumé la lumière. Il n'y avait qu'un simple lit, recouvert d'une couverture verte. Un bureau poussiéreux devant la seule fenêtre, et une armoire vide à demi ouverte étaient les seuls éléments de mobilier. Un pyjama et des chaussons étaient posés sur le bureau, à côté d'une peluche d'ours. Yaga, debout dans l'encadrement de la porte me regardait prendre mes marques.

- J'ai laissé quelques affaires de toilettes dans la salle de bain partagée, au fond du couloir. J'enverrai quelqu'un déposer un peu de nourriture en fin de soirée, je suis désolé, je ne peux pas l'amener plus tôt.

- Ce n'est pas grave, Shoko m'a donné un peu à manger tout à l'heure, et je suis complètement claquée de toute manière. Je vais aller dormir. Merci pour les affaires et la chambre.

J'étais reconnaissante d'avoir un lieu où je pouvais me poser, seule. Je ne mentais pas sur ma fatigue, elle me plombait.

- S'il y a quoi que ce soit qui vous incommode, ou si vous avez une question, n'hésitez pas à passer. Je reste dans le bâtiment principal toute la nuit, il suffira de revenir là où nous étions. Mais, reposez vous autant que vous le pouvez de préférence, plutôt que parcourir de nuit l'école.

- Je n'en avais pas l'intention, rassurez-vous. Merci encore.

- Bonne nuit et à demain.

- Bonne nuit.

Je restais seule. Il était temps de prendre une douche, et je n'avais qu'une envie, dormir, afin de me réveiller le lendemain, en espérant que tout ceci ne soit qu'une immense farce, et que ma vie reprendrait son cours normalement. J'allais me laver, et malgré les robinets récalcitrants, réussis à prendre la plus longue douche chaude que je pus. La sieste dans la boue avait eu des conséquences sur mes cheveux et mes habits. Je les nettoyais autant que je pus avec le savon pour les mains, puisque mon appartement m'était inaccessible et que je n'avais pas d'affaires de rechange. Je me séchais en vitesse et m'habillais. Le pyjama gris moche me serrait un peu, je n'étais pas aussi fine que la moyenne, mais ça restait supportable. Je me couchais après avoir tiré le rideau et fermé la porte correctement. Le lit était froid et par conséquent, le temps de le réchauffer, je restais éveillée. Je voyais la peluche me surveiller du coin de l'œil. Flippant.

Récapitulons ce que je savais : je me souvenais m'être réveillée et préparée chez moi, être allée au travail et manger avec mes collègues à midi, puis avoir eu mal à la tête à un moment de l'après-midi. Ensuite, trou noir. Je ne me souvenais de rien entre la migraine et mon réveil sous la pluie. Puis tout s'était enchaîné. Des exorcistes ... n'importe quoi. Je ne l'aurais pas cru si je n'avais pas voyagé en AirCrado en travers d'une épaule pour finir dans un lycée. De nuit.

Je repensais à mes papiers disparus, et me tournais et retournais dans mon lit. Nooon, je ne voulais pas refaire de l'administratif ! Mon téléphone aussi ! Il allait falloir que je m'en rachète un, et que je contacte mes proches pour les prévenir. Comment expliquer toute cette histoire ? Ils ne me laisseraient pas raconter la vérité, de toute manière personne ne me croirait. Génial. Je détestais mentir.

Je me pensais trop angoissée pour m'endormir mais c'est bien ce qui m'arriva. Le trop plein d'émotions de la journée finit par m'assommer d'un coup et je sombrais dans un sommeil agité.