Chapitre 63

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Je considérais avec suspicion la bouteille de fond de teint périmée que m'avait donné Shoko. J'en déposais une noisette sur mon index avant de la renifler, puis d'en étaler parcimonieusement sur mon poignet pour observer une quelconque réaction allergique. Rien. Je continuais à trier les produits de beauté, avant de sélectionner tous ceux que j'utiliserai pour me maquiller moi et Nanami, avant d'aller au rendez-vous avec le vendeur d'armes. La visite expédiée du matin même nous permettait de nous lancer aussi à la recherche de mon ex, et il ne fallait pas perdre trop de temps. Cela faisait presque une semaine qu'il m'avait tué, et remonter ses traces allait devenir de plus en plus compliqué. J'avais bien cherché ses informations sur internet, essayant de trouver son contact et l'entreprise dans laquelle il travaillait mais impossible d'en savoir plus. Soit l'entreprise n'existait pas et il m'avait menti, soit ma mémoire était trop mauvaise et je m'étais trompée en cherchant. J'avais déjà eu du mal à retenir son nom, il n'était pas impossible que je ne retrouve pas les informations sur son travail simplement parce que je n'étais pas très maline et que je ne savais pas écrire correctement le nom de son entreprise. Et je n'étais pas aidée, puisque tous les documents et autres éléments qui auraient pu me guider jusqu'à lui étaient dans mon bureau, maintenant évaporé à cause de moi. J'avais détruit sans le vouloir tous les indices que j'avais sur lui. J'étais malgré tout intriguée par le peu de retours que j'avais eu en cherchant sur internet, il m'avait pourtant paru assez célèbre et respecté pour être connu dans son milieu : je m'attendais à voir son nom popper rapidement, mais rien. C'était vraiment pas de chance !

Nanami entra dans la pièce tandis que je réfléchissais, et déposa des affaires près de mon butin. Il était plus mutique que d'habitude, semblant se préparer mentalement à l'épreuve de l'après-midi. Je ne cachais pas mon stress, quant à moi. J'avais fanfaronné en lui disant que j'étais nécessaire, mais risquer de me faire à nouveau tirer dessus m'angoissait bien plus que je ne voulais l'avouer. Nous nous préparâmes en silence, nous grimant en mafieux. Nanami était bien plus convaincant que moi, sa carrure et son air renfrogné lui donnant une belle allure. Un vrai bandit ! J'étais plus petite, nageant dans le costume sombre qu'il m'avait passé. J'ombrais mes joues avec du crayon pour faire une fausse barbe légère, accentuant mes sourcils et les angles de mon visage afin de me masculiniser. J'empoissais mes cheveux avec suffisamment de gel pour encoller un mur et me construire une espèce de coiffure destructurée très stylisée, dans le genre "j'ai survécu à un typhon de niveau 6".

Kento m'observa avec intérêt alors que je sculptais mes cheveux, avant de me tendre un stylo noir.

- Tu me refais un tatouage comme la dernière fois ?

Je  lavais mes mains collantes avant de saisir son stylo et de me pencher sur son bras pour lui dessiner un magnifique serpent tout en arabesques. Je ne pouvais m'empêcher de sourire en repensant à ma première tentative d'alors, qui était plus ou moins la première fois où j'avais réalisé qu'il m'attirait. Je me reconcentrais sur mon travail, chassant les pensées parasites quand je le sentis me fixer, son visage penché vers le mien alors que j'enserrais son bras pour dessiner correctement dessus. Je tournais la tête pour le regarder, me demandant ce qu'il voulait : nos visages étaient à quelques centimètres l'un de l'autre, et je me retrouvais à loucher. J'émis un petit ricanement gêné, je ne m'attendais pas à le voir aussi près.

- Qu'est ce que tu fabriques ? 

Il murmura, son souffle me caressant la nuque.

- Je t'observe. 

Et allez, je rougis encore une fois.. Je ne m'y faisais pas, à toute cette attention qu'il me portait et au fait qu'il me fixait avec des yeux brûlants tandis que je traçais en tremblant les lignes sur son avant bras musclé. J'avais baissé les yeux pour ne pas me laisser distraire, mais je sentais le poids de son regard et mes oreilles chauffaient. Je repris le fil, admirant la douceur de sa peau sous mes doigts, et les veines saillantes en dessous, ce qui me rappelait quelque chose d'autre avec des veines et.. Ok, non, concentration, on n'avait pas le temps pour les bêtises, même si Nanami semblait intéressé. Une certaine tension sexuelle était réapparue, et je tâchais de l'ignorer au mieux, alors que tout mon corps se tendait dès qu'il bougeait. J'étais sur le qui vive, observant du coin de l'œil ses réactions, car il avait glissé ses doigts près de mon avant bras et caressait doucement ma propre peau. La pièce était silencieuse, à part le son de nos respirations trop proches. Je sentais le bout de ses doigts glisser le long de mon poignet, et mon pouls s'accélérer à leur contact. Je posais le stylo après un moment, jugeant le résultat un peu brouillon au vu de ma distraction tout le long de sa création. 

Seule reste la poussière (OC X Nanami Kento, "Je")Where stories live. Discover now