Chapitre 80 🔞

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Mon dos était trempé de sueur lorsque je me réveillais en sursaut au milieu de la nuit. Incapable de me rendormir, le sang battant dans mes tempes aussi fort qu'un orage, je finis par me lever du lit, écartant Nanami délicatement pour aller boire un peu d'eau. Il était trois heures du matin, et la nuit sans lune dans l'appartement froid me fit frissonner. Mes pieds nus glissaient silencieusement sur le parquet, et j'essayais de me concentrer sur la sensation du froid piquant pour échapper à mes pensées incessantes.

Le verre bu, je me roulais en boule sur le canapé, observant les étoiles par la fenêtre malgré mes yeux bouffis par les larmes. J'avais pleuré toute la soirée, jusqu'à m'endormir d'épuisement, et je ne me sentais absolument pas soulagée. Au contraire, l'angoisse me tordait le ventre en un nœud si serré que je crû un instant vomir le verre d'eau, mais la nausée passa, heureusement.

Ma mère était à l'hôpital. Le même que celui où j'avais été admise après ma première mission. Kento m'avait promis qu'elle y était en sécurité, un exorciste surveillant sa chambre, et mon père y dormait. Il fallait simplement qu'elle se réveille, et j'étais crucifiée par cette attente. Les scènes du combat se rejouaient dans ma tête sans cesse, assorties de leurs "et si j'avais fait ça" qui me culpabilisaient à chaque fois, parce que je n'avais pas été capable de protéger ma maman.

Mes mains se crispèrent sur la chair de mes bras, les ongles s'enfonçant profondément dans la peau alors que je tentais de détourner l'attention de ma souffrance intérieure en me blessant volontairement.

Il fallait que je devienne forte. Impitoyable. Mortelle.

Je ne pouvais pas continuer ainsi, à pleurer et regretter de n'avoir rien pu faire, alors que mon pouvoir était si puissant. Je ne devais plus hésiter, ne plus avoir peur de mourir à cause de lui, et prendre en main mon destin car il m'était compté désormais. Je ne l'avais dit à personne, ne l'ayant remarqué que bien après que ma mère ait été emmenée, mais quelque chose avait bougé au fond de ma conscience. Une présence que je n'avais jamais ressentie auparavant, comme une ombre dans mon esprit.

Kanoko s'était réveillée, et attendait de pouvoir prendre le contrôle de mon corps.

Mes ongles entaillèrent ma peau, le sang coulant le long de mes avant-bras, me détournant un instant de mes pensées, avant qu'elles spiralent à nouveau et m'embarquent avec elles dans une crise d'angoisse interminable. Le point positif étant que je n'avais plus de larmes, je me contentais donc de trembler sur le canapé en ayant l'impression que j'allais mourir, et que je le méritais.

Bon, ce n'était pas pour tout de suite que j'allais devenir une guerrière sans peur ni pitié..il allait falloir que j'apprenne à ne plus paniquer et à gérer mes putains d'émotions avant tout. Je n'avais plus le temps de tergiverser, car je ne savais pas combien de jours il me restait avant que mon âme ne disparaisse. Aella me l'avait dit, son réveil était inéluctable, et je voulais régler certaines choses avant de mourir : la première étant de retrouver Jin et de lui faire payer ma tentative d'assassinat. Malédiction ou non, il m'avait tirée dessus et je n'allais pas laisser passer ça. Je ressortis l'amulette obtenue lors de mon douloureux exorcisme, la manipulai précautionneusement car cassée en deux, et réfléchis-y longtemps sans trouver de plan.

Je devais aussi trouver une technique imparable avec mon pouvoir : trop souvent ma faible quantité d'énergie maudite m'avait trahie et empêchée d'éliminer mes ennemis en un coup, me forçant au corps-à-corps, ce que je ne maitrisais pas, d'ailleurs que je maitriserai jamais.. je devais arrêter de me voiler la face, ce n'était pas pour moi. Je me battais en réfléchissant, analysant mon environnement et m'adaptant en conséquence. C'était ma force et ma faiblesse, et ne pas avoir assez d'énergie ne devenait plus un inconvénient si je développais plusieurs techniques de défense et d'attaque adaptées à des ennemis m'étant infiniment supérieurs, que ce soit physiquement ou énergétiquement.

Seule reste la poussière (OC X Nanami Kento, "Je")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant