Chapitre 82

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Je gérais. Oui... je gérais parfaitement leur départ, tout comme la peur de Nanami bien qu'il la cache,qui se ressentait dans l'atmosphère de notre appartement, et attisait la mienne en retour. Mais j'avais tout sous contrôle !Mes émotions étaient enterrées au fond de mon cœur, et j'avais un sourire apaisé pour chacun de ses réveils nocturnes. J'avais l'impression d'être éloignée de mes sensations, le laissant exprimer ce que je ne voulais plus affronter, c'est-à-dire ma mort prochaine. Kanoko n'avait pas refait signe de vie à l'intérieur, et je m'efforçais d'ignorer l'échéance en continuant de m'entraîner avec Gojo. La montagne où nous pratiquions n'était plus en état, malgré mes quelques réparations car je me sentais mal de détruire autant la nature, mais j'apprenais énormément grâce à lui. Je découvrais mon pouvoir et son incroyable plasticité, qui me permettait de faire pratiquement tout ce que je voulais dans les limites de mon énergie bien sûr. Je comprenais enfin comment l'utiliser et dépenser intelligemment celle-ci en changeant de méthode. J'abandonnais ainsi les boucliers d'air pour les transformer en de simples manipulations de la matière autour de moi : plutôt que saisir les molécules et les contrôler dans leur entièreté, je me contentais de jouer sur leurs paramètres physiques : pression, température, attraction, énergie, etc... Et constituais ainsi une protection bien plus efficace et moins énergivore. Cette nouvelle manière de faire me permettait aussi de manipuler n'importe quel environnement, et de m'adapter facilement à celui-ci. J'avais donc bien progressé, quand bien même je m'étais concentrée à apprendre uniquement des techniques défensives. Gojo était difficile à tuer et même en me creusant la tête, je n'arrivais plus à percer sa barrière, l'énergie nécessaire pour traverser l'Infini qu'il créait étant bien trop supérieure à celle que je pouvais fournir. Je réfléchissais constamment à de nouveaux moyens de le piéger, mais le bougre était vif et un véritable génie du mal, ce qui rendait cette tâche impossible. Ça restait amusant d'essayer cependant. Frustrant mais amusant. 

Ma vie suivit son cours, et la panique ressentie auparavant qui m'indiquait que j'allais mourir dans les deux prochaines semaines reflua, faute de percevoir la présence de Kanoko. Ce qui ne m'enchantait pas tant que ça, puisque je me retrouvais avec une deadline (le terme était parfaitement adapté) floue. Nanami et moi profitions alors de ce temps en suspens pour faire des sorties en amoureux, et créer des souvenirs autant que possible, même s'il en souffrirait en se les remémorant une fois que je serais morte. Nous passions nos nuits à faire l'amour et à dormir nus l'un contre l'autre, essayant de fusionner ensemble pour ne faire qu'un. Je n'avais jamais connu une telle intimité, et c'était merveilleux de vivre enfin pleinement notre amour. Je découvrais ses petites habitudes, les cicatrices discrètes parsemées sur son corps, les quelques cheveux blancs cachés dans sa crinière blonde et la planque de son whisky préféré dans sa bibliothèque. Nous passions des heures à discuter de tout et de rien, les yeux dans les yeux, à simplement apprécier la compagnie de l'autre et à s'oublier hors du monde et des exigences impossibles de celui-ci. J'aurais tellement aimé que ces moments soient éternels, et peut-être même fonder une famille avec lui.

Mais l'épée de Damoclès invisible au dessus de ma tête oscillait bien trop souvent, frôlant mes cheveux de sa menace imminente : Gojo débarqua quelques jours plus tard, l'air bien embêté.

- Yo, Molly.. on a un petit problème il semblerait..

Je me contentais de hausser un sourcil en réponse.

- Il va falloir qu'on change de coin pour les entraînements, il semblerait que notre site soit étroitement surveillé désormais. Je ne sais pas qui a moufté mais on va devoir faire profil bas un moment. 

- Moufté ? Tu penses pas plutôt que les explosions à répétitions et tout le boucan qu'on a fait ces dernières semaines en sont la cause ?? 

- Oui, bon, il y a de ça, je te l'accorde.. . Cependant j'ai toujours pris soin de placer une barrière protectrice et une deuxième qui perturbait la lecture de ton énergie maudite pour les curieux, histoire que personne ne sache qui était la maboule qui explosait les montagnes à la bombe H faite maison !

Seule reste la poussière (OC X Nanami Kento, "Je")Where stories live. Discover now