Chapitre 4

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J'étais à mon bureau en train de rédiger un rapport statistique sur les derniers résultats obtenus, quand un lion entra par la fenêtre. Je m'avançais pour le caresser, quand je devins le lion, puis une chèvre, et quelqu'un apparu pour me traire et faire du fromage avec mon lait. Finalement, je me retrouvais à galoper, puis courir, j'étais redevenue humaine, dans une forêt d'arbres squelettiques, composée de branches en os qui craquaient sous mes pieds. Les tongs en forme de truite que je portais m'empêchaient de courir efficacement et je tombais dans une crevasse. La chute me semblait interminable, quand l'impression de rêver surgit : je ne faisais pas de rêves lucides, mais à ce moment, c'est la seule explication qui me vint en tête. Mon rêve se replia à l'intérieur de moi même, et je vis mon corps, de plus en plus précisément, comme si mon œil était un microscope. J'observais les tendons, mes os, mes muscles et mes organes, du point de vue le plus large jusqu'à arriver à distinguer les cellules. Puis les éléments dans les cellules, mon propre ADN, jusqu'aux nucléotides le composants, aux molécules puis aux atomes et électrons se baladant autour. J'arrivais jusqu'aux éléments composites des atomes, que je ne pouvais pas nommer mais je sentais les différentes énergies qui liaient ces parties entre elles. L'impression d'être les plus petits éléments possibles, voire de comprendre le fonctionnement de l'infiniment petit fut fugace, mais laissa une trace indélébile dans mon esprit.

J'émergeais complètement perdue, à moitié réveillée et en ayant chaud puis froid d'un coup. Ma couverture avait disparu, ainsi que la peluche. Je ne savais pas quelle heure il était, ni combien de temps j'avais dormi. J'étais perturbée à cause du rêve, et me levais pour aller aux toilettes et voler une couverture ailleurs. Je ne retrouvais pas la mienne, malgré la petitesse de la chambre. La lumière de la lune n'avait pas énormément bougé dans le couloir, j'en conclus donc que je n'avais pas dormi plus d'une heure ou deux. Il devait être presque minuit. Je tirais la couette de la chambre du fond, proche des toilettes et je revins tranquillement dans le couloir, de nuit, afin de pouvoir me rendormir plus facilement que si j'avais allumé toutes les lumières. J'allais entrer dans ma chambre quand je distinguais une large silhouette à l'intérieur, qui se tenait debout et semblait chercher quelque chose. Je n'eus pas la présence d'esprit de m'enfuir, je hurlais simplement à la place. J'avais trop la tête dans le cul pour courir de toute manière. La personne sursauta et se retourna aussi sec. Je remarquais alors qu'elle tenait une boîte et un espèce de truc enroulé dans du papier toilette sale dans l'autre main. Avant que je ne puisse m'enfuir, elle alluma la lumière et je me retrouvais à cligner des yeux, aveuglée.

- Je suppose que vous êtes l'invitée ? Yaga m'a demandé de passer déposer de quoi manger, et de vérifier que tout allait bien. Je me suis inquiété, en ne voyant personne.

La vue recouvrée, je pus détailler mon visiteur : c'était un homme harassé, en costume blanc et à la cravate moche, blond et assez grand. Il semblait fatigué de vivre et de n'avoir qu'une envie, celle de rentrer enfin chez lui dormir. Vu les cernes qu'il se trainait, il méritait bien des vacances. Et un anticernes efficace, pour lui redonner apparence humaine.

- Oh, oui, désolé ! J'étais partie chercher une autre couverture, la mienne a disparu.

Un frisson me glaça : elle n'avait pas pu disparaître seule ? Quelqu'un avait du entrer dans ma chambre ? La peluche aussi n'était plus là ? Encore des problèmes ... .

- Que se passe t il ? Vous avez l'air d'avoir vu un fantôme.

L'homme semblait inquiet.

- Comment la couette et la peluche ont elles pu se volatiliser pendant que je dormais ? Ca veut dire que quelqu'un est entré les voler, non ?

Je m'étais mise à trembler, de peur et de froid parce que le pyjama n'était pas hyper chaud. Je n'avais plus du tout envie de dormir maintenant.

- Je vais vérifier toutes autres chambres. Restez là si vous voulez en attendant. Ah et tenez, prenez ça.

Et il me tendit une boîte pleine de biscuits et petits pains fourrés, ainsi que des boissons. Je pris une bouteille d'eau et le suivit, il était hors de question de rester seule. La vérification se fit rapidement, il n'y avait personne. L'homme se retourna vers moi :

- Je ne détecte rien, il ne s'est rien passé d'inhabituel pendant que vous dormiez ?

- Non, à part mon rêve étrange, mais je suis habituée à ce qu'ils n'aient ni queue ni tête, donc... RAS .

- Vous ne savez pas si la peluche est tombée ailleurs ?

Il réfléchit un instnat.

- Je n'aime pas ça. Il vaudrait peut être mieux pour vous revenir dans le bâtiment principal, où l'on pourra vous protéger. J'ai entendu ce qu'il vous était arrivé dans les grandes lignes, et autant d'évènements étranges dans une journée me paraissent suspects. Il vaut mieux vous surveiller de plus près et s'assurer que vous ne risquez rien.

- Je suis arrivée à la même conclusion ! répondis-je, je n'ai plus envie de dormir maintenant !

- Bon, emmitouflez vous dans la couverture, et suivez moi.

Le temps de remettre des chaussures et d'emmener la nourriture, et je le suivis dehors.

- Et comment vous appelez vous ? Je demandais poliment, embêtée de le déranger. Il ouvrait la marche, son large dos à peine éclairé par la lune.

- Nanami Kento, exorciste et ancien étudiant de cette école. Et vous ?

- Molly Warcemmna. Je suis biologiste à l'entreprise B*****.

- Oh, biologiste ? C'est rare de croiser ici des gens de votre branche. Vous aimez votre métier ?

- Oui, assez, même si comme partout, il y a des avantages et des inconvénients. Et vous, l'exorcisme, ça vous réussit ?

Nanami se retourna vers moi pour me répondre avec une franchise brute :

- Non, je déteste ça. Mais je détestais encore plus mon ancien job, donc, on va dire que ce n'est pas si mal en comparaison.

Nous étions arrivés avant que je puisse lui demander ce qu'il avait fait d'autre. Il me conduisit à dans une pièce commune, avec canapé et petite cuisine, ainsi qu'une large table. Un ordinateur et une télé étaient dans un coin de la pièce. Il me fallait contacter mes collègues et mes proches. Et vérifier mes mails. Et plein d'autres choses encore. Nanami se dirigea vers la cuisine pour faire du thé, et me servit une tasse avant de partir.

- Je vais prévenir Yaga, reposez vous ici le temps qu'on avise quoi faire.

- D'accord. Merci pour le thé.

Et il s'en alla, me laissant seule sur le canapé. J'eu le temps de finir mon thé, en grignotant un paquet de biscuits car petit creux nocturne, et la chaleur de la couverture aidant, je m'endormis profondément. Sans me réveiller cette fois ci, ni rêver. Mais pas sans baver un peu.

Seule reste la poussière (OC X Nanami Kento, "Je")Where stories live. Discover now