Chapitre 24 Entraînement

70 6 0
                                    

Au bout de trois semaines de repos complet, je pus enfin me déplacer hors de l'infirmerie. Mon ventre cicatrisait bien et ma peau tiraillait moins, même si la zone restait particulièrement fragile. Shoko m'avait laissé plusieurs manuels de médecine à consulter le temps que je me rétablisse suffisamment pour l'assister. Je ne savais pas par où commencer, la somme d'informations à absorber était énorme et je commençais à regretter mon choix. J'allais devoir reprendre les études à ce rythme ! Je pressentais que sans une solide base théorique, je ne pouvais pas faire grand chose avec mon propre pouvoir. L'intuition seule ne fonctionnait pas et j'étais condamnée à travailler pour essayer de n'en maîtriser qu'un dixième. Et c'était beaucoup de travail.

Shoko m'avait officiellement prise sous son aile, en tant qu'apprentie assistante, rubrique soins et bobos. Soigner les gens n'avait rien d'une vocation pour moi, et j'étais déjà révulsée à l'idée de voir des blessures horribles, mais encore plus horrifiée à l'idée d'avoir la vie de personnes entre mes mains et de risquer à tout moment de les gâcher par une bêtise ou mon ignorance. J'allais devoir faire preuve d'énormément de sang froid, et mémoriser parfaitement la complexité du corps humain afin de le réparer. Tant de travail en perspective... . Ma formation avait débuté par des bases sur l'énergie maudite, que je n'avais pas très bien compris, pour ensuite enchaîner sur de la médecine basique. Shoko n'avait pas vraiment de formation, et utilisait surtout son expérience et son intuition pour soigner. Elle avait parfaitement raison quand elle me disait qu'elle ne pouvait pas m'expliquer sa technique, pour moi qui ne comprenais pas le fonctionnement de l'énergie maudite dite négative. Forcément, l'inversion de celle ci pour produire un effet contraire (positif), bien que logique en théorie ( car - fois - égal +), m'était complètement inaccessible dans la réalité (nulle en maths). Je passais donc mes journées auprès d'elle à l'infirmerie, à l'aider dans ses dissections de fléaux répugnants, et à l'observer soigner les quelques élèves qui rentraient blessés de missions. Je rencontrais ainsi la plupart des élèves du lycée, tout en restant discrète sur la raison de ma présence. Seul Panda, lui même en première, me connaissait et fut ravit de me revoir en pleine forme.

Heureusement, la plupart des gens qui venaient se faire soigner avaient des blessures superficielles qui ne nécessitaient pas un traitement lourd, et Shoko arrivait à se débrouiller seule. Malheureusement pour moi, ça voulait dire que je ne pouvais pas moi même pratiquer. J'apprenais le corps humain par morceaux, et utilisais le mien pour analyser en profondeur sa composition. Je passais ainsi des heures dans ma chambre le soir, lisant sur les différentes couches de peau, de muscles, d'os dans des livres de médecine, et j'enchainais ensuite sur la pratique. J'entrais dans une sorte de méditation en convoquant mon énergie et la concentrant dans la partie de mon corps à visualiser, et je l'observais comme si j'étais un microscope, du plus large au plus petit détail. Par exemple, je posais ma main sur mon bureau, et sentais l'ensemble des os et tendons la composant en analysant l'énergie maudite qui la parcourait. Ma démarche était de cataloguer tout mes muscles, os, organes, de comprendre comment ils fonctionnaient en les observant vivre dans mon propre corps, pour garder en mémoire leur "normalité" et pouvoir la rétablir si je venais à être blessée. J'avais besoin de savoir à quoi ressemblait un organe sain avant de savoir comment le réparer : sans référence à l'original, j'aurais fait des conneries. Le scan complet de mon corps fait, qui me pris plusieurs jours et un cahier de notes plein, je passais à l'étape moléculaire. Je savais déjà que mon pouvoir me permettait de manipuler les éléments à une échelle microscopique, mais je n'avais pas encore réessayé depuis mon dernier combat. J'ignorais si j'y arriverais sans la peur de mourir, qui m'avait permis d'activer à chaque fois cette capacité bien précise. J'arrivais à visualiser plus ou moins les molécules circulant dans mon sang, celles qui composaient les hormones ou mes cellules, et cette observation dura longtemps. J'avançais lentement, enregistrant un maximum d'informations après avoir vérifié auprès de Shoko leur véracité, sans pour autant chercher à modifier par mon pouvoir ces molécules. J'avais encore trop peur pour tester sur mon propre corps, au cas où mon pouvoir m'échappe et que je finisse par m'exploser la jambe par mégarde.

Seule reste la poussière (OC X Nanami Kento, "Je")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant